*Le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, a appelé hier lundi le Président congolais Joseph Kabila à« parachever » l’œuvre menée au cours de la décennie en assurant, pour la première fois dans l’histoire de son pays, « une transition démocratique et pacifique».
*« M. Kabila a réussi, avec l’aide de nombreux partenaires au cours de la dernière décennie, à sortir son pays d’une terrible guerre civile, à le réunifier et le stabiliser, même si des groupes armés continuent à sévir dans l’Est de la République démocratique du Congo. Aujourd’hui, il a la possibilité, au terme d’élections présidentielles », a-t-il affirmé, avant d’ajouter que le peuple congolais attend ce moment, la communauté internationale aussi
En ouvrant à Bruxelles les journées de contact diplomatiques qui rassemblent l’ensemble des chefs de poste, Didier Reynders, le chef de la diplomatie belge a été on ne peut plus clair en ce qui concerne la situation politique en République démocratique du Congo. Ce pays doit en principe organiser un dialogue politique national inclusif, qui aura pour nature de définir ce que sera le nouveau calendrier électoral. Ce grand rendez-vous permettra aussi de réfléchir sur plusieurs questions et non de moindres, notamment la problématique d’un fichier électoral à ce jour corrompu, le cas des nouveaux majeurs et du vote des Congolais de la diaspora, le financement des élections, l’insécurité dans quelques territoires congolais, etc.
C’est dans ce contexte que Didier Reynders, à en croire la dépêche publiée par le site internet de la Rtbf, a appelé hier lundi le Président congolais Joseph Kabila à « parachever » l’œuvre menée au cours de la décennie en assurant, pour la première fois dans l’histoire de son pays, « une transition démocratique et pacifique». Des messages qui s’ajoutent à d’autres qualifiés de « procès d’intention », d’autant plus que le Président de la République ne s’est jamais prononcé qu’il rempilait. Lui qui est présentement préoccupé à parachever son mandat et à répondre aux nombreuses préoccupations de la population congolaise.
De quelle transition s’agit-il ?
Avant de répondre à cette question, revenons à l’homme d’Etat belge qui a insisté pour que ces élections aient lieu « conformément à la Constitution et dans les délais impartis par celle-ci » en dépit des difficultés que représente l’organisation de ce scrutin dans un pays grand comme la RDC. « Toute autre perspective serait inquiétante. C’est pourquoi il est aujourd’hui urgent que les préparatifs des élections soient réellement lancés », a-t-il poursuivi.
C’est ici le moment de s’interroger sur le sens à donner au terme : « une transition démocratique et pacifique », qui peut aussi s’interpréter en jetant un coup d’œil à l’alinéa 2 de l’article 70 de la Constitution de la République qui stipule : « A la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu ». Ceci voudrait tout simplement dire qu’en attendant que les choses soient faites d’une manière professionnelle, l’actuel Président de la République restera au pouvoir jusqu’à ce que soit élu son successeur.
Sinon, les principaux défis du processus électoral qui exigent un consensus des acteurs et parties prenantes en présence sont connus de tout le monde, de l’Union africaine à l’ONU, en passant par l’OIF qui y a même conduit un audit du fichier électoral. Il s’agit donc d’un processus qui est prévu par la Constitution, laquelle prévoit 11 scrutins constitutionnels déclinés en mode direct et indirect.
Toutefois, il faut vite distinguer la prévision de la praticabilité du processus. Sinon, c’est facile de prévoir l’organisation des élections à telles échéances. Mais personne n’avait prévu que le fichier électoral aurait un problème majeur empêchant l’organisation des élections. Il était aussi difficile de prévoir que la nomination de nouveaux commissaires spéciaux obligerait à la République de refaire toutes les cartes d’électeurs.
Informé de toutes ces difficultés, le Secrétaire Général de l’ONU, à en croire son représentant en Rd Congo, devra voir le Conseil de sécurité des Nations Unies pour lui informer de ces détails-là sur la conduite des élections et en particulier la révision du fichier électoral. « Je crois ici pour ne pas parler long, il faut que chacun soit dans son rôle. C’est le rôle de la CENI de préparer les choses de façon claire, indépendante et inclusive. C’est le rôle des partenaires politiques que ça soit ceux de la Majorité ou ceux de l’Opposition de se mettre d’accord sur le reste. Il ne faut pas demander à la CENI de faire ce qu’elle ne peut pas faire », disait-il lors d’une séance de travail avec les responsables de la CENI.
De l’apport de la communauté internationale
Logiquement, au-delà de tout ce que le chef de la diplomatie belge a indiqué, tout devait être fait, afin de permettre à la Rd Congo qui a un problème réel de financement de ses élections, de bénéficier d’une ligne budgétaire capable de lui permettre d’être présent à ce grand rendez-vous historique. Car, en parcourant les archives, il s’avère que seul Washington avait annoncé une somme lors de la visite de John Kerry, Secrétaire d’Etat américain, en République démocratique du Congo.
Entre-temps, aucun autre Etat n’a manifesté sa volonté de contribuer à ces élections, se contentant, en ce qui concerne l’Union européenne, de conditionner tout appui à la publication d’un calendrier électoral consensuel. C’est la tâche à laquelle la CENI devrait se pencher, tout juste après la convocation du dialogue voulu par tous les Congolais, pour permettre au processus électoral d’atterrir en douceur.
L’Avenir