Henry Thomas Lokondo : « la communauté internationale n’est pas anonyme »
L’actualité politique en RDC est dominée par le communiqué de la communauté internationale relatif au dialogue politique, le dépôt des candidatures aux postes de gouverneurs et vice-gouverneurs de vingt et une nouvelles provinces, puis le communiqué signé par le Groupe dit G7, levant l’option de participer au dialogue national inclusif. De ce point de vue, Henry Thomas Lokondo Yoka, membre de la MP et député élu de Mbandaka, dans la province de l’Equateur, a clarifié l’opinion tant nationale qu’internationale sur l’actualité de l’heure. Dans un entretien à bâton rompu autour de la piscine de sa résidence, il a répondu à toutes les questions lui posées.
Plus de 8 mois se sont écoulés, depuis que le Chef de l’Etat Joseph Kabila a entamé les consultations politiques à travers toutes les couches sociales du pays. Des partis politiques de l’opposition en passant par ceux de la Majorité présidentielle puis la société civile et les confessions religieuses, l’option a été levée que les Congolais, comme il est de tradition, se mettent autour d’une table (l’arbre à palabre) pour discuter, réfléchir et trouver des voies de sortie aux problèmes qui assaillent la sphère politique de la RDC. Depuis, les voix sont discordantes quant à la participation et à la convocation dudit dialogue. A cela se dessine deux camps plus un troisième : l’un en faveur du dialogue convoqué par le Chef de l’Etat d’une part, et l’autre camp en faveur du dialogue mais convoqué par la communauté internationale et ensuite les antis dialogues. Depuis, c’est l’impasse qui s’installe dans le microcosme politique.
Toutefois, pour couper la poire en deux, la Communauté internationale dans un communiqué signé par les quatre partenaires traditionnels de la RDC, souligne l’importance cruciale que revêtent les scrutins, dont le déroulement dans les conditions requises de paix, de transparence, de régularité et à la bonne date, souligne le communiqué.
Depuis, les avis sont partagés. C’est dans cette optique que la Rédaction du Journal L’Avenir a approché un éminent diplomate, brillant parlementaire et plusieurs fois ministre puis ancien conseiller spécial du Président Joseph Kabila Kabange. S’agissant du communiqué des quatre partenaires traditionnels de la RDC, l’élu de Mbandaka souligne ce qui suit : « J’ai apprécié cette déclaration de la communauté internationale dans le processus de la consolidation de la démocratie dans notre pays qui doit se faire régulièrement par les dialogues continus. En son temps, l’ancien Premier ministre britannique Winston Churchill disait, après la deuxième guerre mondiale : « le dialogue est le nerf de la paix », a-t-il indiqué. Et de préciser qu’il n’y a donc pas fondamentalement débat sur cette vertu sociale.
L’UDPS prise en étau par la communauté internationale
S’appuyant sur la communauté internationale pour prendre part au dialogue, l’UDPS d’Etienne Tshisekedi vient d’être prise en étau par la même communauté qui l’invite sans ménage de participer au dialogue, particulièrement dans la perspective des prochaines élections en RDC. Parlant du facilitateur dudit dialogue, Henry Thomas Lokondo poursuit que ce communiqué l’a inspiré sur trois principales considérations, notamment qu’Edem Kodjo qui est clairement adoubé par la communauté internationale, aurait dû être formellement désigné comme facilitateur ou médiateur, ce qui n’est pas dit dans le texte. « Le rôle ou la mission qu’il doit jouer aurait dû être clairement défini. Et enfin, ce communiqué met fin à la principale condition de l’UDPS de voir la communauté internationale superviser le dialogue », précise-t-il.
A en croire Henry Thomas Lokondo, la communauté internationale n’est pas anonyme. Ainsi, sur le plan diplomatique, l’ONU qui était visée par l’UDPS, dont elle exigeait la présence, la communauté internationale dit à l’UDPS : « Vous vouliez de moi, me voici, mais je ne viens pas seule, je me fais accompagner d’autres membres du club international ». Nous sommes persuadé que l’UDPS comprendra le message.
Du revirement du G7 à l’élection des Gouverneurs
S’agissant du revirement du Groupe dit G7, anciens membres de la Majorité présidentielle à la suite de leur départ en raison du respect de la Constitution, Henry Thomas Lokondo constate, avec plaisir, que les anciens sociétaires de la MP aient évolué pour marquer leur participation au dialogue car, dit-il, il n’y a que des morts qui ne changent pas d’avis. « Pour le reste dans son communiqué, il s’agit de son cahier de charge qu’il viendra décliner », dit-il, faisant allusion aux enchères montés par ce groupe. Ceci dit, chaque partie au dialogue aura ses idées qui feront le paquet pour un débat de fond. Dès le départ, il ne cesse de clamer haut et fort qu’il ne faut pas avoir peur du cahier de charge des uns et des autres.
Quant à l’élection des Gouverneurs, il note qu’il faut savoir courageusement régulariser les choses. Lors du débat à l’Assemblée nationale sur la question orale avec débat, notamment sur la nomination des commissaires spéciaux, il avait dit non seulement que leur nomination était inopportune mais qu’on ne pouvait pas nommer des gens à des postes qui n’existent pas ou qui ne sont pas encore créés. Honnêteté intellectuelle oblige, ce principe élémentaire en droit administratif lui a valu la reconnaissance du Vice-Premier ministre Evariste Boshab qui lui avait donné raison lors de sa réponse à la question orale avec débat. Ceci dit, on ne peut pas avoir dans une République deux administrations du territoire. L’une gérée par des gouverneurs élus et contrôlés par des Assemblées provinciales qui fonctionnent, et l’autre par des commissaires spéciaux nommés, non contrôlés par les assemblées provinciales, elles-mêmes non fonctionnelles. « Il faut donc rentrer dans la normalité des choses même si, comme d’aucuns disent, le temps qui reste est court. Il y va de l’image du pays…Le problème de l’électorat des actuels candidats est la conséquence du démembrement des provinces tel que conçu dans la loi de programmation déterminant les modalités d’installation de nouvelles provinces qui prévoit la mise en place des nouvelles assemblées de ces nouvelles provinces », a-t-il souligné. Aussi conclut-il en disant, à tout prendre, mieux vaut une entorse séquentielle que la violation des textes.
(Pius Romain Rolland)