La RDC abrite plus de 60% des forêts denses du Bassin du Congo, deuxième massif forestier tropical de la planète après l’Amazonie.
La République démocratique du Congo figure parmi les bons élèves des pays protecteurs des forêts dans le monde entier. C’est en tout cas ce qu’a fait savoir la ministre française de l’Environnement, Ségolène Royal lors de son passage à Kinshasa.
La ministre française a promis de travailler pour aboutir à des compensations en faveur des pays qui protègent leurs forêts comme la République démocratique du Congo, qui observe un moratoire depuis 2002, soulignant que les pays qui font l’effort de protection des forêts doivent obtenir des compensations parce qu’ils donnent de l’oxygène et font respirer le monde.
Elle a dit avoir prévu l’étape de Kinshasa dans sa tournée africaine pour « être à l’écoute » des attentes des autorités congolaises, en sa qualité de présidente en exercice du sommet sur le climat de Paris (COP21).
Le ministre congolais du Tourisme qui accompagnait la ministre française a rappelé que la RDC avait lancé en 2002 un processus de conversion des titres forestiers en contrats de concession, destiné à faciliter une meilleure gestion des ressources. Ce processus s’est étendu sur une période de six ans, accompagnée d’un moratoire sur l’octroi de nouvelles exploitations, indique radio okapi.
Ségolène Royal a estimé pour sa part que l’efficacité de la lutte centre les changements climatiques dépendait « des règles de justice » imposées à ceux qui polluent le plus, en faveur de ceux qui consentent « plus d’efforts de protection » autrement dit, les pays pollueurs devraient payer le prix pour leur pollution tandis que les pays qui abritent les forêts, eux, n’émettent presque pas des gaz à effets de serre; d’où leur contribution à l’atténuation et l’adaptation sera différente.
D’après la présidente de la COP2I, la France veillera à ce que les financements soient bien équilibrés et que les compensations soient effectives. La RDC abrite plus de 60% des forêts denses du Bassin du Congo, deuxième massif forestier tropical de la planète après l’Amazonie, avec une biodiversité très riche, encore loin d’avoir été totalement répertoriée.
Selon le ministère congolais de l’Environnement, les forêts de la RDC représentent 145 millions d’hectares, dont 60 millions peuvent être exploités. En effet, la République Démocratique du Congo possède 145 millions d’hectares de forêts naturelles, avec un taux de couverture de près de 60% du territoire, soit 10 pour cent de l’ensemble des forêts tropicales du monde et environ 45 pour cent de celtes d’Afrique. Les formations forestières sont composées de: forêts de Cuvette, forêts denses de montagne, forêts denses tropophiles, forêts claires et galeries forestières, forêts de transition, savanes et des mangroves.
Une forêt inégalable
Ces forêts possèdent une immense diversité d’espèces végétales et biologiques, constituant ainsi un atout important pour le développement du pays. Ainsi, ces forêts abritent environ 480 espèces de mammifères, 1090 espèces d’oiseaux, 220 espèces de batraciens, 350 espèces de reptiles et plus de 10 000 espèces d’angiospermes dont environ 3000 seraient endémiques.
Cette riche flore a été recensée et se répartit dans environ onze écosystèmes forestiers. Elle est intégralement ou partiellement protégée et gérée dans un système d’aires protégées et autres unités de gestion composées de 8 parcs nationaux, 57 réserves et domaines de chasse, 3 réserves de biosphère, 117 réserves forestières de production, 3 jardins zoologiques et 3 jardins botaniques, selon l’organisation des nations unies pour l’agriculture (FAO).
Notre source renseigne que l’exploitation s’est progressivement concentrée sur les zones les plus accessibles (massifs du Mayombe et de la Cuvette centrale principalement localisés dans les provinces du Kongo Central et l’ex-province de Bandundu) et dans l’ex-Province Orientale. II faut noter qu’il y a une situation endémique d’exploitation forestière illégale dont les Nations Unies se sont émues comme pour les autres ressources naturelles du pays.
En plus du bois d’œuvre, les forêts contribuent à hauteur de 90% environ à la satisfaction des besoins énergétiques des populations, particulièrement de grands centres urbains tels que la ville de Kinshasa. La consommation en bois de chauffe a été estimée à environ 4 millions de m3 par an.
En ce qui concerne sa place dans l’Economie nationale et la génération de revenus, la contribution du secteur forestier dans le PNB et le PIB agricole a été estimée respectivement à 10% et 20%.
Les forêts sont menacées de dégradation non seulement par des coupes non contrôlées, mais surtout par la mise en culture itinérante pour la production vivrière qui convertirait annuellement une superficie estimée à environ 532 000 ha de forêts, entraînant, ainsi des pertes importantes en matière de biodiversité. Ce phénomène a été aggravé par les afflux massifs de réfugiés, lors des événements dramatiques du Rwanda en 1994 (plus de 2 500 000 réfugiés dans l’est et l’ouest du pays au Kasaï et au Kivu).
La mise en œuvre de mesures permettant la conservation de ces 532 000 hectares constitue une priorité à l’échelon de la planète tant pour le développement socioéconomique, la conservation de la diversité biologique que pour la régulation climatique (absorption des gaz à effet de serre).
Pathou Kinzala Kunka/L’Observateur