L’ancien Premier ministre togolais a fait savoir que le dialogue était fondé sur la constitution congolaise. Il a indiqué que les participants allaient débattre des moyens pour organiser des élections libres, crédibles et apaisées.
« Quelque soit la durée de la nuit, le soleil finit toujours par apparaitre », dit-on.
Et en République démocratique du Congo ce soleil vient d’apparaitre, marquant ainsi le démarrage effectif, depuis ce jeudi 01 septembre 2016, des travaux proprement dits du dialogue politique en République démocratique du Congo.
Et c’est la Cité de l’Union africaine qui abrite ces grandioses assises, lesquelles ont été convoquées depuis l’année passée par le chef de l’Etat pour permettre l’organisation d’élections transparentes, apaisées et crédibles, somme toute démocratiques.
Il sied de noter que les présentes assises vont réunir près de deux cents délégués aussi bien de l’opposition, de la majorité que de la société civile.
Alors que certains opposants dont Etienne Tshisekedi ont boycotté la rencontre, le facilitateur Edem Kodjo a souhaité que « la main tendue en direction des partis qui ne sont pas encore avec nous dans la salle soit attrapée pour que toute la famille se réunisse au grand complet ».
L’ancien Premier ministre togolais a fait savoir que le dialogue était fondé sur la constitution congolaise. Il a indiqué que les participants allaient débattre des moyens pour organiser des élections libres, crédibles et apaisées.
Avant le facilitateur, le commissaire de l’Union africaine (UA) pour la paix et la sécurité, Smail Chergui, et le chef de la Monusco, Maman Sidikou, ont notamment pris la parole.
M. Sidikou a notamment fait savoir que « le dialogue reste la seule voie pour sortir de l’impasse actuelle ». « L’alternative, c’est la violence », a-t-il prévenu.
Le chef de la Monusco s’est félicité de l’ouverture du dialogue qu’il a souhaité « le plus inclusif et crédible possible ».
« L’absence d’une partie de la classe politique met en exergue la nécessité de poursuivre nos efforts pour les amener à se joindre à ce processus en leur demandant de faire preuve de plus de flexibilité », a déclaré Maman Sidikou.
Smail Chergui a affirmé que l’UA a souhaité voir l’ensemble des sensibilités politiques congolaises prendre part au dialogue.
« Cela, je le déplore, n’a pas pu être le cas », a-t-il déclaré, invitant tous les acteurs à participer au dialogue « quand bien même ils estiment toutes les conditions préalables n’ont pas été remplies ».
Smail Chergui a félicité les autorités congolaises qui ont pris en compte « les appels de la communauté internationale en prenant des mesures dans le sens de la décrispation du climat politique avec la libération de quelques prisonniers politiques et la réouverture de certains médias ».
Le commissaire de l’UA a exhorté les autorités congolaises à intensifier ces mesures.
Certains partis de l’opposition refusent ce dialogue et exigent le respect de certains préalables notamment la libération de tous les prisonniers politiques ainsi que l’ouverture des médias de l’opposition qui ont été fermés.
Co-modérateur du dialogue: Voici la première mission de Vital Kamerhe
Co modérateur du Dialogue, Vital Kamerhe a demandé ce 1er septembre 2016 la suspension des travaux pendant un ou deux jours pour que lui et la CENCO aillent négocier avec le G7 et l’UDPS dans le but de les ramener autour de la table du dialogue. Il l’a dit à la tribune de la cité de l’OUA dans son discours à l’occasion de la cérémonie de lancement officiel du dialogue.
Edem Kodjo a répondu favorablement à cette demande du Président de l’UNC et a souhaité que l’après-midi de vendredi, la journée de samedi et celle de dimanche puissent être mis à profit pour tenter une dernière fois d’embarquer le Rassemblement au Dialogue.
Vital Kamerhe a remercié le pouvoir pour les mesures de décrispation. Il a demandé à rencontrer Joseph Kabila. « Je vais lui montrer le chemin le plus court à savoir la publication du calendrier électoral (…) Nous sommes là pour trouver un calendrier consensuel. Soyez certains que nous allons nous entendre », a-t-il dit.
« Le premier objectif est d’organiser les élections transparentes et apaisées. Ces élections devront déboucher sur une alternance démocratique. On a le choix : soit commencer par la guerre et dialoguer après soit l’inverse. Nous ne sommes pas là pour trahir, pas pour violer la constitution. Nous sommes là pour donner la chance à la paix et avoir les élections. A la première tergiversation qui risque de nous emmener à un enlisement, nous serons le premier à brandir l’article 64 de la constitution. Avant cela, il y a d’abord la résolution 2277 (…), » avait dit Kamerhe.
Ci-après l’intégralité de l’allocution d’Edem Kodjo.
Nous l’attendions cette rencontre, oui, nous l’attendions non comme le renouvellement rituel d’un acte routinier, mais en tant que prodrome, signe avant-coureur d’une ère nouvelle pour le Congo. Réunir ici cet impressionnant aréopage d’hommes et de femmes parmi les plus réputés et les plus chevronnés du pays, venus de tous les horizons politiques et de la Société civile, nous offre l’avantage incomparable de pouvoir toucher du doigt les enjeux de ce processus et les défis qu’il nous condamne à relever. Ce que nous voulions pour notre pays, c’est son droit à une vie honorable, à une dignité sans tâche, à une indépendance sans restriction.
Que pourrais-je dire d’autres ? Que mort ou vivant, ce n’est pas ma personne qui compte, c’est le Congo, c’est notre pauvre peuple dont on a transformé l’indépendance en une cage, d’où l’on nous regarde du dehors, tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir. Mais ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi-même que tôt ou tard mo peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs. Il se révélera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux et pour reprendre sa dignité, sous un soleil pur. Ce n’est pas moi qui parle, c’est Patrice Emery Lumumba.
Ce qu’il a laissé comme héritage à sa femme et ses enfants, cet héritage nous le reprenons, nous l’avons repris, nous l’assumons. Oui, nous avons accepté cette mission ici au Congo uniquement pour reprendre le flambeau notre illustre prédécesseur. Il s’agit de prouver au monde et aux autres nations que le Congo est en mesure de poser de nouvelles fondations.
Que le Congo aspire profondément à un meilleur devenir à tous les niveaux, politique, socioéconomiques, technologique et scientifique et que le faire bouger et l’émerger est un désir ardent inscrit au cœur de tous les Africains.
A cet occasion, il est de mon devoir de saluer le Président de la République, Son Excellence Monsieur Joseph Kabila Kabange et son gouvernement pour tous les efforts qui ont été faits jusqu’ici pour accompagner et soutenir cette tâche que nous entreprenons, en prenant des mesures qui ont contribué à détendre l’atmosphère et à permettre à des Congolais jusque-là détenus de retrouver depuis quelques jours, pour les uns et depuis plusieurs semaines pour d’autres, la chaleur du cocon familial. Nous lui sommes infiniment reconnaissants et lui demandons de poursuivre inlassablement ce qu’il a su bien commencer.
Je dois exprimer ici toute ma gratitude au Président angolais Edourdo do Santos, qui très tôt a cru en ce processus. Il nous a reçu et qui grâce à une connaissance fine de la situation, a partagé avec nous des détails précieux qui guident encore mon pas. J’exprime aussi toute ma gratitude au Président Fort Gnassingbe du Togo qui suit avec une attention particulière et au jour le jour, je le sais, ce que nous faisons et qui dès le départ nous a encouragé à aller aider nos frères congolais et qui nous apporte un soutien manifeste quoique discret.
C’est le lieu de saluer ici votre illustre voisin, le Président Sassou Nguesso pour le travail considérable accompli et qui a su, en accord avec les autorités congolaises, s’impliquer au bon moment en conviant tour à tour à Brazzaville les différentes composantes et sensibilités de la classe politique congolaise afin de créer les prémices d’une harmonie nécessaire à la tenue du dialogue. Je dois publiquement le remercier pour son soutien moral pendant les heures de doute car il y en a eus, en le ramenant et lorsque l’on a choisi de mettre dans sa vie l’Afrique au-dessus de tout surtout quand on l’ a servi aussi longtemps et à des postes éminents et convoités, il faut savoir aussi accepter sur le chemin des difficultés, des épines, qu’elles soient congolaises ou pas, parce qu’elles sont aussi au cœur même de ce baste amour pour les Afrique qui étreint tous les Panafricanistes malgré parfois les difficultés évidentes de la tâche.
Oui, ici seul l’amour de l’Afrique nous guide.
Avant de remettre quelques phrases dans leur contexte, je dirai moi aussi mes remerciements à mon ami et jeune frère Maman Sidikou, le représentant spécial des Nations unies en Rdc qui nous aide énormément et qui nous fournit le cadre dont on a besoin, le personnel qui nous est nécessaire et qui est lui-même d’un excellent conseil dans la définition de stratégies à mener et de l’action à conduire. Sidikou soit remercié, c’est ton grand-frère qui te le dit.
Pour remettre quelques phrases dans son contexte, permettez-moi de dire que je ne suis venu ici pour embrasser en particulier la cause de X ou de Y. Je ne suis pas venu ici pour me mettre à la disposition des causes partisanes. Je suis venu ici pour servir le Congo et pour servir l’Afrique.
Cela la raison pour laquelle très tôt de ma nomination, je me suis lancé sans retenu dans le travail qui est celui du facilitateur.
C’est dans cet esprit de dévouement, cet esprit de désintéressement total que j’ai décidé de rencontrer toutes les forces vives de cette nation, de manière à faire en sorte qu’on se retrouve ensemble autour d’une table pour construire l’avenir et bâtir le futur. Dès le mois de février 2016, j’ai commencé les activités ici. Et s’agissant des contacts que je devais avoir avec l’opposition, il faut bien en convenir à tous seigneur tout honneur, que je dois rendre hommage et le féliciter, de l’action de l’Udps qui a été la première formation de l’opposition à vouloir rencontrer le facilitateur.
Ce n’était pas alors le cas de tout le monde. J’ai donc « n mars poursuivi mes activités jusqu’à être terrassé par la maladie et c’est en pleine convalescence que j’ai eu à présider la réunion historique qui s’est tenue entre la Mouvance présidentielle conduite par Monsieur Néhémie Mwilanya, directeur de cabinet du Chef de l’Etat ici présent dans cette salle et la sensibilité de l’opposition l’Udps, à l’Hôtel Raphaël à Paris. Cette rencontre a permis d’entériner un document élaboré et signé par les deux parties, définissant de la façon la plus complète que possible, composition du dialogue, sa structuration, son fonctionnement. C’est ainsi que nous avons pu régler un certain nombre des questions relatives au Comité préparatoire, désigner les membres qui doivent en faire partie.
Je n’insisterai pas sur les détails, ce n’est pas nécessaire. Ce qui fait plus tard, devant les nouvelles exigences répétés concernant la nécessité d’un panel international. Après plusieurs concertations, nous avons agi promptement en mettant sur pied le groupe de soutien, sous l’égide de Monsieur Chergui ici présent aujourd’hui, composé de l’Organisation internationale de la Francophonie, l’Union européenne, Les Nations Unies, les Nations africaines, la Sadec et la CIRGL.
Ce comité de soutien s’est toujours tenu derrière le facilitateur et a accompli une action remarquable qu’il convient de souligner pour s’en féliciter.
Cependant établir une vérité historique, même s’il est nécessaire, n’empêche pas et n’empêchera jamais de continuer à déployer tous les efforts ouvertement ou dans la pleine discrétion, directement ou par personne interposée, pour que la main tendue, la pomme ouverte en direction des partis qui ne sont pas encore nous dans la salle soient attrapés, pour que toute la famille se réunisse au grand complet et que les irritations d’un moment, une fois digérées, puissent dans cette même salle fonder des amitiés durables et historiques. Cela aussi le Congo l’exige de nous.
Mesdames et Messieurs, nous sommes alors arrivés à la dernière étape, l’étape cruciale de notre entreprise et nous travaillons toujours d’arrache pied pour conduire ce processus à bon port. Depuis janvier quand nous avions été désigné par Madame Zouma, nous n’avons pas lésiné sur les efforts ? Nous avons fait de porte à porte à Kinshasa, effectué des multiples voyages entre Kinshasa, Addis Abeba, Luanda, Paris, Bruxelles, au moins trois fois bruxelles, sans oublier de nombreuses traversées du fleuve Congo.
Tout cela pour mener une diplomatie de contact direct qui a permis la rencontre des personnalités précieuses congolaise et non congolaises. Et qui pour cet amour de l’Afrique ont été présentes jour et nuit, soit pour anticiper les écueils, soit pour dessiner le contour d’une solution. Des portes nous ont été largement ouvertes, d’autres entrouvertes. Mais toutes ont contribué et ont permis d’arriver à cette étape ultime.
Je remercie tous ceux qui ont pu contribuer à cela et leur indique que le plus difficile reste à venir.
Qu’ils ne baissent donc pas les bras.
Aux membres du groupe de soutien ici présents, venus de tous les horizons, j’exprime toute ma gratitude une fois de plus.
Nous attendons donc la dernière étape du processus de lancement de ces travaux qui a été non seulement rendue possible par les conclusions du Comité préparatoire, qui s’est réuni à l’Hôtel Béatrice, du 23 au 27 août 2016 mais qui seront guidées par elle, conclusions consignées dans le document dénommé « Feuille de route », qui énonce les principes conducteurs et les structures du dialogue, propose des principaux sujets à l’ordre du jour, ce qui est fondamental, établir des droits et devoirs des participants.
Je dois saluer ici les membres du groupe de travail, ces pionniers qui, malgré les vents et bourrasses contraires et les incertitudes des uns et des autres, au début de processus, ont fait preuve de courage.
C’est aussi l’occasion d’adresser les vives remerciements aux membres du Comité préparatoire, pour l’intelligence, le sens du compromis et d’ouverture aux membres du corps diplomatiques dont certains n’ont pas seulement décollé de notre bureau et qui ont aussi par leurs suggestions et leurs actions, permis une conclusion intéressants des travaux du Comité d’ici peu de temps.
Mesdames et Messieurs au dialogue, conformément à la feuille de route, vous êtes 68 à représenter hommes et femmes la Majorité présidentielle et autant pour l’opposition politique. La société civile a 39 représentants, auxquels s’ajoutent 25 personnalités congolaises. Cet ensemble aura la redoutable tâche de porter sur ses épaules les préoccupations de l’heure de tous les Congolais et Congolaises, des 75 millions des Congolais et surtout y apporter des réponses.
Je n’ai pas de doute que vous mesurez les exigences de cette mission certes, exaltante mais délicate qui vous est confié.
C’est une opportunité qui vous est accordée mais aussi un défi qui vous est lancé. Je suis persuadé que vous serer à la hauteur de ce défi pour marquer l’histoire. Je tacherai pour ce qui me concerne modestement, en ma qualité de facilitateur, de faire ce qui est à mon possible, pour qu’il en soit ainsi.
Les bases de ce processus du dialogue sont claires. Et elles ont été rappelées par certains de mes prédécesseurs. Elles sont fondées sur la Constitution congolaise et la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations Unies. L’objectif ultime est de réfléchir d’échanger et de débattre en toute liberté et sans contrainte des voies et moyens d’organiser des élections crédibles, transparentes, apaisées et inclusives en Rdc, dans le respect de la Constitution et conformément aux autres textes et instruments juridiques et normatifs nationaux et internationaux.
La feuille de route a décliné les principaux sujets inscrits à l’ordre du jour de nos travaux et définit les structures du dialogue, tout en nous laissant la latitude de créer des structures ad hoc susceptibles de faire avancer les discussions. Les parties peuvent également tenir des consultations régulières, au fin d’harmoniser les points de vue….
Célestin Lutete/MMC