Le Conseil de sécurité des Nations unies a voté jeudi 26 mars 2016 à New York (Etats-Unis) la Résolution prorogeant le mandat de la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (Monusco) d’une année jusqu’en 2016 et retirant 2 000 hommes des effectifs actuels estimés à près de 20 000.
Le nombre d’effectifs réduits rencontre le souhait de l’opposition politique en RDC qui souhaitait de « ne pas retirer plus de 10% » des 20 000 hommes de la Monusco.
« Même si certains réclament la fin de cette mission, il ne faudra pas retirer plus de 10% (soit 2.000 hommes) du contingent actuel, mais ne se limiter qu’au personnel non essentiel », a déclaré à la presse à Kinshasa, la veille du vote (mercredi 25 mars 2015), le député national Samy Badibanga, président du groupe parlementaire UDPS et Alliés.
Il a jouté que, « conformément aux résolutions 2098 et 2147 du Conseil de sécurité, le rôle du Représentant du SG de l’ONU doit être maintenu et renforcé pour ce qui est de sa mission de bons offices afin de lui permettre de lancer des discussions sérieuses entre la majorité, l’opposition et la société civile en vue d’élections libres et transparentes avec la fixation d’un nouveau calendrier réaliste ».
Des effectifs annoncés en janvier dernier
Début janvier 2015, le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, recommandait déjà « une réduction de 10% des effectifs militaires de la Monusco sur le territoire congolais, soit de 20 000 hommes à 18 000 », dans un rapport au Conseil de sécurité dans la perspective du renouvellement du mandat de la Monusco.
«Il est recommandé de réduire les effectifs autorisés de la Monusco de 2 000 hommes », a-t-il expliqué, suggérant aussi de « rendre la force onusienne plus efficace dans l’accomplissement de son mandat », qui consiste notamment à « protéger les civils et appuyer les FARDC dans la traque des groupes armés ».
Il proposait par ailleurs de « rendre la force de la Monusco plus mobile et plus agile, capable de prévenir ou de répondre rapidement à des crises», notamment par la mise en place «d’unités rapidement déployables», mais également de «prolonger d’une année supplémentaire le déploiement de la Brigade d’intervention de la Monusco», forte de 3 000 hommes.
Dans son entendement, « il faut aussi que la Brigade soit rendue plus énergique et que les autres composantes de la Monusco jouent un rôle plus actif dans la protection des civils».
Tshibanda vante « le niveau de performance actuel des FARDC »
Dans son allocution devanty le Conseil de sécurité jeudi 19 mars 2015, le ministre Raymond Tshibanda a présenté l’évolution positive de la situation sur le terrain et les efforts du gouvernement congolais dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.
Il a souligné « à nouveau que le niveau de performance actuel des FARDC explique objectivement la volonté du gouvernement de négocier à la baisse et de manière progressive le nombre des troupes de la Monusco ».
« Nous savons que l’idée de réduction de ces troupes est partagée par notre organisation et que la discussion ne porte que sur son ampleur et sa vitesse. C’est notre conviction que, pour consolider ces acquis, nous avons, ONU et Gouvernement de la République démocratique du Congo, le devoir de continuer à travailler en équipe et, pour ce faire, à pérenniser l’esprit qui avait jusque-là caractériser ce partenariat et qui en a été un facteur déterminant d’efficacité », a-t-il déclaré.
Il a insisté sur l’« esprit de dialogue et de respect mutuel, conformément aux prescrits de la Charte, en ce compris le respect, en tout temps et en toute circonstance, de l’intangible souveraineté de la République démocratique du Congo ».
Pour ce qui est de la mise en œuvre de la résolution relative au désarmement forcé des rebelles rwandais des FDLR, Raymond Tshibanda a commencé par « regretter l’incident qui explique la non-participation directe de la MONUSCO à ce désarmement, alors même que ce travail figure parmi les tâches que notre organisation devait accomplir en République démocratique du Congo ».
« A ce sujet, je voudrais d’abord dire que cette situation n’est pas le fait de la République Démocratique du Congo qui n’a fait que prendre acte de la décision de la MONUSCO de suspendre son appui. Bien plus, les autorités congolaises n’avaient pas été informées avant leur nomination à leurs postes de ce que les officiers mis en cause étaient classés « rouges» par les services de la MONUSCO », a-t-il argué.
Il a, en outre, dit que la RDC « est partie prenante de tous les efforts des Nations Unies pour la promotion et le respect des droits humains ». Par conséquent, a-t-il soutenu, « la question ne se pose donc pas de ce point de vue ».
Les acquis
Parmi les acquis, le chef de la diplomatie congolaise a cité :
– un État qui fonctionne et dont l’autorité s’exerce effectivement sur la quasi-totalité du territoire national;
– des institutions légitimes et efficaces, comme en témoignent nos performances économiques: une croissance du PIB de 9,5% en 2014 et qui, de l’avis des institutions crédibles comme le FMI, pourrait atteindre 10,5% en 2015;
-un taux d’inflation proche de zéro; un taux de change de la monnaie nationale stable; des réserves internationales et des investissements directs étrangers en constante augmentation;
-la mise en œuvre de plusieurs réformes importantes, au point d’être classe l’un des dix pays les plus réformateurs au monde par la Banque mondiale;
– la réhabilitation ou la construction, en moins de cinq ans, de plus d’écoles, d’hôpitaux et de kilomètres de routes qu’au cours des cinquante précédentes années;
– une armée en pleine reconstruction, et dont la montée continue en puissance est incontestable, la défaite du M23, la neutralisation quasi-achevée des ADF/NALU et les opérations militaires en cours contre les FDLR en étant une des preuves irréfutables;
– l’instauration de la démocratie, avec l’organisation des premières élections réellement libres et démocratiques de notre histoire en 2006, l’organisation des élections législatives et présidentielles à terme échu en 2011, la mise en œuvre effective de la décentralisation et l’organisation programmée des élections locales, municipales, urbaines, provinciales, sénatoriales, législatives et présidentielle en 2015 et 2016.
« Au vu de cette énumération non exhaustive, tout observateur objectif se doit de reconnaitre qu’un travail énorme a été réalisé. La RDC estime cependant que le moment est venu pour elle d’assumer pleinement ses responsabilités quant à sa sécurité et à celle de ses populations. Elle plaide donc pour que le Conseil fasse droit à cette aspiration légitime qui est consubstantielle de la notion-même de souveraineté nationale », a encore plaidé Raymond Tshibanda.
Représentant la RDC, il conduit à New York une délégation composé du Coordonnateur du Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre, François Muamba, de l’ambassadeur de la RDC en France, Ileka Atoki, de l’ambassadeur de la RDC auprès de l’ONU, Ignace Gata, et le général Dénis Kalume, Expert de la présidence de la République .
Le Potentiel