53 députés issus en grande partie de la province du Nord-Kivu viennent de signer une motion de censure contre le ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants, Aimé Ngoy Mukena. Ils lui reprochent le manque d’implication du gouvernement dans le dossier sécuritaire qui prévaut dans leur entité politico administrative. Le Nord-Kivu, comme on le sait, est en proie à des nombreux massacres des civils perpétrés par des hommes dont on dit qu’ils seraient des rebelles ADF NALU. Depuis quelques semaines, le chiffre est effrayant. La situation est telle que le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur a dû faire le déplacement de Beni pour réconforter la population de ce coin qui se sent abandonnée.
Sur le même dossier, le gouverneur de cette province, Julien Paluku, s’est adressé dernièrement au Premier ministre pour l’inviter à remplacer la troïka économique de chaque lundi par la troïka sécuritaire où la problématique de la sécurité au Nord-Kivu serait débattue en long et en large.
C’est sur ces entrefaites que quelques députés de cette province ont pris la décision de signer une motion contre le patron de la défense nationale pour réclamer son départ du gouvernement. Selon les initiateurs qui ont dévoilé leur décision sur les antennes d’une station de radio locale, ce texte a la particularité d’avoir recueilli l’adhésion des élus et de l’opposition et de la majorité. Ils estiment qu’ils ont beaucoup de chances de réussir leur coup.
Cette énième motion de censure est la troisième dans l’espace de quelques jours après celles contre le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur et celui des Postes, Téléphones et Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (PT-NTIC).La première, on se souvient, a été étouffée dans l’œuf par la Majorité qui l’a rejetée d’un revers de la main. Evariste Boshab devait s’expliquer sur l’affaire de la fosse commune de Maluku. Les députés de cette plate forme ont, par une motion incidentielle, empêché le débat sur cette question. Pour eux, les enterrements querellés relèvent de la responsabilité du gouvernement provincial de Kinshasa et non du gouvernement central. La deuxième motion contre Thomas Luhaka, le vice premier ministre et ministre des PT-NTIC n’a même pas été présentée par le porte parole de ceux qui l’ont signée, ceux-ci ayant décidé de boycotter unilatéralement les séances plénières de la chambre basse.
Faut-il encore signaler que depuis le début de cette législature, aucun ministre, même si sa culpabilité était patente, n’a jamais été sanctionné. A ce propos, le cas le plus symptomatique est celui de l’ancien ministre de l’Economie mis en cause dans le dossier de détournement des équipements de la cimenterie de la province Orientale. Alors que d’aucuns s’attendaient à un vote de censure contre cet ex opposant, quelle n’a pas été la déception de Congolais après le rejet de cette motion par les députés sans doute grassement » motivés » par le ministre en question.
Pour quelle finalité ?
Dans le cas d’espèce, l’opinion ne cesse de s’interroger sur l’opportunité de la motion contre le ministre de la Défense nationale tant il est connu que cette question relève des stratégies gouvernementales. Après la réaction du gouverneur Paluku du Nord-Kivu sur la situation sécuritaire dans ce coin du pays, le porte parole du gouvernement a laissé clairement entendre que cette question faisait l’objet d’intenses réunions stratégiques au sommet de l’Etat. Les députés sont censés être informés de tout ce qui se passe dans le pays. Pourquoi alors, après les déclarations de Lambert Mende, les 53 députés ont-ils pris une telle décision visiblement légère ? Pour quelle finalité ? En tout cas ce n’est pas pour faire tomber Ngoy Mukena. Parce qu’ils savent très bien que leur initiative ne sera pas agréée par la majorité. Car, faire partir ce ministre dans les circonstances actuelles laisserait croire que c’est le gouvernement qui est incapable de sécuriser le Nord-Kivu, chose que le PPRD et ses alliés à l’Assemblée nationale ne sont pas du tout prêts à cautionner.
Qu’est-ce qui se passe alors derrière cette manœuvre ? Sans doute pour des raisons de positionnement. Les députés signataires de la motion, sentant la fin de la législature venir et à l’approche des élections, voudraient ainsi s’attirer la sympathie des électeurs. L’autre face cachée est celle qui a élu domicile dans l’hémicycle de Lingwala où les députés qui initient des interpellations contre les ministres vont ensuite » négocier » pour retirer leurs signatures moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. Une pratique dégueulasse ! Le peuple n’est plus dupe chers » déshonorés » Honorables pour comprendre toutes vos machinations.
Rombaut Ot