L’un des enseignements majeurs du verdict des législatives nationales, est que la future Chambre gardera les couleurs de sa devancière. Dans les travées de l’hémicycle, les députés estampillés FCC (Front commun pour le Congo) seront hyper majoritaires. Au bas mot 350 élus.
Pas donc besoin d’être particulièrement orfèvre en sciences politiques pour parier sur la cohabitation. Car, le pays se trouve dans un cas de figure où le président élu ne dispose pas de majorité à la chambre basse du parlement. Le nombre de députés UDPS, UNC et autres alliés étant largement inférieur à celui de la majorité.
Or, au terme de la Constitution; le président de la République nomme le Premier Ministre au sein de la Majorité parlementaire, en l’occurrence l’Assemblée nationale. A moins de dissoudre la Chambre basse du parlement, le chef de l’Etat n’a pas d’autres choix que de cohabiter avec la Majorité parlementaire, de laquelle sera issu le Gouvernement, tout en tenant compte des domaines de collaboration entre les deux pôles de l’Exécutif que sont le Président et le Premier ministre.
La cohabitation, une pratique bien connue de français
Les Congolais vont donc expérimenter une pratique que les Français connaissent bien. Pour rappel, le régime semi-présidentiel ou semi-parlementaire en cours en RDC est d’inspiration hexagonale. Dans l’histoire de la 5ème République française, la cohabitation s’est déjà invitée à trois reprises. D’abord entre 1986 et 1988. Le président socialiste d’alors François Mitterrand devait composer avec la Majorité libéralo-gaulliste, menée par Jacques Chirac. Celui-ci sera Premier Ministre.
Rebelote en 1993 où le même président François Mitterrand a dû partager le pouvoir avec la même coalition de droite. Cette fois-ci avec Edouard Balladur comme Premier ministre. Enfin en 1997, les élections législatives anticipées privent Jacques Chirac, élu président deux ans plus tôt, d’une majorité à l’Assemblée nationale. La gauche dite plurielle socialistes, radicaux et écologistes forment le Gouvernement sous la houlette de Lionel Jospin.
Le Tandem CACH-FCC invité à privilégier l’intérêt supérieur de la nation
Bien que comparaison ne soit pas raison, il y a tout de même matière à inspiration dans l’expérience française. La cohabitation requiert que les différents acteurs placent l’intérêt supérieur de la nation au-dessus de toute autre considération.
En ce qui concerne la RDC, cette cohabitation entre la famille Tshisekediste et son allié UNC d’une part, et d’autre part, le bloc Kabiliste pourrait ressembler au nécessaire compromis historique derrière lequel court le pays depuis des lustres. Il y a 30 ans, François Muamba, le même, théorisait sur le compromis quand il se demandait dans son livre culte comment le pays (Zaïre) pouvait sortir de l’impasse. Cet acteur politique préconisait déjà le compromis.
Par la suite, plusieurs tentatives de rapprochement des leaders politiques de premier plan sous Mobutu, sous Kabila père et fils, ont eu lieu, mais sans résultats escomptés.
Un compromis imposé par les urnes
Pour peu que l’on ait une certaine idée de la RDC et eu égard aux enjeux planétaires dont le pays de Lumumba est au centre, on ne peut qu’encourager ce compromis imposé par les urnes. Car, les enjeux liés aux ressources naturelles de la RDC (cobalt, coltan, forêt) commandent l’avènement d’une union sacrée entre Congolais.
De ce point de vue, si les uns et les autres mettent leurs égos à côté, en s’émancipant de la politique politicienne, la perspective de cohabitation entre le tandem CACH-FCC pourrait s’avérer un premier pas dans la bonne direction, à savoir, celle du rassemblement du pays autour de l’essentiel.
Forum des As
(BT/TH/GW/Yes)