En séjour en République démocratique du Congo depuis un certain temps, l’Envoyé spéciale du Royaume-Uni pour les Grands Lacs, Danae Dholakia, a tenu un point de presse le mardi 17 novembre dernier, dans lequel elle a donné l’essentiel de sa mission au pays de Joseph Kabila. Ce poste, comme on peut bien le constater, a été crée par le Premier ministre Britannique, parce qu’il voulait que la relation corresponde à leur investissement dans ce pays post-conflit. Bien avant ce point de presse, elle a été reçue par Aubin Minaku et Matata Ponyo, respectivement Président de l’Assemblée nationale et Premier ministre. A la Primature par exemple, elle a laissé entendre que chaque jour, son pays dépense 1 million des livres sterling ! Une raison, selon elle, qui justifie qu’elle s’intéresse beaucoup à l’avenir de la Rd Congo.
Au cours de ce face-à-face avec les médias, elle a indiqué que la constitution est claire que les élections présidentielles et législatives doivent se tenir en novembre 2016. Comme l’a dit le Conseil de sécurité des Nations unies le 9 novembre 2015, rappelle-t-elle, un processus électoral libre, juste, crédible, inclusif, transparent, pacifique et dans les délais contribuera à la stabilité et au développement à long terme de la RDC. « Je vais utiliser ma visite pour parler de la façon dont le Royaume-Uni peut soutenir cet objectif. Mais pour fournir tout type de soutien, nous avons tout d’abord besoin d’un calendrier électoral crédible, un budget réaliste et que le gouvernement débourse l’argent à la CENI afin qu’elle commence ses activités. La communauté internationale ne peut pas s’engager à soutenir les élections quand il n’y a pas de consensus clair », dit-elle.
Enfin, explique-t-elle, je vais profiter de ma visite pour encourager la RDC de continuer à jouer un rôle positif et influente dans le développement d’une région stable. En tant que pays ayant neuf voisins différents, et étant le centre de gravité politique naturelle pour l’Afrique centrale, la RDC doit continuer à jouer un rôle important dans la politique régionale. C’est une caractéristique principale d’une nation bienveillante et confiante pour aider ses voisins.
La réaction de Lambert Mende
Lambert Mende, ministre de la Communication et Médias et Porte-parole du Gouvernement, s’est posé la question de savoir : est-ce qu’on peut acheter un pays avec de l’argent ? Ceci, pour rétorquer à Danae qui croit que c’est parce que son pays débourse beaucoup d’argent, qu’il doit s’intéresser à la situation de la Rd Congo. Selon le ministre, il y a un dialogue inclusif qui sera convoqué et à l’occasion, les Congolais eux-mêmes décideront de ce qu’ils veulent faire. Et à l’occasion, ceux qui voudront aider la Rdc, se manifesteront.
C’est ici qu’il importe d’insister sur le fait que le Rwanda, pays voisin à la Rd Congo, à travers son Sénat, a adopté à l’unanimité une modification de la Constitution. Il s’agit d’un texte qui permet au président Kagamé de briguer un nouveau mandat en 2017 et de potentiellement rester au pouvoir jusqu’en 2034. Cette réforme est présentée par les autorités comme une initiative populaire, mais de nombreux observateurs y voient une manœuvre orchestrée par le pouvoir.
Interrogée par la presse de la Primature pour savoir pourquoi elle s’acharne seulement sur la Rd Congo, l’Envoyé spéciale n’a pas trouvé mieux que de dire que son insistance concerne aussi le Rwanda et la région toute entière. « Je travaille depuis un an pour que la situation ne se passe comme c’est le cas au Burundi. J’ai été extrêmement déçue de la décision du Président Nkurunziza d’avoir un 3ème mandat qui n’était pas dans l’esprit de Arusha et je suis aussi déçue que le Rwanda ait pris cette décision de changer la constitution pour un 3ème mandat », dit-elle, avant d’ajouter que changer la constitution au bénéfice de la personne qui est au pouvoir, c’est ne pas la démocratie.
Il sied de souligner que certaines observations de Mme Danae Dholakia trouveront solution avec l’organisation du dialogue. C’est ce rendez-vous qui permettra l’adoption par la CENI d’un calendrier électoral réaliste, d’autant plus que l’argent pour financer les élections n’est plus un problème. Sinon, lors de la présentation du budget pour l’exercice 2016, le Premier ministre Matata Ponyo avait indiqué, s’agissant du financement des élections, qu’il est prévu des ressources suffisantes dans le budget évaluées à 537,8 milliards de FC, soit 500 milliards sur ressources propres et 37,8 milliards sur ressources extérieures. Il va donc falloir que les bailleurs de fonds, à l’instar du Royaume-Uni, se mobilise, afin de doter la Centrale électorale des moyens conséquents pour l’organisation des élections attendues de tout le monde.
(JMNK)