Ce jour restera mémorable pour les Congolais à travers la trajectoire d’une histoire qui sera écrite par nous-mêmes. Le 4 janvier de chaque année, nous célébrons nos martyrs, nos héros sans couronne, les générations précédentes qui ont supporté tout le poids de la colonisation et ont permis, grâce à leurs efforts, à la RD Congo d’accéder à la souveraineté.
Ça reste donc, la célébration d’un événement où, lorsqu’il y a lieu, le sentiment de la victoire même inachevée et de la défaite se mêlaient où chacun comptait et compte encore ses morts, en oubliant parfois de s’émerveiller que de toutes ses morts devrait naître la prise de conscience de ce qu’un peuple ne peut se libérer qu’en faisant quelques sacrifices de plus.
A travers ces lignes, nous invitons les Congolais consciencieux à se consacrer désormais à la réflexion historique et philosophique sur l’avenir de la R D Congo notre patrimoine commun. Surtout sur ce que nous devons faire ou ne pas faire pour ainsi libérer, comme nos ainés en 1959, notre mère patrie la République Démocratique du Congo, « RDC, élokoyamakasi » du joug de l’occupation et ingérence étrangères qui ne dit plus son nom; sur ce que nous devons faire ou ne pas faire pour mettre fin au festin des occupants, ennemis du progrès du Congo.
La journée du 4 janvier compte parmi les jours fériés, chômés et payés en République démocratique du Congo. Par devoir de mémoire, comme indiqué supra, les Congolais se souviennent de ceux qui ont élevé cette date, les martyrs de l’indépendance tombés lors du soulèvement populaire déclencheur du processus de l’émancipation du pays.
En ce jour où le peuple congolais commémore la Journée des martyrs, les Congolais, dans leur ensemble, ont un grand devoir, celui de se rappeler la date du 4 janvier 1959. Au-delà du décor qui accompagne généralement la commémoration d’un tel événement et de la symbolique qui l’entoure, les Congolais ont tout intérêt à garder vivace cette journée des Martyrs de l’indépendance.
Les Congolais ont-ils oublié les martyrs de l’indépendance ? C’est la question que l’on doit se poser en cette journée dédiée aux martyrs de l’indépendance. Dans tous les cas, ce que l’on peut dire de cette commémoration est que la date du 4 janvier 1959 à toute sa place dans l’histoire passée et présente du Congo.
Pour plusieurs raisons, elle mérite, en effet, d’être considérée comme l’une des plus grandes dates de la lutte de décolonisation et de libération du peuple congolais du joug colonial. Cela étant, il n’y a vraiment pas de raison de ravaler cette date, ô combien mémorable, à une simple journée dont on se souviendrait à peine. Elle n’a donc rien d’une journée quelconque comme seraient tentés de le croire certains.
Comment ne pas rappeler pour l’histoire que cela fait cinquante-neuf ans, jour pour jour, que des Congolais furent tués par les balles des forces de l’ordre du pouvoir colonial pour une manifestation de l’Alliance des Bakongo, parti de Joseph Kasa-Vubu).
Le 4 janvier 1959, un meeting de l’ABAKO devrait avoir lieu à la place YMCA. Le patron de la ville de Kinshasa, Jean Tordeur, décommande in extremis la manifestation alors que les gens sont venus en masse. Kasa-Vubu fait une brève apparition sur les lieux juste le temps de s’adresser à ses militants.
La suite est connue : les forces de l’ordre tirent sur les manifestants. Une ville en ébullition. Des supporters de V.Club qui reviennent du stade Roi Baudouin déçus après la défaite de leur équipe face à Mikado s’y mêle. Cette jonction entraîne des révoltes populaires spontanées, appelées émeutes du 4 janvier 1959.
C’est l’embrasement. Les échauffourées vont faire plusieurs dizaines de morts. La suite : le colonisateur est obligé d’entendre la voix de la raison : accorder l’indépendance aux Congolais. Après moult péripéties, le Congo devient indépendant le 30 juin 1960. C’est, au fait, la précipitation des événements pour la marche du Congo à l’indépendance.
Cette période marque la fin des illusions, débutée en 1955, date du voyage du Roi Baudouin au Congo. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Où en est-on aujourd’hui, cinquante et trois ans après ? Qu’avons-nous fait de la date du 4 janvier? « Pas grand-chose », diront certains. « Quelque chose a quand même été fait », rétorqueront les autres. Pour ces derniers, en effet, le sang qui a coulé à cette date n’aura pas été vain.
Une chose à retenir : il n’y a pas eu que les martyrs de l’indépendance. Il y en a d’autres qui se sont ajoutés à la liste. Peut-être pas avec la même connotation, mais toujours est-il qu’ils sont très nombreux, en tout cas la majorité, les « martyrs » dont les droits humains sont constamment violés.
La préoccupation majeure qui reste d’actualité est que si nous ne prenons pas garde, le grand Kivu connaîtra le même sort que le Kosovo dans l’ex-Yougoslavie en ce net moment où la rébellion entretenue par certains pays voisins sous la couverture de la même communauté internationale, continue, de manière sournoise et avec la complicité de certains des nôtres. C’est pourquoi, nous ne pouvons plus nous contenter d’un discours de dénonciation.
MMC