APRES LA PROMULGATION DE LA LOI SUR LA REPARTITION DES SIEGES : CENI : LE PLUS DUR COMMENCE

* A exactement deux mois des élections locales et provinciales, on ne voit pas comment la Centrale électorale pourrait tenir son calendrier. 

Le président de la République, Joseph Kabila, a promulgué hier mardi 25 août, la loi portant répartition des sièges pour les élections municipales et locales. Ce faisant, le chef de l’Etat réaffirme sa volonté d’amener le peuple congolais aux élections, conformément au calendrier global rendu public par la CENI.

Sur papier, plus rien ne s’oppose à la tenue des élections telles que prévues par la CENI. Pour emprunter un langage cher au football, on dirait que la balle est désormais dans le camp de la Commission électorale nationale indépendante. Cependant, la question que les observateurs se posent est celle de savoir si en deux mois, la Centrale électorale peut se déployer sur terrain pour tenir le calendrier d’octobre. Cela tient d’une gageure. La promulgation de la loi balise, certes, la voie mais ne garantit pas la tenue de ces élections. La publication de la loi tombe, deux mois exactement avant la date des scrutins, c’est-à-dire le 25 octobre prochain. Car une chose est de promulguer la loi, une autre est d’assurer sa compatibilité avec les réalités du terrain. En l’occurrence il va falloir que les agents de la CENI descendent dans le pays profond en vue de dresser une cartographie électorale qui corresponde à la nouvelle loi. Une opération qui nécessite à la fois des moyens et le temps matériel.

Outre cette hypothèque, il y a aussi les opérations préélectorales proprement dites. A savoir dépôt des candidatures, convocation du corps électoral, vérification des candidatures, le déploiement du matériel électoral, etc. Dans un pays-continent on ne voit pas comment toutes ces opérations pourraient être bouclées en deux mois. Mathématiquement, on ne peut combler en 2 mois, un retard de quelque 8 mois par rapport au calendrier électoral. Comme on le sait, il y a 8 mois que la CENI devait avoir convoqué le corps électoral pour les locales et municipales.

Avant même de penser aux locales et provinciales jumelées, la CENI a déjà fort à faire avec les élections des gouverneurs des provinces issues du démembrement. Initialement prévu le 31 août puis reporté au 6 octobre, ce scrutin a été finalement reportée sine die. Une décision de la CENI qui évoque « diverses contraintes » dans l’installation de ces entités nouvellement créées.

Dans un communiqué de presse datée 21 août, la Commission électorale nationale indépendante a annoncé ne pas être en mesure d’organiser l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs dans les nouvelles provinces issues du dernier découpage. Et pour cause ?  » L’installation de nouvelles provinces rencontre diverses contraintes, notamment le fait que les nouvelles assemblées provinciales ont, dans la plupart des cas, clôturé leur session extraordinaire sans avoir épuisé l’ordre du jour « , explique le texte.

 » En conséquence, la Ceni porte à la connaissance de l’opinion nationale qu’elle étudie les voies et moyens d’harmoniser son calendrier pour le rendre compatible avec le processus de mise en place de nouvelles provinces « , ajoute le communiqué. 

DES MOYENS FINANCIERS ENCORE A MOBILISER 

A cela s’ajoute une autre contrainte qui ne relève pas de la CENI, mais du consensus dégagé par la classe politique pour l’enrôlement de nouveaux majeurs. Si cette opération est confirmée, les élections du 25 octobre seront purement et simplement postposées. Les nouveaux majeurs, c’est le seul point sur lequel toutes les officines politique et sociale, les deux Chambres du Parlement ainsi que le chef de l’Etat seraient tombés d’accord. 

Autre grand obstacle, l’argent, le nerf de la guerre. Ce n’est pas sûr non plus que le Gouvernement ait les moyens financiers suffisants pour organiser ces scrutins dans les délais. D’autant que par définition pour les locales, il y a plus de candidats, plus de circonscriptions, et donc davantage des moyens à mobiliser que n’importe quel autre scrutin.

Toutes ces difficultés à surmonter dans les deux mois donnent du grain à moudre à ceux, nombreux, qui continuaient à appeler de tous leurs vœux que les locales et municipales soient décalées. 

Didier KEBONGO