Au Conseil de sécurité: La Rdc attend une résolution réaliste tenant compte de la situation sur terrain

Depuis le 21 mars dernier, Raymond Tshibanda, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale conduit une délégation au débat du Conseil de sécurité portant présidé par le ministre angolais des Relations extérieures, Georges Chikoti sur :« « le maintien de la paix et de la sécurité internationale : prévention et résolution des conflits dans la Région des Grands Lacs ». Cette délégation est composée notamment de François Muamba et Kikaya Bin Karubi, respectivement Coordonnateur du Mécanisme National de suivi de l’Accord-cadre et Conseiller principal du Chef de l’Etat en charge des questions diplomatiques. Et ce, sans oublier les experts du Gouvernement de la République.

Au sujet de la situation en République démocratique du Congo, Raymond Tshibanda a fait une importante déclaration, dans laquelle il a démontré que concernant le processus électoral, la Rdc tient à l’organisation des élections libres et respectueuses des standards internationaux en matière d’inclusivité, de transparence et de crédibilité. Il tient tout autant cependant à ce que ces élections ne soient entachées de violences ni avant, ni pendant, ni après leur organisation. Compte tenu de l’histoire du pays, de la fragilité des institutions, des traumatismes vécues par notre population et du lourd tribut payé par l’économie, du fait des conflits armés, autant que des mouvements sociaux incontrôlés, « pour nous, la paix et la stabilité n’ont pas de prix. Ils sont notre première priorité », a-t-il affirmé.

A ce sujet, et s’agissant plus spécifiquement de la relation de cause a effet qu’il y aurait entre les élections d’une part, la violence et l’instabilité d’autre part, il a affirmé qu’il n’y a pas, non pas dans l’absolu, mais dans le contexte spécifique de la Rdc, d’évidence empirique que la non tenue des élections ou la non organisation des élections a une date donnée ait été en soi, la cause de violences à grande échelle. En revanche, l’opinion se souviendra, qu’à la suite de l’intolérance politique et de la non acceptation des résultats par les perdants, à l’occasion des élections de 2006 et 2011, le pays a connu de graves violences, accompagnées d’importantes pertes en vies humaines et en biens matériels.

C’est pour éviter la re-édition de cette situation que le Président de la République Joseph Kabila a engagé le pays sur la voie du dialogue politique afin qu’ensemble, acteurs politiques de tous bords, société civile, autorités religieuses et coutumières, puissent convenir des voies et moyens permettant de surmonter les écueils qui jalonnent la voie vers des élections apaisées et d’instaurer un consensus sur le processus électoral en cours.

Les écueils à la tenue des élections

Principalement, ces écueils sont au nombre de quatre, à savoir: l’absence d’un fichier électoral fiable et inclusif prenant en compte tous les Congolais aujourd’hui en âge de voter, comme les nouveaux majeurs, les Congolais de l’étranger, les déplacés ou refugiés retournés dans leurs milieux de résidence. L’organisation de bonnes élections requiert donc l’actualisation du fichier devant nécessairement prendre en compte la nouvelle nomenclature administrative du pays découlant de la création de nouvelles provinces et la délivrance de la carte d’électeurs à tous les congolais en âge de voter ; L’absence d’un calendrier réaliste et consensuel, celui publié, à l’époque, par la Commission Electorale Nationale Indépendante ayant été rendu non opérationnel suite aux multiples voix discordantes au sein de la classe politique ; La sécurisation du processus électoral pour garantir le bon déroulement des scrutins et le rôle que devrait jouer la classe politique dans la promotion d’un environnement favorable à un processus électoral apaisé ; Enfin le financement du processus électoral.

« Nous sommes d’avis qu’il ne serait pas de bonne politique que les Nations Unies, qui ont énormément investi dans le rétablissement de la paix en RDC, soient à la suite d’une résolution malencontreuse ne prenant pas en compte la situation réelle sur le terrain, à la base d’une crise susceptible de remettre en cause les efforts et les sacrifices que nous avons tous consentis », a rappelé le ministre congolais.

A propos de la traque des forces négatives à l’Est du pays, il rassure ses interlocuteurs que d’ores et déjà, des résultats remarquables ont été enregistrés. Ainsi, sur un effectif estimé, au début des opérations, à 1200 combattants pour les FDLR, 108 éléments seulement restent aujourd’hui à neutraliser. Et même en ajoutant a ce chiffre, les quelques éléments FDLR qui, remis au Rwanda a un moment, ont été recyclés et réinjectés en RDC, avec pour objectif de pérenniser l’insécurité et le pillage des ressources naturelles de notre pays,

Pour lui, il n’y a pas à ce sujet, de témoignage plus éloquent que celui d’une personnalité qui, en la matière ne peut être soupçonnée de complaisance, en l’occurrence, le ministre de la Défense de la République du Rwanda qui, répondant le 11 février 2015 à la question d’un élu, membre de la commission permanente des affaires étrangères, de la coopération et de la sécurité du Parlement rwandais, a affirmé que les FDLR ne constituent plus une menace militaire pour le Rwanda. C’est dire que même les autorités rwandaises reconnaissent les progrès accomplis vers la neutralisation de cette force négative.

Les libertés publiques sont assurées

Au Conseil de sécurité, Tshibanda N-Tungamulongo s’est exprimé sur le rétrécissement des libertés, fait reproché à son Gouvernement. A l’en croire, en Rdc, l’espace politique est le plus ouvert de toute la région et il le reste. En témoignent l’existence de plus de 400 partis politiques, mais aussi de centaines de chaines privées de radio et de télévision, qui fixent en toute liberté leur ligne éditoriale, et dont plusieurs appartiennent a des acteurs politiques connus comme faisant partie de l’opposition, la police des Medias étant, quant à elle, constitutionnellement assurée par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication, institution d’appui à la constitution dans lequel siège les représentants de la corporation dans toute sa diversité.

En témoignent aussi le fait indéniable que, contrairement a certains pays ou, pour s’opposer, il faut nécessairement s’expatrier, pratiquement tous les leaders politiques congolais vivent au Congo, y exercent leurs activités politiques, sortent du territoire national et y reviennent sans la moindre restriction, du fait leurs opinions.

Au sujet de la réduction de l’effectif de la Monusco, le ministre a jugé utile d’en appeler au Conseil pour que cet exercice essentiel qu’il avait demandé, dans lequel le Gouvernement s’est engage de bonne foi, qui se déroule de manière satisfaisante et dans un esprit de confiance rétablie entre les parties, ne s’avère pas vain. C’est ainsi que le principe d’une réduction nécessaire de la Force s’est dégagé et s’impose dans chaque région de son déploiement.

Un retrait de 10.000 hommes en 2016

Au regard du résultat de cette évaluation conjointe, le Gouvernement de la RDC informe le Conseil que son objectif de retrait de la Force pour 2016 doit être de moitié, soit plus ou moins dix mille hommes. Le Gouvernement de la RDC invite les instances des Nations Unies, notamment le Conseil de Sécurité de ne point continuer à opposer au peuple et au Gouvernement une lecture unilatérale de la situation politique et sécuritaire et surtout des réponses qu’elle requiert s’agissant particulièrement du rôle de la Force. Enfin, le Gouvernement invite enfin le Conseil à un changement du concept opérationnel de la mission. Elle doit en effet cesser de compter sur le nombre de ses effectifs et s’orienter rapidement vers les capacités de projections.

A propos des ex-M23, Tshibanda qui parle au nom de son Gouvernement est donc d’avis que le Conseil envisage des sanctions contre ces ex-rebelles et leur commandement conformément à la décision prise, à New York le 29 septembre 2015, par les Chefs d’Etats des pays signataires de l’Accord-cadre, lors de la 6eme réunion de haut niveau du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la Région. Quant aux pays qui hébergent ces ex-rebelles, il est aussi important d’exercer sur eux une pression pour les amener à traduire leurs engagements en actes et à trouver des solutions politiques durables aux obstacles qui empêchent le rapatriement de ces ex-combattants pour leur réinsertion et réintégration en RDC.

(JMNK)