Classe politique -Forces vives interpellées : Dialogue : Kabila, la main tendue !

*Annoncées pour vendredi et, puis,  refixées à  samedi, les consultations politiques  sont, finalement, confirmées pour aujourd’hui,  lundi   1er juin 2015. Officiellement, aucune raison n’a été avancée jusqu’ici,  pour justifier cet énième report du début des consultations que le Président de la République, Joseph Kabila Kabange, se devait d’amorcer avec les forces vives et  la classe politique congolaise, depuis la semaine dernière.  Samedi, en effet,  il était question, pour lui, de conférer, premièrement, avec les Chefs des Confessions Religieuses, avant de poursuivre progressivement, avec les autres catégories d’invités dont les Chefs coutumiers, les partis et regroupements politiques, les mouvements corporatifs et associatifs , les Ambassadeurs et Chefs des Missions Diplomatiques etc.    Plusieurs sources ont cru bon d’avancer que ces consultations préliminaires visaient à jeter les bases pour la tenue, dans un bref délai, d’un  Dialogue politique. Mais, contre toute attente, une série d’Opposants n’y trouvent aucune opportunité. Alors que d’autres Opposants et acteurs de la société civile, plutôt, modérés, estiment qu’il est temps de se dire  des vérités en face, pour  donner une chance de réussite au processus électoral enclenché et, surtout,  préserver les acquis du travail abattu, depuis plus d’une décennie. Quoi qu’il en soit, Kabila, la main tendue, attend, en définitive,  des propositions concrètes, pour décider et  agir.

La perspective, selon un courrier destiné aux partis, personnalités ou groupes politiques qui ont eu le privilège de  rencontrer un messager du Chef à ce sujet, serait de multiplier des contacts, pour cerner, au fait, la quintessence d’un tel dialogue, à l’approche des élections, voulues libres, transparentes et démocratiques.

L’on a parlé, concrètement, du format et des termes de référence qu’il fallait que les uns et  les autres déclinent sur   ce  ‘’dialogue’’ destiné, semble-t-il, à décrisper la situation politique en vue des élections apaisées en  RD. Congo.

Si le vœu présidentiel, en cette période charnière, demeure celui  de trouver une issue aux divergences majeures autour de  préalables à la tenue des  élections, il va de soi qu’il soit partagé par les autres parties prenantes au processus électoral.

D’où, toute la portée de cette démarche devrait être le souci de tous et, plus particulièrement, de l’Opposition politique qui, dès le départ, avait compulsé sur cette problématique, tout  un dossier sous forme d’un mémorandum adressé à la CENI et à la Monusco.

Aux dernières nouvelles, les Forces politiques et sociales, reconnues sous le label du groupe de Fatima, ont, une fois de plus, réitéré leur boycott quant à leur  participation à ces consultations initiées par le Chef de l’Etat. Elles ont, en réalité, rejeté  l’offre, tout en disant qu’elles maintiendraient leurs  contacts avec la CENI, pour achever des discussions ouvertes, lundi  25 mai dernier, avec l’Abbé Malumalu, même s’il  réapparaissait encore  en vidéoconférence,  pour peu qu’elles obtiennent  le recadrage du calendrier global.

Le bloc Kengo, lui aussi, n’émettrait plus  sur la même longueur d’ondes que les tenants de cette initiative présidentielle axée sur le dialogue. A la place, il évoque l’idée de l’application des résolutions des concertations nationales – 763 au total, dont 100 prioritaires et sur lesquelles, il n’y aurait que 23 qui sont, soit exécutées, soit en voie de l’être.   Bien d’autres groupes et individualités politiques  sortent tout de même du lot, pour expliquer qu’il était bon de dialoguer tôt  que d’attendre, pour le faire, plus tard. Samy Badibanga, le Président du Groupe parlementaire Udps & Alliés soutient ce point de vue-là. D’ailleurs, il parle, lui, de discussions franches au sein de la classe politique. Clément Kanku, leader du MR, estime qu’un minimum de dialogue est une nécessité, pour la tenue des élections. Steve Mbikayi, de l’Opposition nationaliste, croit, dur comme fer, que c’est le moment d’affronter Kabila, pour lui poser toutes les questions en face, y compris celles qui fâchent. Allusion faite, par exemple, à cette histoire du respect de l’article 220 de la Constitution portant, comme tout le monde le sait,  sur le nombre de mandats présidentiels.  Au cartel de la composante opposition politique signataire de l’accord global et inclusif, Z’Ahidi Arthur Ngoma rappelle, pour sa part,  un préalable de taille. ‘’Le dialogue dont il est question maintenant ne saurait être ni  une CNS bis, ni Sun City bis. Si dialogue, il y a, ce serait  selon l’esprit et la lettre de l’accord-cadre et les résolutions 2098 et 2211 du Conseil de sécurité de l’ONU’’,  déclarait-il  dernièrement,  au CEPAS, lors d’une sortie politique  fortement médiatisée. 

Apparemment, l’Udps de Tshisekedi, si l’on s’en tient à ce que  Félix, le fils,  a confié à Jeune Afrique, reste campée sur ses revendications sempiternelles et exige, en même temps, qu’une main internationale intervienne, pour assurer la médiation. ‘’Sinon, on n’y participera pas’’, hurlait-il, en début de semaine écoulée.    

Qu’en pensent  alors,  les confessions religieuses ? Rien n’a filtré, ce week-end,  sur les motivations profondes d’une sorte de réserve observée dans les attitudes   des responsables  du Clergé catholique, pour répondre à l’appel présidentiel.   Toutefois, les positions de l’église catholique sont généralement  connues. La paix passe avant toute chose, peut-on lire, dans plusieurs lettres pastorales de la CENCO, publiées dans un passé récent, autour de la vie de la nation.

Mais, comment Joseph Kabila fera-t-il, pour donner un sens historique à sa démarche, si la plupart des acteurs majeurs  développent,  manifestement,  une autre lecture  des faits que la sienne, sur les raisons profondes de ce qui pourrait être considérée comme ‘’crise’’ à l’horizon 2016 ? Question donc  à mûrir. Et, à ce propos, toute  la Majorité doit se  prendre au sérieux et s’impliquer. Le temps du folklore étant révolu, les enjeux porteurs d’une nouvelle atmosphère politico-institutionnelle   sont, désormais,  décisifs.  Et, si la météo politique via le dialogue ou consensus   fait bien son travail, elle permettra de s’assurer  qu’en 2016, le ciel ne tombera nullement  sur la tête des congolais.

LPM