Congrès de BUREC à Goma : RDC, Julien Paluku soutient un dialogue sans tabou !

Dans un discours de près de 50 minutes, Julien Paluku, avant d’être élu Président National du parti politique BUREC, n’a pas manqué d’aborder les questions qui fâchent, selon ses propres termes. En effet, le parti politique dénommé « Bloc Uni pour la Renaissance et l’Emergence du Congo », BUREC en sigle, a organisé son tout premier Congrès à Goma, du 13 au 14 novembre 2015. 190 congressistes BUREC venus de 26 provinces du pays ont foulé le sol volcanique de Goma. Des responsables des partis de la Majorité Présidentielle dont le PPRD avec Mme Michelline Kulumba, la COFEDEC avec Venant Tshipasa, l’AFDC avec Placide Tshisumpa, l’ADH avec Jean Claude Baende, la NRJ avec Joseph Bangakia et bien des sympathisants ont aussi fait le déplacement du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Avant d’amorcer les travaux proprement dits, Julien Paluku, qui ne tarit pas d’arguments, a d’abord justifié le choix de Goma pour plusieurs raisons notamment celle liée à la compassion de tous les membres du BUREC au peuple du Nord-Kivu, à la suite des événements tragiques qu’il a traversés depuis des années.

Proclamant la vision prospective de la gestion de la République Démocratique du Congo avec comme cheval de bataille le combat contre l’immédiateté, contre le gain facile et contre les privilèges sans commune mesure, Julien Paluku a abordé 3 angles de réflexion dont voici la teneur in extenso.

Une  question fait  fâcher.  C’est le cas de la Constitution de RDC qui fait polémique et débat. En effet, au sujet de la Constitution de la RDC, le BUREC est très respectueux de ce texte fondamental obtenu grâce à un consensus. Le BUREC a, toutefois, ses critiques qui fondent ses convictions sur l’avenir meilleur de la RDC. 

Pour le BUREC, les hommes et les femmes qui ont conçu cette Constitution ne sont pas spéciaux pour faire croire que jamais la RDC n’aura plus  d’autre Constitution jusqu’à la fin du monde. Parce que, même dans les pays considérés comme  des référentiels démocratiques, ces genres d’exercice s’y sont produits et se produisent.

Deux cas illustrent bien cette pensée. Tenez ! En France, pays souvent cité comme modèle, il faut noter 24 révisions constitutionnelles depuis 1958 à ce jour, les plus importantes étant :

  • La réforme du 06 novembre 1962 instituant l’élection du Président de la République au suffrage universel direct alors que la révolution française date de 1789, soit 173 ans après ;
  • La réforme de 1999 pour rendre effective la parité hommes/femmes en vue d’accéder aux mandats électoraux et aux fonctions électives ;
  • La réforme du 02 octobre 2000 qui met fin au septennat en instaurant un mandat de 5 ans en France soit  211 ans après la révolution française ;
  • La réforme du 23 juillet 2008 par laquelle le Président Français a été interdit de briguer plus de deux mandats successifs. Cela s’est passé en France il y a 7 ans seulement et 219 ans après la révolution Française.

Ce cas de la France démontre à suffisance que le pays évolue par bonds de tâtonnements. Et la RDC n’est pas un cas spécifique où les acteurs politiques se considèrent comme s’ils étaient les pères fondateurs de la démocratie et donc détenteurs de tous les secrets.

Le deuxième cas illustratif concerne les Etats-Unis d’Amérique. Tenez aussi! C’est dans ce pays de l’Oncle SAM où un Président est allé jusqu’à 4 mandats. Franklin DELANO ROOSEVELT comme c’est de lui qu’il s’agit, fut donc le premier Président à être élu pour quatre mandats car élu le 8 novembre1932, le 03 novembre 1936, réélu respectivement le 5 novembre 1940 et le 7 novembre 1944. Il meurt le 12 avril 1945 en plein exercice de son 4ème mandat. Personne ne sait  ce qui arriverait aux USA si Franklin ROOSEVELT n’était pas mort. Personne ne sait non plus ce qui aurait été la suite réservée à cet homme politique des USA d’où nous viennent tous les avertissements au sujet de notre politique intérieure. Et pourtant, cela est arrivé aux USA 168 ans après la révolution américaine considérée par ailleurs comme l’indépendance de ce pays.

Les exemples sont légion et chacun peut contacter les services d’archives du BUREC pour s’enrichir d’expériences d’ailleurs. Si donc ces exemples sont soulevés, ce n’est pas que le BUREC a un agenda caché mais c’est pour démontrer que chaque peuple, chaque pays a sa propre histoire qu’il trace lui-même.

C’est pourquoi la Constitution congolaise stipule en son article 5 :  » la souveraineté nationale appartient au peuple. Tout pouvoir émane du peuple qui l’exerce directement par voie de référendum ou d’élections et indirectement par ses représentants ». Pour le BUREC, c’est au peuple et à lui seul à qui appartient la souveraineté.

Si donc le peuple est invité à un référendum par les personnes dont la Constitution, en son article 218, reconnaît l’initiative, cela n’est nullement une violation de la Constitution. Par contre, refuser au souverain primaire de se prononcer sur toute question par voie du référendum est une violation flagrante de la Constitution et cela est passible de haute trahison.

Toutes ces réflexions, le BUREC se les donne comme matière didactique dans la formation de ses cadres en vue de les mettre à l’abri des vendeurs du vent qui prônent l’hécatombe ou la fin du monde congolais si ces genres de questions sont abordées.

Le troisième angle de la réflexion de Julien Paluku, au cours de ce premier Congrès du BUREC, concerne les nouvelles provinces.

Il dresse, à cet effet, une analyse comparative pour faire ressortir sa propre conclusion selon laquelle le débat sur le nombre des provinces est un faux débat.

Julien Paluku analyse cette question en ces termes:

«J’ai toujours eu une analyse critique mais objective sur les nouvelles Provinces non pas au sujet de leur existence car constitutionnelles mais au sujet de leur fonctionnement. Beaucoup de mes analyses sont connues notamment celle faite dans les ateliers que le parti politique PALU avait organisés à Kinshasa en décembre 2014 ».

Avançant sur sa lancée, il ajoute : « Aujourd’hui, en conformité avec moi-même, je sais pertinemment bien que ce que dit la Constitution est opposable à tous. C’est pourquoi certains hommes politiques qui soutiennent que le démembrement des Provinces est l’œuvre d’une personne, ils n’ont qu’à relire l’article 2 de la Constitution originelle de 2006 qui, en son temps, avait fixé un délai de 36 mois à dater de l’installation du Sénat pour que l’installation des nouvelles provinces soit effective ». Et comme la RDC n’est pas isolée du reste du monde, le BUREC partage quelques réalités des pays pris au hasard. L’Espagne 5 fois plus petite que la RDC, avec sa superficie de 504.645 km², a 50 provinces. Si on suivait cette logique espagnole, la RDC aurait plus ou moins 250 Provinces. 

La Belgique, 80 fois plus petite que la RDC a une dizaine des Provinces. La logique mathématique nous amènerait à  800 provinces.

La Tanzanie, presque 3 fois plus petite que la RDC, a 26 régions. L’expérience Tanzanienne ferait de la RDC un pays avec 78 provinces.

«Tout le monde peut donc se rendre compte que la question du nombre des Provinces en RDC est un faux débat car même l’Algérie plus grande que notre pays a 48 Provinces appelées Willayas et 553 districts », a déclaré Julien Paluku.

Un clin d’œil à la CENI 

Après ces quelques analyses, Julien Paluku s’est adressé clairement à la CENI pour plaider en faveur de la convocation du corps électoral pour les élections provinciales. Il ajoute:

 «En effet, en avril 2015, les partis politiques et les indépendants ont déposé les listes de leurs candidats avec espoir que les élections des Députés Provinciaux devraient avoir lieu le 25 octobre 2015. Hélas ! En dépit de l’expiration du délai imparti au règlement des contentieux électoraux, la CENI n’a pas été capable de publier les listes définitives et d’organiser les scrutins dans le délai calendaire ».

Ce retard enregistré dans l’organisation des élections est aujourd’hui émaillé des défections et décès des candidats ainsi que du désengagement ou du désintéressement des autres en cette période où certains acteurs frondent  leurs anciennes alliances en affichant leur faible capacité de gérer leurs ambitions à l’approche des tournants et enjeux décisifs et d’autres font défection presque comme ces généraux et colonels qui avaient déserté les FARDC pendant la phase décisive d’en découdre avec l’ennemi.

Voilà pourquoi, d’après Julien Paluku, les congressistes devraient également se pencher sur cette question qui nécessite la nouvelle convocation de l’électorat pour permettre aux Partis politiques d’actualiser leurs listes électorales et à ceux qui ont manqué au rendez-vous de déposer les leurs.

Julien Paluku évoque la question du dialogue national et réfute la théorie du chaos 

Au sujet de cette autre question qui divise la classe politique congolaise, Paluku s’adresse à ses congressistes en ces termes: 

«Le pays a donc traversé des fortes zones de turbulences qui demandent que nous puissions serrer tous les ceintures au lieu de croire que les turbulences sont le fait du pilote. Attention, prendre un simple passager pendant les turbulences et l’amener dans le cockpit en lieu et place du pilote peut amener au crash. Et l’on sait combien de survivants échappent d’un avion qui tombe de 36 000 pieds ». Le BUREC, par conséquent, invite le peuple congolais et les acteurs politiques en particulier à ne pas être les maîtres de la « théorie du chaos ».

Voilà pourquoi au regard de toutes les incertitudes que leurs auteurs promènent ça et là, le BUREC soutient l’organisation d’une grande messe nationale que le Chef de l’Etat appelle affectueusement « Dialogue National ».

Refuser au peuple congolais de parler de ses problèmes, de ses éventuelles zones de turbulences, de ses pilotes, des apprentis pilotes-passagers, c’est empêcher à ce même peuple de trouver sa propre thérapeutique appropriée. Le BUREC n’est donc pas partisan de la « théorie du chaos » ou mieux de la « théorie de la terre brûlée ». Ne brûle sa terre que celui qui ne s’en inquiète pas ou mieux qui peut trouver la facilité d’aller où il veut. Or le peuple Congolais n’a d’autre lieu où aller que dans ce pays à la fois sa terre natale, d’asile et terre de refuge.

De l’insécurité à l’Est du pays

Dans une sorte de réquisitoire, Julien Paluku dresse l’histoire sombre que le Nord-Kivu a traversée et justifie la tenue du premier Congrès du parti à Goma pour que la présence de tout le Congo représenté aide à renforcer le plaidoyer en faveur d’une paix durable.

Tout cela, dit-il, en vue de former ensemble un Bloc, comme les initiales du Parti le renseignent, un bloc uni pour porter les cris de cœurs des fils et filles du Nord-Kivu en haut lieu. 

Julien Paluku élu Président National 

C’est dans une ambiance des débats démocratiques autour de la  de ses textes que le BUREC, à travers ses congressistes a élu Julien Paluku comme Président National avec 79,1% voix contre 21,9% obtenu par son challenger Mr. Alphonse  LONGO TSHILEMBI. 

S’adressant aux congressistes qui reconnaissent appartenir à ce parti de gauche, Julien Paluku conscientise: «Chers Camarades, vous êtes les pionniers de ce long, difficile mais noble voyage, qui mènera immanquablement notre pays, dans l’unité, vers un avenir de paix, de prospérité et d’émergence.  Grâce à vous, le rêve fait du chemin. Vous avez d’abord bataillé très dur pour accoucher dans la douleur ce jeune mais ambitieux Parti. Malgré le jeune âge, c’est aussi grâce à vous que nous comptons aujourd’hui les structures fonctionnelles du BUREC dans toutes les anciennes 11 Provinces de notre pays et dans plusieurs pays à travers le monde ».

Pour Julien Paluku, le BUREC doit rester fidèle à ses engagements en s’efforçant d’être également un Parti ouvert et fédérateur de toutes les forces patriotiques et démocratiques de notre pays;  un Parti ouvert à toutes les couches socioprofessionnelles ; un Parti qui fait de la place aux nouveaux adhérents ;  un Parti fidèle et reconnaissant à ses militants qui, depuis toujours, œuvrent pour son rayonnement.   

 

Le nom « Bloc Uni pour la Renaissance et l’Emergence du Congo » est, à lui seul, un condensé, à la fois, de la raison d’être de notre Parti, de ses buts et objectifs et de sa philosophie politique. «  Notre Parti est, en effet, né pour promouvoir la vision prospective dans la gestion de la chose publique. Mais s’il faut le savoir et reconnaitre qu’il n’y a pas meilleure voie, meilleur moyen pour ce faire que la participation consciente et raisonnée du Peuple lui-même, à travers toutes ses composantes », a-t-il souligné. Et l’un des enjeux les plus importants du BUREC aujourd’hui, ajoute-t-il, demeure, justement le renforcement de la mobilisation de toutes ses forces, en vue de se préparer à affronter les échéances politiques à venir. 

Julien Paluku termine son adresse en soulignant : « Je vous demande donc de vous concentrer sur l’avenir du Parti, sur la manière dont nous allons essayer d’offrir un autre futur à la RDC et à notre peuple. Nous voulons être à l’école de ceux qui luttent en apprenant avec modestie à l’école de ceux qui vainquent ».

Papy Kataka