*L’opposition politique qui, hier encore, réclamait à cor et à cri le dialogue avec le Président de la République en vue, principalement de baliser le chemin vers les élections apaisées, libres et transparentes, avec en sous-main la relaxation de certains de leurs détenus dans les geôles du pouvoir, a brusquement changé d’avis
* Contrairement à ceux qui prêtent des intentions au chef de l’Etat, si le dialogue doit se tenir, ce sera dans l’objectif de consolider la paix et la sécurité, bien asseoir la stabilité macro-économique pour une croissance inclusive, impliquer toutes les sensibilités politiques pour avoir des élections apaisées et renforcer la cohésion entre Congolais avant, pendant et après les élections.
L’opposition politique qui, hier encore, réclamait à cor et à cri le dialogue avec le Président de la République en vue, principalement de baliser le chemin vers les élections apaisées, libres et transparentes, avec en sous-main la relaxation de certains de leurs détenus dans les geôles du pouvoir, a brusquement changé d’avis.
Elle ne veut plus dialoguer, rejoignant ainsi le Président qui était au départ, lui aussi opposé au dialogue, faute d’en avoir défini les contours avec exactitude. Maintenant, le paysage politique danse au rythme d’une valse-hésitation exécutée avec un sourire jaune. Une fois encore, l’éternel problème de confiance surgit.
L’opposition serait venue sur la table du dialogue munie d’un agenda caché. Elle saisirait l’occasion pour poser au Président l’épineuse question de fixer une fois pour toutes les esprits sur l’après fin de son mandat, c’est-à-dire sur sa non éligibilité constitutionnelle, étant entendu qu’il a opté pour un silence stratégique sur des faits qu’il considère secondaires, se contentant de gérer le pays et de poursuivre son ambitieux programme de développement comme pour laisser le temps au temps.
C’est sans doute pour cette dernière raison que le Chef de l’Etat, Président de la République préfère se concentrer et laisse les mains libres à chaque composante de la Majorité présidentielle.
Il est de moins en moins présent aux importantes réunions du PPRD dont il est l’Autorité morale. On l’attendait au dernier Congrès de ce grand parti politique, il a préféré laisser les compagnons et camarades qui étaient à la naissance du PPRD en commander les rênes. On a vu le Patriarche Abdoulaye Yerodia Ndombasi consacrant le retour de l’ambassadeur Henry Mova Sakanyi au Secrétariat général, lui qui était également présent à la naissance du parti.
Le Président préfère écouter, écouter ses collaborateurs du Parti et du gouvernement, entendre tous les sons de cloche. Il sait que par moment les conseils des partisans peuvent devenir des pesanteurs. Responsable, éveillé et alerte, le Président de la République médite en toute intelligence et sait qu’au moment opportun il brisera la glace, sortira de ce que certains qualifient à tort de mutisme. Dans tous les cas, il saura s’assumer.
Pour l’instant, la bataille pour la sécurisation de la partie orientale de la République, sous la menace d’un genre de terrorisme odieux avec des massacres et tueries à l’arme blanche est prioritaire, puisque la vie de l’homme est plus sacrée que l’organisation des élections. D’ailleurs, on aurait appris qu’un camion a été saisi dans cette partie de la République avec à bord plusieurs machettes.
Il en est de même de la poursuite des objectifs de la stabilisation macroéconomique, de la baisse de l’inflation, de la poursuite d’une croissance à deux chiffres, de l’exécution des travaux de cinq chantiers de développement et de la reconstruction de la République Démocratique du Congo. Un troisième mandat aiderait le Président à parachever son programme et à placer la République Démocratique du Congo au rang des pays émergents à l’horizon 2030. Ce sont là deux tendances diamétralement opposées sur la perception du concept 3ième mandat. Entre l’embrasement du pays que susciterait la volonté de briguer un troisième mandat et l’espoir d’un développement et d’une relance économique annoncée, il y a un fossé que seul le Président de la République peut franchir avec l’annonce d’une position clairement définie. Mais ici, la volonté affirmée par le Chef de l’Etat a toujours été celle de respecter les prescrits de la Constitution.
Le double jeu de l’opposition
Le double jeu auquel se livre l’opposition politique en Rd Congo laisse perplexes tous les observateurs de la scène politique congolaise. Il les laisse sur leur soif. En effet, il n’est pas nécessaire de rappeler que c’est l’opposition qui a exigé la tenue d’un dialogue qui soit conforme aux dispositions de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba dûment signé par la Rd Congo, et garanti par les deux résolutions (2098 et 2211) du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Qu’est-ce qui a changé entre-temps au niveau d’une certaine opposition pour qu’elle rejette la main tendue du Chef de l’Etat ? Du moins, certains opposants sont d’avis que ce dialogue demeure important pour permettre par exemple de négocier la libération de certains opposants et des activistes des droits de l’homme en prison. Sinon, s’il n’y a pas dialogue, sur quoi allons-nous nous baser pour demander quelque chose au Président de la République, s’interrogent –t-ils.
Au sujet de l’agenda de ce dialogue, le chef de l’Etat était on ne peut plus clair lorsqu’il recevait le bureau politique de la Majorité présidentielle dans sa ferme privée de Kingakati, le 12 mai 2015. Ici, il a divulgué les objectifs de ce dialogue si et seulement s’il se tient. Il s’agit de la consolidation de la paix et la sécurité, bien asseoir la stabilité macro-économique pour une croissance inclusive, impliquer toutes les sensibilités politiques pour avoir des élections apaisées et renforcer la cohésion entre Congolais avant, pendant et après les élections.
Ceci pour dire que les membres de l’opposition qui ont été consultés n’ont plus à faire des déclarations du genre de celles auxquelles on assiste. Ils devraient plutôt présenter leurs cahiers de charge pour permettre à l’initiateur des consultations, Joseph Kabila Kabange, d’avoir une idée nette sur ce qu’ils veulent effectivement.
(Fernand Mukaku Lalabi-Muke)