En acceptant une mission qu’il savait pourtant lui-même délicate, Edem Kodjo a fait preuve d’africanisme qu’il incarne tout au long de sa carrière politique et diplomatique.
Des voix non convaincantes ont été entendues ces derniers temps du coté d’une frange de l’opposition congolaise pour récuser le facilitateur du dialogue national, accusé gratuitement sans preuve « d’être proche de la majorité présidentielle» jusqu’à bousculer des usages diplomatiques pour le qualifier avec simplicité de « kabiliste » alors que l’homme d’Etat togolais est venu apporter sa contribution pour sortir le Congo des tensions politiques délibérément entretenues par certains acteurs politiques à l’approche de la fin du mandat présidentiel de Joseph Kabila.
En acceptant une mission qu’il savait pourtant lui-même délicate, Edem Kodjo a fait preuve d’africanisme qu’il incarne tout au long de sa carrière politique et diplomatique. Il n’a pas hésité un seul instant à répondre à l’appel de l’Union africaine (UA) pour venir à la rescousse d’un pays africain en proie à des convulsions politiques. Un pays dont il connait parfaitement bien la position géostratégique dans le continent.
En dépit des attaques verbales virulentes dirigées contre lui par quelques politiciens dont certains ont surtout péché par l’excès de langage pour dire que « ce Togolais là doit rentrer chez lui, il a échoué », Edem Kodjo, sans être ému, profondément attaché à la paix du Congo, a pu, contre vents et marées, tenir bon pour faire démarrer le dialogue national tant attendu par le peuple congolais. Ce qui a été fait. Et comme qui dirait « le chien aboie, la caravane passe ».
Surpris par sa détermination d’aider ses frères congolais, une partie de l’opposition a tenté, en vain, de perturber la rentrée scolaire prévue lundi 5 septembre 2016 en décrétant cette date « journée sans école» sous le prétexte fallacieux de dénoncer le mauvais fonctionnement du système éducatif congolais. Cela est d’autant plus grave que de vouloir sacrifier une jeunesse innocente alors que la main lui est tendue par
le facilitateur pour rejoindre « la maison commune» afin de doter le pays d’un processus électoral inclusif, crédible et apaisé, accepté par tous.
Devant cette attitude d’hostilité affichée par certains compatriotes, le facilitateur, en fin diplomate de carrière, a gardé un calme olympien, convaincu que seul le dialogue constituait un atout majeur pour aider la classe politique congolaise à sortir des sentiers battus pour s’engager sur la voie de la paix.
Des analystes qui s’intéressent à la vie politique du Congo-Kinshasa affirment d’ailleurs que ceux des Congolais, qui l’attaquent, ne sont pas plus démocratiques que lui et n’ont pas le même parcours politique.
En effet, démocrate convaincu et militant de la liberté de première heure, Edem Kodjo, 78 ans, s’est opposé dans son pays à l’autoritarisme croissant dans le parti unique, le Rassemblement du peuple togolais (RPT) vers la fin des années 70.
Pour contrer son prestige sur le plan international, le général Eyadema mettra tout en œuvre pour s’opposer à son action à la tête de l’organisation de l’Unité africaine (OUA) qu’il a dirigée de 1978 à 1983.
En cette période, il s’est retrouvé confronté à la crise du Sahara occidental et fut à l’origine du plan de Lagos qui préconisait le règlement de la question par voie pacifique.
A la fois économiste et haut fonctionnaire, Edem Kodjo est diplômé en sciences économiques et de gestion de l’Université de Rennes en France. Il est détenteur aussi d’un diplôme de la célèbre Ecole nationale d’administration qui a formé la plupart des hommes politiques français dont certains ont accédé
à la magistrature suprême comme Jacques Chirac, François Hollande …
Dans son pays, il a exercé une carrière politique bien pleine. Il a été à deux reprises premier ministre, d’abord du 23 avril 1994 au 20 août 1996 et ensuite du 20 juin 2005 au 20 septembre 2006 sans oublier de nombreuses fonctions ministérielles. Militant africain, Edem Kodjo est arrivé en France en 1957 où il s’est inscrit à la faculté des sciences économiques et de gestion de Rennes. Il adhère rapidement à la Fédération d’Afrique noire en France, laquelle était un passage obligé pour la majorité des étudiants africains. C’est à cette époque qu’il fait connaissance avec Henri Lopez, ancien premier ministre du Congo-Brazzaville, qui lui, militait dans la branche parisienne de l’association. Il entre ensuite à l’Ecole nationale d’administration où il décroche son diplôme dans la promotion Blaise Pascal en 1964.
A la pointe du combat pour l’avènement de la démocratie multipartite au Togo vers l’année 90, il crée son
propre parti, Union togolaise pour la démocratie (UTD). Candidat de l’opposition à l’élection présidentielle de 1993, il boycotte ce scrutin qu’il qualifie de « mascarade». Il est auteur de plusieurs ouvrages dont « Demain l’Afrique» Comme on le voit, c’est donc un militant de la liberté, attaché à l’idéal de la démocratie, arrivé au chevet du malade pour lui administrer une thérapeutique ad hoc afin que les acquis de la paix, de la sécurité et de l’unité nationale soient préservés à jamais en République Démocratique du Congo.
ACP