*De la Cité de l’Union Africaine où se tient le dialogue, les travaux sont très mouvementés avec le début des discussions générales sur les propositions de la CENI et la réponse de la Centrale électorale aux interrogations des délégués de l’opposition
*Le débat qui va se poursuivre aujourd’hui va permettre aux ministères sectoriels (Budget et Finances) de fournir des explications sur le financement du processus électoral, si jamais l’une des options est prise en compte. De même, le Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et Sécurité devra décliner la stratégie du Gouvernement pour la sécurisation des élections, des personnes et de leurs biens
Il ne sert à rien de tergiverser sur les responsabilités à établir quant à la non tenue des élections dans le délai prévu par la Constitution. Le vin étant tiré, il faut le boire, dit-on. C’est le moment de trouver les pistes de solutions en rapport avec les trois options proposées, non seulement par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), mais aussi par les experts des Nations Unies sur le fait que le fichier électoral est corrompu, infecté et indésirable.
Cependant, la CENI a été rappelée à la plénière d’hier mercredi 07 septembre à la Cité de l’Union africaine, aussi bien que d’autres organismes qui ont suivi le processus électoral de 2011, pour fournir des plus amples informations aux délégués au Dialogue sur la problématique du fichier électoral. Rappelons que dans la journée de mardi dernier, trois options ont été proposées aux délégués renfermant en elles les avantages et les inconvénients au regard de l’empressement de certaines sensibilités qui tiennent à tout prix au délai constitutionnel.
Les travaux se sont poursuivis à huis-clos. Selon les indiscrétions, le débat était très houleux sur l’évaluation du processus électoral. Certains délégués de l’opposition qui ont requis l’anonymat s’interrogent sur la nécessité du délai constitutionnel qui ne concerne que la présidentielle. Pour lui, le délai constitutionnel ne concerne pas seulement la présidentielle. Le respect de la Constitution est fonction du respect de toutes les dispositions, pas seulement se focaliser sur l’élection du Président de la République. C’est de l’acharnement contre la personne du Chef de l’Etat, a-t-il fait observer.
A en croire un des co-modérateurs, Alexis Thambwe Mwamba, « nous allons aborder les exposés sur l’ensemble des questions qui sont inscrites à l’ordre du jour du dialogue. Ecouter les différents rapports, les différents intervenants sur ce rapport. Une fois de plus, nous allons entendre le président de la Ceni sur les questions qui demeurent et qu’il n’a pas encore exposé, savoir les séquences des élections, le budget des élections. Nous allons entendre les représentants du gouvernement, à savoir le Vice-Premier ministre et les généraux chargés de la sécurisation des élections et de la sécurité de personnes et de biens sur l’ensemble du territoire”, a-t-dit.
Dans un point de presse co-animé avec Vital Kamerhe, il a souligné que les délégués vont entendre le ministre d’Etat et ministre de Budget, aussi bien le ministre des Finances qui sont appelés à compléter l’exposé qui sera fait par Corneille Nangaa, président de la Ceni au sujet du financement du processus électoral. À l’issue de ces différents exposés, les délégués vont surement poser des questions et débattre quant à ce. Après ce débat, les délégués seront regroupés selon les thématiques pour approfondir les différents thèmes et les représentants de chaque groupe présenteront leur rapport à la plénière, a rassuré le co-modérateur de la MP, qui a fait savoir en plus des exposés, que les discussions ont été sèches et sincères, mais que chaque délégué a donné son point de vue en tenant compte de la composition politique de chaque délégation qui appartiennent à des horizons différents politiquement n’ayant pas le même entendement ni point de vue sur la manière dont le processus doit pouvoir être réglé.
« Ce qui apparait très clairement, ce qu’il y a la volonté des uns et des autres pour pouvoir aboutir à l’issue de ce dialogue à quelque chose de solide pour éviter à notre pays un dérapage quelconque », a indiqué le co-modérateur de la MP.
Cependant, sur l’éternel problème du délai constitutionnel à respecter, Alexis Thambwe Mwamba a été un peu plus clair, en démontrant que le débat tel qu’il a été présenté, le délai constitutionnel entendu que les élections devraient se dérouler au cours de cette année, est impossible à l’entendement de plusieurs délégués, contrairement à une frange qui pense qu’il est possible d’aller aux élections dans le délai. En outre, aller aux élections selon l’argument de ceux qui tiennent au délai constitutionnel, suppose que les 7 millions de nouveaux majeurs ne doivent pas être pris en compte, en plus de fausses cartes en circulation.
« Nous allons poursuivre des discussions sur cette question, mais les exposés techniques ont été présentés par les gens extrêmement compétents ont démontrés l’impossibilité de pouvoir tenir ce délai constitutionnel”, a-t-il conclu.
Vital Kamerhe plus pragmatique
L’ancien président de l’Assemblée nationale qui a retrouvé la direction des débats à la Cité de l’Union africaine, a précisé que les délégués ont débattu sur l’évaluation du processus électoral et le premier exposé de la Majorité présidentielle consistait à rappeler aux délégués la compétence de la Ceni, qui est autorité constitutionnelle à organiser les élections en République démocratique du Congo par rapport aux dispositions constitutionnelles.
« Du côté de l’opposition, la première introduction qui avait été convenue de commun accord, il en est de même en ce qui concerne la Majorité présidentielle, c’était celle de dire que l’opposition s’en tient au respect de la Constitution, à son esprit et sa lettre. Et on a rappelé au-delà de la date du 19 septembre 2016, nous avons encore 120 jours pour organiser les élections dans le même délai constitutionnel. Mais je confirme que c’est la Ceni qui a présenté ses trois scenarii, repris également par les experts des Nations Unies », a-t-il fait savoir.
Vital Kamerhe a précisé qu’à la plénière de ce jeudi, outre la Ceni, les experts des Nations Unies et des Etats-Unis d’Amérique qui ont été auditionnés, les délégués vont entendre les experts de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), de l’Ong NDI, parce que la question électorale est très importantes et que les délégués ont soif d’être édifiés davantage. Pour tous les délégués au Dialogue, indique Vital Kamerhe, personne n’a l’intention de violer la Constitution, ni de remettre le principe de l’alternance au pouvoir, ni moins de reprendre le débat antérieur avant le dialogue. Il a réaffirmé que le dialogue se déoule sous l’égide de la Constitution et de la Résolution 2277, tout en cherchant le consensus politique qui doit se constater par un accord politique.
« Lorsqu’on parle de l’accord politique, beaucoup de gens se soucient, ils se disent qu’est-ce qui se passe? Pour aller aux élections avec un fichier que la Majorité qualifie de corrompu, l’opposition dit qu’est infecté d’un virus, la société civile dit inapproprié, il faut un accord pour nous engager d’aller aux élections malgré ça! Le deuxième scenarii la même chose, le troisième également, il nous faut un accord politique : Majorité présidentielle, opposition politique et société civile. Tel que le débat évolue, nous pensons que c’est de choc des idées va jaillir la lumière”, a déclaré Vital Kamerhe qui, au passage a félicité Thambwe Mwamba qui a dirigé le débat avec doigté, tout en rappelant que rien ne sera omis de ce qui est inscrit à la feuille de route du Comité préparatoire, jusqu’à l’épuisement de la matière.
La même option a été relayée par le Sénateur Léonard She Okitundu qui souligne que les délégués ont tendance à privilégier la troisième option, c’est-à-dire la refonte du fichier électoral, car, estime-t-il, qu’il ne sert à rien de tergiverser sur les deux autres options qui excluent les nouveaux majeurs et la diaspora congolaise, en plus des omis, des cartes obsolètes, etc.
(Pius Romain Rolland)