Après avoir émis de nombreux doutes sur la victoire de Félix Tshisekedi aux élections de décembre 2018, allant jusqu’à vouloir surseoir la proclamation du verdict final de la Cour Constitutionnelle à la suite du contentieux électoral, les Chefs d’Etat membres de l’Union Africaine avaient effectué un revirement à 360° en acquiesçant, finalement, sans pour autant digérer, sa victoire à la tête de la République Démocratique du Congo sous les couleurs de la première alternance pacifique et civilisée au sommet de l’Etat.
Pris pour l’épigone de son devancier, ce dernier accusé de n’avoir libérer le fauteuil présidentiel que d’un flanc, Tshisekedi Tshilombo est aujourd’hui propulsé deuxième Vice-président de l’Union Africaine à l’issue de la 32e Session Ordinaire de la Conférence de l’Union Africaine qui se déroule du 10 au 11 février à Addis-Abeba, en Ethiopie.
A malin, malin et demi ? Ce qui est certain, le Président nouvellement élu de la RD. Congo n’aura plus uniquement le regard focalisé sur les 26 provinces de l’Etat qu’il gouverne sous le cri de la grogne sociale accentué. Désormais, il dépendra également de la grande institution qu’est l’Union Africaine dont le directoire vient d’être remodelé avec le Président de la République Arabe d’Egypte, Abdel Fattah al-Sissi, comme Président de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine, succédant au Rwandais Paul Kagame.
A la différence de Joseph Kabila qui, à quelques encablures de son départ du Palais de la Nation, avait décidé de marcher sur les relations diplomatiques régionales et internationales, Tshisekedi fils, lui, semble vouloir réparer les pots cassés et tabler sur un départ décisif entre la République Démocratique du Congo et les pays amis. Seulement, l’attrait soudain des Etats africains envers lui laisse à désirer. Est-il simplement question des rapports gagnants-gagnants ou d’un attrape-nigaud d’effets à long terme ?
Cette nouvelle haute fonction, loin de le catapulter au pinacle du continent africain, le place dans une position de rupture presqu’inévitable d’avec le régime Kabila qui, d’après des sources proches, tenterait de revenir aux affaires dans les cinq prochaines années.
L’organisation structurelle de Félix Tshisekedi qui, jusque-là, n’est pas solidement assise, va devoir compter avec le staff dirigeant de l’ex-Chef de l’Etat mais aussi l’œil vigilant et permanent de l’Union Africaine dont il est maintenant soumis au respect des prescrits.
Toutefois, cela reste un nouveau départ pour le pays qui aura aussi à bénéficier du soutien des autres pays africains dans les situations d’urgence.
Hier en Ethiopie, c’est en sa qualité de Président nouvellement élu de la République Démocratique du Congo, qu’il a, pour la première fois, dans le cadre du 32ème Sommet de l’Union Africaine, pris officiellement la parole devant les Chefs d’Etat et de Gouvernement africains.
Revenant sur les dernières élections du 30 décembre 2018, Félix Tshisekedi a laissé entendre que ‘’cette passation pacifique du pouvoir entre le Président sortant et le dirigeant du plus ancien parti d’opposition a démenti tous les pronostics du chaos annoncé à l’issue de ces élections. Elle est la preuve de la maturité politique de notre Peuple‘’.
L’ouverture du pays dont il entame les prémices, va certainement aider le peuple congolais à atteindre son éclosion démocratique. ‘’Notre pays le Congo a tant souffert depuis qu’il est Congo. Les guerres meurtrières que nous avons vécues devraient interpeler toute l’Afrique et la Conscience internationale, afin de ne point favoriser, ni sponsoriser toute tentative susceptible de faire revivre au peuple congolais les mêmes atrocités que nous ne cessons de décrier depuis plus de vingt ans‘’, a-t-il avancé devant ses pairs africains.
‘’Il n’est donc plus acceptable que mon pays, le Congo, continue d’être indéfiniment victime de la convoitise de ses immenses ressources naturelles. Cependant, à travers des partenariats gagnants-gagnants, la RDC s’engage à apporter sa contribution à toute action visant la mise en valeur de ses ressources naturelles, pour le bien-être de l’Afrique et du reste du monde‘’.
Boris Luviya/La Prospérité