Enrôlement des nouveaux majeurs et sécurisation des données électorales

La CENI à la quête de près de 170 millions de dollars Us

L’UE promet de mettre la main à la poche

* A en croire les officiels de la CENI, cette structure a besoin de près de 170 millions de dollars Us, soit 75 millions pour financer l’enrôlement des nouveaux majeurs, des retournés et des non enrôlés, et 95 millions au titre du projet de transmission rapide et sécurisée des données électorales, afin de crédibiliser le suivi des résultats des votes, ainsi que l’appui à l’opérationnalisation des structures locales de la CENI

 * Etant donné que les prévisions budgétaires de départ ont été transmises à tous les partenaires, la CENI attend la concrétisation par acte de signature du plan de décaissement des fonds destinés au financement du processus électoral

Dans son discours prononcé à l’occasion du 55è anniversaire de l’accession à la souveraineté nationale et internationale de la République démocratique du Congo, le chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange avait énuméré une série d’obstacles  qui sont liés au calendrier électoral global exigé à cor et à cri par l’opposition. Il s’agit notamment de la participation aux scrutins de 2015 d’anciens mineurs devenus majeurs en cours du cycle électoral qui, du fait de la loi électorale, en sont exclus, et donc injustement privés de la loi, chose qu’il a estimé légitime. Cette loi prévoit, en effet, que cette frange importante de notre population ne pourrait être prise en compte que lors des scrutins à venir, après le renouvellement du fichier électoral.

Pour rencontrer cette préoccupation légitime du chef de l’Etat, des moyens importants sont nécessaires, dont ne peut à lui seul financer le Gouvernement de la République. C’est dans cette perspective qu’il faut saluer la séance de travail du week-end dernier entre la CENI et une délégation de l’Union européenne venue de Bruxelles,  conduite  par Mme Carla Montesi, Directrice Afrique Occidentale et Centrale à la Direction générale de la Coopération internationale et développement de la Commission européenne, dont l’objectif était de s’informer en profondeur sur l’état des lieux du processus électoral, plus spécifiquement en ce qui concerne les défis de financement des élections congolaises.

Les vrais problèmes financiers de la CENI

Mme Carla Montesi a voulu en savoir davantage sur les vrais problèmes financiers du processus électoral à ce stade. A cette question, le Vice-président de la CENI a fait savoir à son hôte que plusieurs défis financiers guettent le processus électoral congolais. Il a rappelé que les prévisions budgétaires de départ ayant été transmises à tous les partenaires, la CENI attend la concrétisation par acte de signature du plan de décaissement des fonds destinés au financement du processus électoral.

Prenant la parole à son tour, Mme Chantal Ngoy Tshite, a développé les quatre domaines de financement des élections congolaises à savoir : le budget de rémunération, le budget de fonctionnement, le budget des opérations et le budget d‘investissement. Elle a indiqué qu’avec 171 antennes opérationnelles sur le terrain et 26 Secrétariats exécutifs provinciaux, il y a un réel besoin d’opérationnalisation des différents démembrements de la CENI à tous les niveaux des territoires, villes et communes. L’autre besoin immédiat est lié au recrutement d’urgence pour éviter l’impréparation et se rassurer du professionnalisme dans la gestion du processus électoral. Un autre besoin annoncé à l’Union européenne est celui lié aux contraintes logistiques des opérations électorales. Raison pour laquelle la CENI a opté pour  un budget pluriannuel sur trois années.

Le Questeur de la CENI a énuméré les principaux projets demandeurs de financement à savoir : l’enrôlement des nouveaux majeurs, des retournés et des non enrôlés dont le coût est estimé à plus ou moins 75 millions de dollars américains ; le projet de transmission rapide et sécurisée des données électorales afin de crédibiliser le suivi des résultats des votes pour une somme estimative de 95 millions de dollars américains et l’appui à l’opérationnalisation des structures locales de la CENI.

Pour sa part, le Rapporteur adjoint de la CENI, le Professeur Onésime Kukatula a évoqué le besoin de financement du programme de formation et de renforcement des capacités, l’archivage et la numérisation des données afin de garantir des élections apaisées et crédibles.

Quid du bras de fer entre les deux partenaires

A cet effet, personne n’oubliera de si tôt que reçu par le chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange lors des consultations, Michel Dumond qui représentait l’Union européenne, a laissé entendre ceci : «Nous lui avons répondu que nous sommes prêts en tant qu’Union européenne à jouer un rôle positif pour les élections qui soient libres, transparentes, démocratiques, tenues selon les échéances constitutionnelles et dans le climat politique apaisé et que l’UE est prête en principe à apporter son appui au processus électoral et nous en discuterons demain au comité de partenariat avec la CENI, parce qu’il appartient à elle d’établir un calendrier faisable et réaliste », mentionne-t-il.

Cette façon de voir les choses n’avait pas plu au Gouvernement de la République, qui avait réagi à travers une mise au point. Ici, Lambert Mende, ministre de la Communication et Médias ne s’est pas fait inviter pour insister sur le fait que le Gouvernement s’inscrit en faux contre l’idée selon laquelle il  existerait des élections plus importantes que d’autres et rappelle que la matière électorale relève de la souveraineté d’un peuple. Les  élections locales, municipales, provinciales, législatives ou  présidentielle étant toutes prévues et organisées soit par la  Constitution, soit par les lois de la République, nul ne peut décréter  «peu importante » l’une quelconque d’entre elles, hormis le  constituant ou le législateur congolais.

A l’allure où vont les choses, nous sommes en droit de nous poser plusieurs questions, notamment celles de savoir, l’UE a-t-elle décidé de passer outre les conditionnalités imposées par son représentant en Rd Congo ? Et si c’est le cas, pourquoi cette délégation s’est-elle contentée à écouter la CENI sans rien dire ? Voilà autant de questions, qui trouveront peut-être des réponses appropriées dans l’avenir. Sinon, à l’heure qu’il est, il est difficile de dire quand, combien, comment l’EU accordera son financement à la Rd Congo.

Toutefois, en tenant compte des propos du Coordonnateur de l’Union européenne pour la région des Grands Lacs, Koen Vervaeke reçu par Joseph Kabila le mercredi 15 juillet 2015, il est permis d’affirmer que l’Union européenne qui prétend être un partenaire important de la RDC promet de garder ce statut à l’avenir, surtout avec des moyens importants maintenant que le cycle électoral a été identifié comme priorité aussi bien par les partenaires de la RDC que par l’institution paneuropéenne.

« Nous mesurons bien l’enjeu et l’importance… et nous souhaitons que le pays réussisse ces élections parce que c’est le meilleur gage de stabilité, de développement, de l’avenir pour le pays », a-t-il lancé.

L’Avenir