Erreur de calcul à l’opposition: Ville morte refusée

Les bourreaux d’hier crachent sur le sang qu’ils ont versé

  • Pour des raisons évidentes, la population congolaise devra vaquer librement à ses activités quotidiennes. Ce, en dépit d’une soi-disant ville morte décrétée par une opposition mi-figue mi-raisin, et dont la plupart de ses membres, cachant à l’étranger leurs familles et exposant celles des autres, devraient d’ailleurs répondre de leurs actes pour avoir fait couler le sang le 16 février 1992. Ce, alors que J. Kabila n’était même pas dans la mémoire populaire
  • En outre, lorsque certains tireurs de ficelles, aussi bien congolais qu’étrangers prennent part, en sourdine, et financent des délinquants pour semer terreur et désolation au sein de la population, mettre à feu et à sang les grandes villes de la Rdc, l’on est en droit de se demander le but poursuivi par eux, au moment où toutes les questions vitales devraient être traitées lors du Dialogue inclusif. Et ce n’est pas la Police nationale qui les laissera faire

16 février 1992 – 16 février 2016, ça fait de cela 24 ans, jour pour jour, depuis que le sang avait coulé dans les rues de Kinshasa. C’était à l’occasion d’une « Marche pacifique des chrétiens », toutes catégories confondues, en vue de la réouverture de la Conférence nationale souveraine (CNS). Le maréchal Mobutu avait à l’époque scellé les portes du Palais du peuple où se tenaient lesdites assises, sous la Présidence de Laurent Monsengwo Pasinya, alors archevêque de Kisangani. Mobutu, sentant sa mort politique venir, se voyait sur un fauteuil éjectable si jamais la CNS devrait aller jusqu’au bout.

D’où un appel à son partenaire traditionnel. Des mercenaires dits ‘’hiboux’’ sont à la suite venus de l’Angola, sous la barbe de Jonas Savimbi, roulant ce jour-là dans les rues de Kinshasa, à bord des 4 X 4 de marque Niva, en vue de l’« Opération Nganda ». Si le bilan officiel n’avait parlé que de 18 morts, l’on en a enregistré en réalité 69, un dimanche. Le sang avait coulé à flot, la fumée de gaz lacrymogène couvrait le nuage de Kinshasa, hors des maisons des politiciens qui avaient appelé à cette marche. Ils avaient d’ailleurs pris des précautions pour cacher leurs femmes et enfants dans des villes fortifiées à l’étranger, exposant la pauvre population à la colère de Mobutu qui, en réalité, n’avait plus rien sur le plan économique et personne sur le plan sécuritaire derrière lui. Les pillages de septembre 1991 sous l’égide des militaires en déphasage avec leur commandant suprême étaient tout pour tout dire.

Un véritable contraste

Mais où était Joseph Kabila ce jour-là ? Personne ne pouvait alors parler de ce jeune homme âgé d’alors 21 ans. Kabila n’était même pas dans la pensée des Congolais. Kabila n’a rien à voir dans le bain de sang du 16 septembre 1992.

Aujourd’hui, la situation est toute différente. Contrairement à Mobutu qui fermait les portes de la CNS, Kabila lui, ouvre celles du Dialogue inclusif. Un lieu des échanges enrichissants en vue de sauver la République de toute dérive éventuelle. Seuls les apprentis sorciers s’y opposent pince sans rire.

En outre, si le chef de l’Etat n’est pas partie, ni de loin ni de près dans cette situation du dimanche 16 février 1992, l’on notera que la plupart de ceux qui prônent la ville morte 24 ans plus tard étaient aux affaires. Mwando Simba, Kyungu wa Kumwanza, Martin Fayulu, Vital Kamerhe, Ingele Ifoto, José Endundo, Clément Kanku par le biais de son père,…sans en appeler au Terminator Honoré Ngbanda Zambo ko-Atumba de triste mémoire sous la gâchette de qui les dizaines des morts sont tombés dans ce carnage… Même si la liste n’est pas du tout exhaustive, et comme seul le ridicule ne tue pas, ils devraient pourtant devant le paradoxe de l’histoire et l’ironie du sort se réserver d’avoir un visage éhonté ! Dans l’entretemps, leurs enfants vivaient et continuent de vivre dans des villes de refuge de par le monde. Les pauvres victimes de leur gestion mobutienne, si elles n’y prennent garde, serviront à jamais de leur marchepied.

Dans l’organisation de la marche dite des chrétiens, soucieuse d’une certaine récupération politicienne, l’opposition à la recherche du sensationnelle ne désarma pas. Sans boussole, ni repère, les radicaux décrètent aujourd’hui une ville morte qui n’a rien à voir avec l’évènement en question. De tracts lancés par-ci par-là invitant la population à rester chez soi. Pour quel motif ? Respect de la constitution, dit-on. C’est une aberration allant du coq à l’âne lorsque l’on se lance dans la politique de prêter les intentions au lieu de procéder à l’éducation civique de ses militants et à la préparation des élections à venir. En tout cas, il n’y a aucune corrélation entre ce qui s’est passé le 16 février 1992 et ce que l’on prépare ce 16 février 2016 ! Quand le motif n’est pas connu, quand l’on passe à côté de la plaque, l’on est en droit de se poser réellement la question si l’opposition a un menu politique à proposer à la population en guise de panacée.

Larmes de crocodile

Devoir de mémoire oblige, la manifestation s’est soldée dans un bain de sang, lorsque Honoré Ngbanda, alors ministre de la Défense nationale avec son armée tira à bout portant sur les pauvres marcheurs. Aujourd’hui, larmes de crocodile à l’œil, il crie au cœur d’un peuple sans histoire en marchant sur le sang innocent qu’il avait pourtant versé, vu et bu.

Aujourd’hui, 16 février 2016, autre temps, autre mœurs. L’opposition en mal de positionnement compte récupérer la commémoration, en faire un événement politique à leur guise, alors que les initiateurs, dont essentiellement l’Eglise catholique sur ordre du Vatican, s’est désengagée de l’organisation, évitant par voie de conséquence la récupération politicienne des sans-pignon-sur-rue. Et même de fausses signatures des poids lourds bien connus ont été signalées pour soutenir une cause sans lendemains.

Le peuple congolais est mûr devant ce test de popularité. Il devrait se mettre devant ses responsabilités et jauger la finalité de cette démarche matuviste. Qu’est-ce que la stratégie ville morte a apporté à la République démocratique du Congo, ex Zaïre, avec les mêmes qui alimentent encore la mèche 24 ans après ? Déjà si l’on est en difficulté pour relever des défis de l’heure, il est d’autant plus vrai que ne pas sortir pour ses tâches de tous les jours est un crime que l’on s’impose. Car, avec la complexité des ennemis de la Rd Congo, l’on sait que certains badauds sont déjà instrumentalisés, à prix d’argent, pour se lever contre leurs frères dans cette guéguerre politicienne.

Mais l’on devra éviter de sombrer dans force contre force, quolibet contre quolibet, injure contre injure. Alors que d’aucuns en appellent à une ville morte, sauront-ils réellement contenir leurs militants qui, généralement sous un effet de l’hystérie populaire, s’en prennent finalement à tout ce qui bouge pour au finish crier au scandale aux oreilles de qui veut les entendre ? D’autre part, quelle pourrait être la réaction de ceux qui vont marcher ce jour, si jamais les saboteurs levaient le talon ? La question est tellement délicate que l’autorité de la ville-province de Kinshasa, et tous les commissaires généraux de toutes les 26 provinces devraient mettre toutes les batteries en marche, par le biais de la Police nationale et de tous les services d’intelligence pour étouffer tout projet malencontreux dans l’œuf. Mieux vaut aller au dialogue, préparer les élections à venir, aligner les candidats potentiels en vue de relever le pays que de se distraire dans la commémoration sans lendemains.

L’Avenir