Il demande la mise en place, dans les quarante-huit heures, du Comité de suivi de l’accord
Initiateur du dialogue politique national inclusif, le Président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange avait convoqué ce grand rendez-vous entre Congolais pour leur permettre de traiter de la problématique de l’organisation des élections apaisées, crédibles et transparentes. Et ce, conformément aux principes énoncés dans la Constitution de la République. C’est dans cette perspective qu’il a reçu, hier lundi au Palais de la Nation, une délégation de la Majorité présidentielle, de l’opposition politique et de la Société civile ayant participé au dialogue, conduite par le Facilitateur désigné par l’Union africaine, l’ancien Premier ministre togolais Edem Kodjo. La délégation est venue lui présenter officiellement l’accord qui était signé à l’issue du dialogue et le rapport général établi sur le déroulement des travaux du dialogue.
Comme on peut bien s’en rendre compte, à travers ce document, les « dialoguistes » ou « dialogueurs » ont offert à la nation une piste, un chemin, même si elle n’est pas une autoroute, elle ouvre néanmoins des perspectives pour bâtir l’avenir. Ainsi, les participants ont décidé d’une date pour les élections présidentielle, législative et provinciale pour avril 2018, étant entendu que le dépôt des candidatures est fixé pour octobre 2017. Ils ont adopté le fichier électoral, se sont entendus sur les réaménagements de la CENI, ont marqué leur accord pour un respect scrupuleux de la Constitution. Ils ont opté pour un Gouvernement d’union nationale et un Premier Ministre issu de l’opposition.
Etant donné que le document signé stipule dans l’une de ses dispositions qu’il sera procédé, dans les 21 jours de la signature du présent accord, à la formation d’un nouveau Gouvernement d’union nationale et dont le Premier ministre devrait être une émanation de l’opposition nationale signataire de l’accord. Dès lors, il était sage qu’avant sa mise en œuvre, ce document soit remis officiellement au Président de la République. En principe, c’est cette date de la remise de ce document au Chef de l’Etat qui sera celle qu’il faudra prendre en compte dans la formation du nouveau Gouvernement.
Soulignons, en passant, que le dialogue a commencé dans le chapiteau même de l’Union africaine, le 1erseptembre 2016. Mais en réalité, cette date a plutôt marqué l’amorce de l’atterrissage d’un processus qui avait débuté des mois auparavant. Un processus né au Congo, discuté, et parfois disputé à Addis-Abeba, à Brazzaville, à Bruxelles, à New York, à Paris, etc. Comme pour dire que Dame Béatrice l’a allaité, lui a donné une feuille de route et tous les participants l’ont nourri et entretenu dans les locaux de cette magnifique Cité de l’Union africaine.
Pas de 2ème dialogue
Après cette séance de travail avec l’Autorité suprême du pays, le Facilitateur Edem Kodjo a indiqué que la rencontre avec le Chef de l’Etat n’était pas une simple rencontre protocolaire, mais plutôt une véritable séance du travail au cours de laquelle il lui a été présenté officiellement l’accord qui était signé le 18 octobre dernier ainsi que le rapport général établi sur le déroulement des travaux du dialogue et quelques documents annexes pour que le Chef de l’Etat soit totalement informé de tout ce qui s’est passé.
A une question, Edem Kodjo a répondu que tous les Congolais sont heureux de voir cet accord signé, ajoutant que cet accord reste ouvert à tous ceux qui n’ont pas participé au dialogue. Il a précisé, à cet effet, qu’il sera signé un bureau animé par des personnes qui seront chargées d’accueillir et de recueillir les points de vue de tous ceux qui veulent adhérer à cet accord.
Dans cette condition, parler d’un deuxième dialogue ne correspond pas à grand-chose, a encore dit Edem Kodjo. C’est n’est pas de l’avis du Chef de l’Etat qui a qualifié cet accord d’historique, avant d’ajouter qu’il faut donner à cet accord toute sa portée car cela résout tous les problèmes qui ont été soulevés par les composantes de la classe politique congolaise et de la Société civile. Même si une réunion conjointe est organisée par la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL), les Nations unies, la SADC et l’Union africaine, le ministre des Affaires étrangères angolais, George Chicoti, estime que ce sommet ne va pas servir à remettre en question le contenu de l’accord politique, tel qu’il a été conclu à Kinshasa la semaine dernière. Selon lui, il n’y aura pas de nouveau dialogue, ni de nouvelle date des élections, comme le demandent les poids lourds de l’opposition. Une réponse qui vient donc consolider celle donnée hier par Edem Kodjo.
Il a exhorté le peuple congolais à la paix par le rejet de toute forme de violence et de tous les extrémismes, car dit-il, le peuple congolais mérite de bénéficier de cette paix pour pouvoir se consacrer au développement d’un pays qui est vital pour tout le continent. Car, «on ne peut prétendre aimer l’Afrique sans aimer le Congo». Il a enfin demandé à tous les Congolais de se rallier massivement à cet accord qui jette le jalon d’un processus et d’une paix durable.
Il ne fallait pas commencer par la guerre
Pour Vital Kamhere, co-modérateur pour le compte de l’opposition, il ne fallait pas commencer par la guerre pour terminer autour d’une table de négociations. Il était donc beaucoup plus sage de commencer par le dialogue, en vue d’éviter tous les moyens susceptibles de conduire à la guerre. Le Président de l’UNC a dit que le Chef de l’Etat leur a fait savoir que cet accord constituait une feuille de route, avant de les exhorter à mettre rapidement en place un comité de suivi de l’accord. Pour le Chef de l’Etat, a encore indiqué Vital Kamhere, ceux qui craignaient qu’au dialogue on allait violer la Constitution, ont tort car on ne l’a pas fait.
Ce comité de suivi qui est composé de 7 représentants de la Majorité Présidentielle, 7 représentants de l’opposition politique et 4 de la société civile doit tenir sa réunion inaugurale un mois après la signature dudit accord. Il a comme tâche notamment d’assurer le suivi du chronogramme de mise en œuvre, de communiquer régulièrement sur l’état d’avancement de la mise en œuvre, etc. Cet accord, a encore dit Vital Kamhere, donne au peuple congolais l’occasion de se choisir, d’ici seize (16) mois, son président et avoir ainsi une alternance apaisée, pour la première fois en Rdc et ce sera un moment historique aussi bien pour le Président de la République en exercice que pour celui nouvellement élu et surtout pour le peuple congolais.
Le Professeur Michel Bongongo, ministre d’Etat en charge du Budget (opposition Républicaine) a fait savoir que les Congolais ont fait un effort de s’unir, de s’écouter et d’arriver à une conclusion. Ce qui est important, pense-t-il, c’est que cet accord donne aujourd’hui un nouvel élan dans la gestion de la chose publique par l’ensemble de la classe politique congolaise. On est arrivé à mettre en œuvre tout le monde dans un dialogue inclusif, a-t-il conclu.
(JMNK)