Kabila-Gizenga, un axe de nationalistes pour le maintien du bloc lumumbiste au pouvoir

Les élections démocratiques en République démocratique du Congo ont inauguré, sous Joseph Kabila, une nouvelle ère de démocratisation jamais connue sous la Deuxième République. Ce processus s’est d’abord bâti sur les acquis de Sun City, rendant l’Accord plus global et plus inclusif d’où s’est consolidé le tandem des nationalistes ayant conduit au maintien du bloc lumumbiste au pouvoir. Ces acquis, au même titre que des défis, avaient été définis en matière d’appui à la gouvernance démocratique et à la consolidation des institutions démocratiquement prouvées ces jours.

Pas anodine la rencontre entre le nouveau Secrétaire permanent du Palu et le chef de la Maison civile du chef de l’Etat. A l’heure des enjeux existentiels pour la RDC, l’axe Kabila-Gizenga s’impose plus que jamais. Au Raïs de ne suivre tous ceux qui, pour leur confort personnel, s’activent à saborder cet acquis essentiel au maintien des Nationalistes au pouvoir.

Comme en 2006 et en 2011, la RDC négocie un virage crucial avec l’échéance mère de 2016. Une présidentielle, synonyme d’un saut dans l’inconnu, si l’on ne gère pas avec responsabilité les vrais enjeux que charrie l’horizon 2016. C’est là que des analystes pointus remettent le curseur sur l’axe Kabila-Gizenga.

Nourris aux mamelles du nationalisme lumumbiste, le Raïs et le Palu n’ont d’autre choix sérieux que de redonner vigueur à leur front. Car, l’alternative au pouvoir actuel ne saurait être que les forces coalisées de droite. Par droite, il faut entendre les rejetons du groupe de Binza et tous les néo-mobutistes opportunément présents dans presque toutes les loges et formations politiques.

En ce compris, hélas, la kabilie. Face à la résurgence de toutes ces forces, l’unité idéologique qu’offre le référentiel lumumbiste est la seule garantie de succès pour le Président Kabila et son allié Palu. En 2006, Antoine Gizenga avait pesé de tout son poids pour permettre aux descendants idéologiques de Lumumba de remporter la mise. Le leader du Palu aurait cédé aux sirènes de la fameuse géopolitique que cela aurait dangereusement changé la donne.

A l’époque, d’aucuns en appelaient à la notion  » anti unité nationale  » Est- Ouest. A savoir qu’Antoine Gizenga devait jouer la carte Bemba- Equateur-, un ressortissant de l’Ouest comme lui. C’était sous-estimer la fibre patriotique du patriarche des lumumbistes. Antoine Gizenga fera alliance avec le candidat Joseph Kabila. Une alliance naturelle, parce que reposant sur l’idéologie que les deux personnalités ont en partage. La même cohérence a conduit le Palu à soutenir Joseph Kabila cinq ans plus tard.

Un Apport Sociologique Indéniable

L’apport d’Antoine Gizenga ne se réduit pas à de la simple arithmétique. Il s’évalue surtout en termes sociologiques. Hier comme aujourd’hui, le Palu est le parti de la Majorité le plus ancré dans l’ex-province de Léopoldville. C’est-à-dire à Kinshasa et dans son hinterland bandundois (Kwango-Kwilu).



Un positionnement qui fait du Palu une force à nul autre pareil en ce que ce parti a prise sur l’espace, notamment sur les quartiers populeux de la capitale. Ces cités qui confèrent une caution populaire à tout pouvoir qui s’installe à Kinshasa. On peut en juger par la spontanéité des rassemblements des militants Palu. Pas évident pour nombre de partis de la Majorité, même de l’opposition.



Une campagne orchestrée par ceux qui veulent éloigner le Raïs de son allié de taille. Ce n’est pas par hasard que la rue kinoise, d’ordinaire braillarde, a perdu un peu de son activisme. L’une des raisons c’est qu’aux côtés de l’UDPS, le Palu fait partie de pourvoyeurs de contestataires.

C’est pourquoi, de plus en plus de voix s’élèvent pour suggérer à la kabilie une lecture appropriée de la donne Palu. Le Président n’aurait rien à gagner en suivant ceux qui, pour leur positionnement personnel, investissent dans la sape du Palu. Cette campagne qui passe par des manœuvres visant la déstabilisation de ce parti très installé dans cet ouest si stratégique.

Un Palu affaibli ne profiterait guère au camp présidentiel. Un Palu sevré de fidèles lieutenants de Gizenga en qui la base se reconnaît représenterait une menace contre le camp nationaliste. Et donc contre Joseph Kabila. Le Président n’a donc aucun intérêt à perdre l’un des rares partis à pouvoir mobiliser presque naturellement les troupes dans la ville où se jouera la mère de batailles.

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