La Loi Dodd-Frank sur les minerais de la RDC divise

Selon une certaine presse, cette mesure américaine, prise par l’administration Obama, qui en théorie devait tarir le commerce des « minerais du conflit » et protéger les habitants d’une des régions les plus fragiles d’Afrique, en pratique, c’est à peu près tout l’inverse!

Depuis plusieurs années, les minerais sont considérés comme un fléau qui ruine des vies en RD Congo.

Ils sont à la base des crises et des conflits qui ravagent particulièrement la partie Est du pays. Des indications données relèvent que, les collines de l’Est seraient riches de plus de « 24.000 milliards de dollars » d’or, de tantalite, d’étain et de tungstène.

Aussi, ces minerais sont une importante source de trafics et font engraisser les poches des gardes privées, des milices et des soldats congolais qui régentent les exploitations, font parler les armes et violent les femmes de la région.

C’est ainsi qu’un message a été véhiculé par des ONG, que ces « minerais dit de conflit » soient à l’origine d’une des plus graves épidémies de violences sexuelles actuelles.

Métaux nerfs de la guerre

C’est dans ce cadre qu’il a été dit que ces métaux, constituant des matières premières de « nos iPhones et autres gadgets » sont des nerfs de la guerre. La solution pour beaucoup, individus et entreprises, de cesser avec l’achat ces minerais maudits.

Pour mettre fin à ces minerais du sans, le Congrès américain a adopté la loi Dodd-Frank 2010. Une véritable réforme financière pour l’Administration.

Selon le texte, les entreprises américaines du secteur sont obligées de déclarer si elles utilisent de la tantalite, du tungstène, de l’étain et de l’or importés du Congo, et si ces minerais proviennent de zones de conflits.

Les minerais doit ainsi passer un processus, jugé coûteux, de certification mine par mine. le processus s’appelle le « Mécanisme de certification régional », mis en œuvre sous la houlette de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), organisation intergouvernementale rassemblant 12 pays africains. Les premières déclarations ont dû être déposées en mai 2014.

Le problème ce que, déterminer si un produit est « sans conflit », comme le veut le label officiel, n’a vraiment rien de simple, estiment bon nombre de ses détracteurs, selon des sources. Ainsi pour eux, le message selon lequel les minerais congolais seraient la cause des viols et autres atrocités n’est pas non plus tout à fait vrai.

La Loi Dodd-Franc n’a fait cependant l’unanimité. C’est ainsi qu’au début septembre 2014, soixante-dix universitaires, chercheurs, journalistes et membres associatifs publiaient une cinglante lettre ouverte critiquant la loi Dodd-Frank et ses partisans.

C’est une tribune qui affirme que les organisations et les activistes militant pour l’arrêt du commerce de ces minerais risquent d’entraîner « l’aggravation, et non pas l’atténuation des conflits qu’ils entendent précisément combattre ».

La Loi Dodd-Frank critiquée

Pour ceux qui contre la Loi Dodd-Frank, « une telle campagne relève d’une erreur fondamentale sur les liens entre minerais et conflit » au Congo, ont soutenu les signataires, certains sont même allés plus loin, en accusant les partisans de l’élaboration et de l’application de la loi Dodd-Frank d’avoir déformé la réalité congolaise, au nom de ce qu’ils estimaient être l’intérêt général.

Deux mois plus tard, le 30 novembre 2014, le Washington Post publiait un très long reportage décrivant la manière dont la loi Dodd-Frank avait « déclenché une série d’événements ayant enfoncé des millions de mineurs et leurs familles dans les tréfonds de la pauvreté ».

Parmi les signataires de la lettre ouverte, Ben Radley, chercheur indépendant et réalisateur d’un documentaire sur les conséquences de la loi Dodd-Frank en RD Congo.

Il résume ainsi son inquiétude, si la notion de « minerais du conflit » arrange bien ceux qui vivent à des milliers de kilomètres de l’Afrique, elle engendre d’extrêmes difficultés pour les mineurs et leurs familles.

« Les mineurs congolais « , déclare Ben Radley, » sont en train de payer pour la bonne conscience des consommateurs occidentaux ».

Au cœur de ce paradoxe, on trouve toute une série de mythes. Des mythes véhiculés avec force et portant sur le fonctionnement des mines congolaises, les conséquences du conflit sur le pays et la manière précise dont l’approvisionnement en minerais est régulé au sein d’un marché mondial.

Par LKT