Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, « Mula Nkwasa », l’opposant historique de la République démocratique du Congo, président du Conseil des sages du Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement et président du Conseil National de Suivi de l’Accord (CNSA), est décédé hier mercredi 01 février à l’hôpital St Elisabeth d’Ucclede Bruxelles en Belgique à 17h22. « Le président Tshisekedi est décédé aujourd’hui à 17H42 à Bruxelles » (16H42 GMT), a déclaré à l’AFP Bruno Tshibala, Secrétaire-général adjoint de l’UDPS. Selon Félix Tshisekedi, son fils interrogé par Jeune Afrique, il aurait succombé à une embolie pulmonaire. Soulignons qu’Etienne Tshisekedi était arrivé en Belgique le 24 janvier dernier pour y subir un check-up médical.
C’est l’Agence de presse Reuters qui a sonné l’alarme sur la disparition inopinée du Sphinx de Limete : « Le chef de l’opposition congolaise, Etienne Tshisekedi, l’un des plus importants défenseurs de la démocratie au Congo, est décédé à Bruxelles à l’âge de 84 ans, ont déclaré mercredi des sources diplomatiques ».
De bonnes sources, nous apprenons que Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo serait déjà Bruxelles, afin de se conformer aux formalités de rapatriement du corps. Même le député Francis Kalombo a tweeté sur le décès de l’icône de la démocratie congolaise : « La lutte continue. Nous continuerons ton combat pour la démocratie et de l’Etat de droit. Repose en paix ».
Quel avenir pour le Rassemblement ?
La nouvelle du décès du père de la démocratie en Rd Congo intervient le jour où la Majorité Présidentielle et le Rassemblement, plate-forme qu’il dirigeait jusque-là, multiplient des rencontres informelles depuis le départ des Evêques pour tenter de s’accorder sur les points de divergences qui ont occasionné la non-signature, samedi 28 janvier dernier de l’accord sur l’arrangement particulier. Jusqu’ici, aucune avancée n’est encore signalée au sujet des points majeurs, notamment le mode de désignation du Premier ministre et le rôle de la CENCO pendant la période pré-électoral.
Quel sera l’avenir du Rassemblement, structure créée à Genval en Belgique pour fédérer l’opposition congolaise, après la mort du Lider Maximo, celui-là même qui aura permis à l’opposition congolaise de s’exprimer d’une seule voix ? Qui prendra le leadership dans ce regroupement où les ambitions sont multiples et s’entrechoquent ? Que deviendra l’accord de la Saint-Sylvestre négocié pour trouver solution face à la non organisation des élections ? Sinon, il appartiendra à tous les membres du Rassemblement de se souder comme un seul homme, afin d’affronter les enjeux et les défis de l’heure, notamment faire un choix judicieux sur un Premier ministre capable de conduire le pays vers l’organisation des élections, prélude à un avenir radieux des Congolais.
En plus, quelle sera la santé de l’UDPS, lorsqu’on sait qu’il est difficile, voire impossible de remplacer un baobab, voire un monument de la trempe d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba ? Logiquement, il appartiendra au parti, s’il veut éviter l’implosion, au lendemain de la formation d’un Gouvernement d’union nationale, de se regarder en face et de solidifier le parti.
Communiqué de l’UDPS
L’Union pour la démocratie et le progrès Social, UDPS en sigle, tient à informer l’opinion tant nationale qu’internationale du décès de son Président Monsieur Etienne Tshisekedi Wa Mulumba mort ce mercredi 01 février 2016 vers 17 heures 22″ à l’hôpital Sainte Elisabeth à Bruxelles.
Le programme de ses obsèques sera rendu public dans les heures qui viennent.
Fait à Kinshasa, le 01 février 2017
Augustin KABUYA
Porte-parole de l’UDPS
Qui est Etienne Tshisekedi wa Mulumba ?
Étienne Tshisekedi wa Mulumba, né à Kananga (alors Luluabourg au Congo belge) le 14 décembre 1932, et mort le 1er février 2017, est un homme politique de la République démocratique du Congo (RDC), ancien Premier ministre du Zaïre (nom de la RDC sous Mobutu) et président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Il est d’origine Luba. Étienne Tshisekedi obtient son diplôme de docteur en droit à l’Université Lovanium de Kinshasa en 1961, devenant ainsi le premier diplômé en droit du Congo.
Sa vie politique
Déjà en 1960, il est membre du collège des Commissaires généraux, gouvernement provisoire mis en place par Joseph-Désiré Mobutu après un coup d’État, en tant qu’adjoint du commissaire à la Justice, Marcel Lihau.
Les historiens Jean Mpisi, Ludo de Witte et d’autres l’accusent d’avoir pris part à l’extradition de plusieurs lumumbistes (Pierre Léopold Elengesa, Jacques Fataki, Jean-Pierre Finant, Emmanuel Nzuzi, Jacques Lumbala, Christophe Muzungu, Joseph Mbuyi, Barthélémy Mujanayi, Camile Yangara) vers le Sud-Kasaï sécessionniste, mettant en avant une lettre publiée dans le journal La Nation en chantier au 18 janvier 1993 sous les ordres de Mobutu. Cette lettre à Sa Majesté l’Empereur du Sud Kasaï « le Mulopwe » à Bakwanga, datée du 23 décembre 1960, est destinée à Albert Kalonji, et est, depuis 1993, copiée et recopiée dans les milieux congolais, sans qu’elle soit attestée ni contestée par Tshisekedi. Néanmoins c’est Tshisekedi qui, fin septembre 1960, fut un des premiers à exiger des mesures fermes contre Lumumba.
Dans cette lettre, Tshisekedi exprime son contentement à propos de l’incarcération des « principaux lieutenants du crapaud » Patrice Lumumba. Il dit que son équipe « reste concentrée sur le sort à réserver à ses anciens collaborateurs pour empêcher la pérennisation de son œuvre de destruction », et extrade ces lumumbistes « aux fins de leur faire subir un châtiment exemplaire » et que « c’est de cette manière que nous serons utiles à la cause que vous défendez ».
Entre 1961 et 1965, Étienne Tshisekedi est le recteur de l’École nationale de droit et d’administration (ENDA). Il participe au gouvernement congolais et devient ministre de l’Intérieur et des Affaires coutumières du président Joseph-Désiré Mobutu en 1965. Il prend part à la rédaction de la Constitution congolaise de 1967. Cette même année, au conclave de Nsele, Tshisekedi rédige, avec Mobutu, Justin Bomboko et Singa Udjuu, le manifeste de la Nsele, créant ainsi le Mouvement populaire de la Révolution. Ce parti devient ensuite le parti unique.
Le manifeste de la Nsele dans sa version originale prévoyait l’existence de deux partis politiques au Congo. Mobutu le modifie unilatéralement en consacrant le monopartisme avant d’éloigner progressivement Tshisekedi à cause de l’intransigeance de ce dernier vis-à-vis du monopartisme.
En 1980, le président de l’Assemblée nationale, Kalume, meurt. Mobutu nomme Nzondomio Adokpelingbo au lieu de son remplaçant légal, Tshisekedi. En décembre 1980, Tshisekedi et d’autres parlementaires rédigent une lettre ouverte à Mobutu, la Lettre des 13 parlementaires.
En 1982, Tshisekedi participe à la fondation de l’UDPS. À la suite de cela, il est plusieurs fois emprisonné et subit une oppression avec les autres fondateurs, certains trouvent même la mort.
Lors de la période d’instabilité politique au début des années 1990, le Zaïre met en place une Conférence nationale souveraine chargée de redresser le pays. Ce forum national élit Tshisekedi Premier ministre le 15 août 1992.
Tshisekedi accède une première fois au poste de Premier ministre entre le 29 septembre et le 1er novembre 1991.
En tant qu’un des principaux opposants du pays, Tshisekedi ne peut mener à bien sa mission de remise sur pied du pays les occidentaux lui préfèrent KengowaDondo et Mobutu le hait. À l’encontre des résolutions de la Conférence nationale, Mobutu démet Tshisekedi de son poste de Premier ministre le 5 février 1993.
En 1997, Mobutu, malade, n’exerce plus le pouvoir et les troupes de Laurent-Désiré Kabila s’approchent de la capitale. Pendant cette période, un vide politique s’installe à Kinshasa et un semblant d’anarchie y règne. Pour combler ce vide, Tshisekedi est de nouveau nommé Premier ministre du 2 au 9 avril 1997.
En mars 1998, la commission congolaise qui prépare une nouvelle constitution a fait savoir que Tshisekedi était déchu de ses droits politiques pour son rôle dans la mort de Patrice Lumumba en 1960 et 1961.
En 2003 Tshisekedi refuse d’entrer dans le gouvernement de transition. Il est depuis 1997, avec l’UDPS, à la tête d’un mouvement d’opposition non violent, ayant été à diverses reprises l’instigateur de manifestations, et à l’origine du boycott, avec peu de succès, du référendum du 18 décembre 2005 sur la constitution d’une Troisième République.
Le 23 décembre 2011, à l’issue d’une élection présidentielle truffée d’« irrégularités » selon plusieurs organismes locaux et internationaux ayant participé en tant que témoins à ce scrutin, Joseph Kabila est proclamé Président de la république. Étienne Tshisekedi, qui est arrivé premier au cours du premier tour, revendique la victoire définitive. Il s’auto-proclame par la suite président de la République démocratique du Congo, a prêté serment depuis sa résidence de Limete.
En mars 2012, plusieurs partis politiques dont l’Union pour la démocratie et le progrès social, la Démocratie chrétienne (DC) et le G14, des associations de la société civile, des autorités traditionnelles et des associations de jeunes se regroupent en une plateforme, la Majorité présidentielle populaire.
En juillet 2014, Tshisekedi quitte la RDC pour la Belgique où il est traité pour des problèmes de santé. Il y reste jusqu’en juillet 2016 où il effectue un retour à Kinshasa, applaudi par des centaines de milliers de Congolais. Fin janvier 2017, alors que l’UDPS participe aux négociations avec le président Kabila qui reste au pouvoir, Tshisekedi quitte Kinshasa pour Bruxelles pour raison de santé.
Etienne Tshisekedi est emmené pour “un check up” médical à Bruxelles par avion privé le 24 janvier. C’est ainsi qu’il décède le 1er février 2017. Pais à ton âme, cher leader maximo.
(BernetelMakambo)