Lambert Mende s’adresse au Sénateur américain Edward J. Markey

Chaque jour qui passe, à partir de l’hémisphère Nord de la planète, divers acteurs étrangers se croient autorisés à s’immiscer dans les affaires intérieures de la RDC et à asséner des injonctions, parfois à tort et à travers, sur ses dirigeants.

A Monsieur le Sénateur Edward J. Markey 255, Dirksen Senate Office Building Washington DC 20510 (USA) 

Monsieur le Sénateur,

Le but de la présente est de porter à votre attention quelques réflexions sur votre correspondance au Secrétaire d’Etat John Kerry concernant notre pays la République Démocratique du Congo (RDC) assaisonnée de menaces à l’encontre de son Président Joseph Kabila, lesquelles confirment une fois de plus la réputation qu’a ce pays d’être tellement exceptionnel qu’il ne laisse personne indifférent.

En effet, chaque jour qui passe, à partir de l’hémisphère Nord de la planète, divers acteurs étrangers se croient autorisés à s’immiscer dans les affaires intérieures de la RDC et à asséner des injonctions, parfois à tort et à travers, sur ses dirigeants. Ils s’octroient on ne sait trop sur quelle base une « mission civilisatrice voire un rôle d’inventeurs de destin prêt-à-porter pour un pays qui n’est pas le leur, tandis que d’autres, nostalgiques d’un passé révolu, continuent à considérer la RDC comme le théâtre de la survivance du projet de « colonie de tous » que le ruse roi des Belges Léopold II offrit à ses partenaires occidentaux entre 1885 et 1908.

Comme si vous lisiez les intentions politiques cachées du Président Kabila dans une boule de cristal, après des attaques virulentes contre ce dernier, vous avez, dans le pur style d’un proconsul, annoncé apocalypse qui s’abattrait sur lui au cas où vos désirs n’étaient pas satisfaits.

Ironie de l’histoire, vous présentez cette charge musclée contre le Président Kabila et son régime comme le symbole de la grande compassion que vous éprouveriez à l’égard de notre peuple dont manifestement vous ignorez, l’histoire, les réalités et les conditions. En témoignent, votre rengaine sur les thèses d’une certaine opposition extrémiste et somme toute peu représentative de l’opinion des Congolaises et des Congolais ainsi que votre méconnaissance du fait avéré que des contraintes réelles pèsent sur notre processus électoral. Pour votre gouverne ces contraintes sont de divers ordres, notamment:

– législatif : retard dans l’adoption de certaines lois dans les chambres parlementaires,

– technique : vol des kits d’identification électorale pendant la guerre d’agression des dernières années contre notre pays grâce auxquels des réseaux mafieux fabriquent des cartes d’électeurs dans quelques pays voisins,

–    logistique et financière: rétrécissement des ressources budgétaires de l’Etat du fait de la chute des cours de nos principales matières premières et insuffisance des moyens proposés par la solidarité internationale. A ce propos, il n’est pas inutile de noter que sur les 1.200.000000 USD sollicités par la centrale électorale pour le financement du processus, les USA votre pays n’ont promis qu’une contribution de 20.000.000 USD dont personne n’a encore vu jusqu’â ce jour le moindre sou vaillant.

Nous déplorons que sans tenir compte de ces contraintes ni avancer d’autres propositions quant à la participation financière de votre pays audit processus électoral, vous vous limitez au rôle de donneur de leçons et d’oukases et à la préconisation des sanctions contre notre Chef d’Etat sur base de procès d’intentions comme si la RDC était devenue un énième Etat des Etats-Unis d’Amérique.

Par ailleurs, vous seriez plus solidaire des « pauvres congolais qui souffrent tant » en sollicitant des sanctions contre certaines ONGs américaines dont on vient de découvrir qu’elles nourrissent et financent les terroristes des groupes armés, bourreaux des populations de l’Est de la RDC, en commerçant avec eux pour faciliter le blanchiment du fruit de leurs pillages.

Lambert Mende Omalanga

(Ministre de la Communication et Médias, Porte-parole du Gouvernement de la RDC)

 

L’Observateur