L’actualité politique en RDC est dominée, ces derniers jours, par le dialogue auquel le Chef de l’Etat a décidé de convier la frange de la classe politique appelée Opposition.
Il faut d’emblée saluer cette belle initiative du Président de la République. Ce n’est d’ailleurs pas une surprise, l’homme étant habitué des dialogues, même dans les moments les plus difficiles de la vie de la nation, même lorsque la plupart de ses partisans ne le trouvent pas opportun. Là, seul contre tous, il décide de voguer à contre-courant de la vision des choses de sa famille politique.
Mais au finish, celle-ci finit toujours par lui donner raison car, en tant que garant de la nation, Joseph Kabila sait qu’il lui faut, lorsque les impératifs l’exigent, se surpasser, surpasser le cadre de son appartenance politique, pour se situer au niveau de la nation.
C’est dans ce cadre que très peu de gens, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, comprenaient qu’il ait laissé faire les choses, il y a une décennie, jusqu’à accepter de partager son pouvoir avec quatre vice-présidents.
Une frange de l’Opposition n’étant jamais d’accord avec ces concertations, voici que le Président de la République, alors que le pays s’est déjà engagé dans le cycle électoral 2015-2016, qui écoute cette Opposition et se résout à dialoguer avec elle. Des émissaires ont, à cet effet, été envoyés dans les différents états-majors dans le but de préparer cette rencontre entre Congolais.Dernièrement encore, alors que rien ne l’y obligeait, il avait organisé les concertations nationales dont l’application de l’une des résolutions a été la formation de l’actuel gouvernement qui compte en son sein plusieurs opposants.
Cependant, cette idée prend à peine corps que les éternels démons des politiciens congolais resurgissent. Chassez le naturel, dit-on, il revient au galop.
Lorsqu’ils réclamaient à cor et à cri un dialogue, tout le monde croyait qu’ils avaient effectivement à dire, à proposer avec élégance, pour la réussite du processus électoral et, plus généralement, pour la bonne marche du bien commun à tous, c’est-à-dire la RDC.
Mais certains ténors de cette Opposition montent déjà les enchères, veulent se situer nettement au-dessus des autres, et font entendre un discours totalement différent de tout ce qui a trait aux élections.
Seule l’entrée au gouvernement semble désormais les intéresser. Comme toujours. C’est encore la sempiternelle question du partage du gâteau national. Comme quoi, à côté de la misère dans laquelle croupit le peuple congolais, ceux qui crient sur tous les toits vouloir le servir, mieux le servir que ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir, ne s’intéressent qu’à leur propre enrichissement. Seuls leurs intérêts les préoccupent à présent, comme toujours d’ailleurs.
De sources généralement bien informées, nous apprenons qu’après Félix Tshisekedi, c’est au tour de Vital Kamerhe d’exiger à présent la Primature. Mais qu’est-ce qui fait donc courir ces opposants ? Se désintéresseraient-ils subitement de la Présidence de la République ?
Le président de l’UNC aurait, en effet, conditionné la tenue de ce dialogue à la formation d’un gouvernement d’union nationale dont il serait le Premier ministre. Mais, avant lui, le fils du leader maximo de l’UDPS aurait également posé la même condition. Mais vu sa carrure politique, qui n’est pas encore assez étoffée, Félix Tshisekedi aurait accepté d’être Ministre, avec l’épithète de Vice-premier ministre au-dessus.
Le peuple congolais, qui n’est pas dupe, doit ouvrir l’œil, et le bon, afin de mieux regarder tous ces gens qui lui tiennent des discours tonitruants, parfois enflammés, à longueurs des journées. Est-ce lui qu’ils cherchent effectivement à servir, ou pensent-ils plutôt à autre chose tout en disant ce qu’ils lui répètent chaque jour ? Ne le prennent-ils pas finalement pour le dindon de la farce ?
Et puis, pourquoi cet attrait pour la Primature, et le gouvernement d’une manière générale ? A-t-on présentement un problème de gouvernement dans ce pays ? Les gens se plaignent-ils des insuffisances du gouvernement ? Matata Ponyo et ses ministres ne jouent-ils pas le rôle qui est le leur, dans la réalisation du programme du Chef de l’Etat ?
L’initiative de Joseph Kabila de s’entretenir avec l’Opposition est excellente, répétons-le. Mais chacun doit plutôt surpasser sa petite personne pour considérer, enfin, l’intérêt supérieur de la nation.
Ntumba Mvemba/ L’observateur