Quant au phénomène du terrorisme qui prend de l’ampleur, Didier Reynders a reconnu que certaines régions sont confrontées à ce phénomène, notamment la Libye, la Syrie, l’Irak, sans oublier la Belgique qui a connu ce cas avec les combattants étrangers revenus de la Syrie.
Il a évoqué malheureusement les attentats de Paris, Copenhague, les minorités chrétiennes d’Egypte qui ont été lourdement frappées.
Ce que je peux dire en la matière, c’est vrai avec les pays de la Région, nous essayons d’échanger de plus d’informations qui est le premier élément clef à court terme. Comment échanger de l’information pour éviter que des actes du terrorisme ne puisse se produire ? En Belgique, nous avons mené les opérations de police qui ont permis d’éviter les attentats éminents, mais le risque zéro n’existe pas, il faut continuer à échanger de l’information. Plus fondamentalement, la coopération entre nos deux pays sert à cela également, on doit lutter contre toute forme d’extrémisme. Donc, il y a un travail de longue haleine, à moyen, à court et long terme pour faire en sorte qu’on puisse éviter que les jeunes, les moins jeunes se radicalisent et ne tombent dans l’extrémisme, parfois dans l’extrémisme violent », a-t-il indiqué.
A force d’incorporer les indisciplinés, on finit par incorporer l’indiscipline
Quant à la coopération entre les deux pays, Didier Reynders a reconnu qu’il y a une continuité entre les deux pays. Sur ce, il est revenu sur trois éléments très importants à savoir, le souhait de son pays de collaborer aux opérations de réinsertion, de réintégration d’un certain nombre de personnes qui ont été désarmées notamment le M23. Et la Belgique tente de convaincre un certain nombre de pays de la région pour permettre cette réintégration, afin de le faire si possible par la voie civile.
« A force d’incorporer les indisciplinés, on finit par incorporer l’indiscipline. Donc, on prépare des mouvements futurs. Je suis heureux de voir qu’on travaille de plus en plus en une réinsertion en dehors des forces armées, dans un cadre civil. Nous pouvons aider dans la discussion avec les pays voisins, peut être aussi sur le terrain au Congo pour voir où on va intégrer et réintégrer un certain nombre de civils », a-t-il poursuivi. A propos des FDLR, Didier Reynders se réjouit de la détermination du Gouvernement congolais et du Président de la République, Joseph Kabila en particulier à mener les opérations sur le terrain. La Belgique, son pays, ne cherchera pas à décourager les opérations congolaises. « Nous allons travailler de sorte que les accords pragmatiques puissent permettre que la logistique de la Monusco puisse intervenir en support », a-t-il fait entendre.
Le troisième élément dans l’avenir consiste à discuter du mandat de la Monusco, de réfléchir à la meilleure manière d’être efficace sur terrain, avec quelle taille, quel type de représentation des Nations Unies sur le terrain au Congo ? Et aussi quelle relation bilatérale notamment dans la réforme des forces de sécurités, dont la Belgique joue un rôle important et compte poursuivre cette collaboration de sécurité à l’Est, surtout cette continuité en voyant les effets très positifs avec l’éradication de M23, les incidents graves autour de Beni, et on souhaite voir ces mêmes effets autour des FDLR.
Quant à Alexander De Croo, la coopération belge consiste en une coopération de proximité, dont le résultat doit être inclusif. La Belgique est très présente dans plusieurs domaines dont la santé, l’agriculture, l’éducation avec l’enseignement professionnel qui sont plus visibles. La Belgique souhaite un engagement mutuel avec la RD Congo pour mener certaines actions.
Raymond Tshibanda recadre les choses sur la souveraineté des Etats
L’effet du terrorisme n’est pas seulement en Syrie, en Libye ou en Irak, mais aussi au Nigéria avec Boko Haram et au Congo avec les bandits des ADF/NALU. Pour cette question, la RD Congo a été très active lors du dernier Sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement qui s’est tenu à Yaoundé, au Cameroun. Il partage notamment la nécessité de lutter contre l’extrémisme qui est une forme de radicalisme. « Je voudrais ajouter qu’il est aussi important à la lumière de ce qu’on voit, de veiller à ne pas affaiblir les Etats. Là où l’Etat finit par disparaître se crée un terrain fertile de la prolifération du terrorisme », soutient-il.
Concernant la brouille entre la RD Congo et la Monusco, Raymond Tshibanda a rappelé la réponse du Gouvernement congolais à la Monusco qui a dit son refus de l’assister. « Nous avons pris acte parce que nous avons des engagements auxquels nous avons souscrit, notamment celui de neutraliser les forces négatives qui ont semé mort et désolation dans la partie Est de notre pays et qui ont été un facteur de conflit entre notre pays et ses voisins de l’Est », précise le patron de la diplomatie congolaise.
« Notre souhait aurait été bien entendu que nous disposions de cet appui, mais si la Monusco estime ne pas pouvoir le faire, nous prenons acte. Nous regrettons et nous interrogeons parce que le mandat de la Monusco, celui de la brigade c’est bien celui-là : aider à neutraliser ces forces négatives. Si face à ce mandat ils préfèrent d’autres considérations de ne pas être au rendez-vous quand c’est le moment, je pense à tout le moins on doit pouvoir s’interroger », s’est indigné Raymond Tshibanda.
(Pius Romain Rolland)