Le Congo a envie de Kabila, parce que le Congo a envie de la paix… Le Congo a envie de la stabilité, et la stabilité, c’est Kabila qui l’apporte aujourd’hui. Le Congo veut construire sa prospérité et, aujourd’hui, cette prospérité comme construction est entamée justement avec Kabila, dixit Kin Kiey Mulumba.
Ministre congolais des Relations avec le Parlement, Tryphon Kin-Kiey Mulumba a été reçu sur le plateau d’Africa24 TV le mardi 11 août dernier.
Le président de l’association « Kabila Désir » a passé au peigne fin les questions brûlantes d’actualité en République démocratique du Congo.
Du vote, au Sénat, de la loi sur la répartition des sièges, à l’appel à un troisième mandat de Joseph Kabila. Ci-dessous, le condensé de cette interview à bâtons rompus.
RFI : Pourquoi militez-vous pour un troisième mandat du résident Joseph Kabila ?
Kin Kiey Mulumba : Je ne milite pas pour un 3ème mandat du président Kabila. Nous militons pour la reconnaissance d’un homme, Kabila, qui a permis à ce pays, le Congo d’avoir la paix, la stabilité et de se trouver dans une position de prospérité.
Vous militez pour qu’il reste au pouvoir au-delà de novembre 2016.
Nous disons qu’il y a une envie de Kabila.
Ce que vous appelez « Kabila désir » ?
Oui. Nous estimons que des hommes d’exception ne viennent pas tous les 10 ans.
Vous pensez que c’est l’homme qui peut garantir le maintien de la paix dans le territoire congolais ?
Aujourd’hui, très certainement. Nous avons 400 tribus contrairement à d’autres qui n’en ont que deux ou trois. Nous sommes un pays continent. Donc, ce n’est pas un coup d’âme qui peut venir comme ça et maitriser un tel pays.
A Kinshasa, ce projet de troisième mandat pour le président Joseph Kabila est très impopulaire. La preuve, les manifestations qui ont fait reculer le pouvoir en janvier dernier sur l’affaire du recensement électoral. Est-ce que votre forcing ne risque pas de faire redescendre les gens dans la rue ?
Non. Nous disons qu’il faut expliquer aux gens. Il y a de la manipulation au niveau de Kinshasa. Il y a des hommes politiques qui sont en pointe. Nous avons 400 journaux. Nous avons 200 radios et télévisions. Je pense qu’il faut pouvoir canaliser ces moyens de communication, expliquer aux congolais pour qu’ils comprennent que le besoin de paix est important. S’il n’y a pas de stabilité, on ne peut rien construire.
Depuis 10 mois, depuis la chute de Blaise Compaoré, il y a une soif d’alternance qui s’exprime de plus en plus dans la jeunesse africaine. Est-ce que vous ne craignez pas d’un effet Burkina au Congo-Kinshasa ?
C’est quoi le Burkina Faso ? C’est un pays qui n’a pas la taille du Congo. C’est un pays qui n’a que deux ethnies. Le Congo en a 400. C’est différent.
Et cette jeunesse qui s’était exprimée à Kinshasa en janvier ?
La jeunesse a soif de rêve. Et le rêve ce sont des industries qui se mettent en place. Le rêve, c’est l’emploi. Il y a beaucoup de chômeurs, en effet. Je pense qu’aujourd’hui, avec l’économie qui tourne, certainement le rêve de ces jeunes va se réaliser. Le rêve ce n’est pas seulement descendre dans la rue. Justement descendre dans la rue c’est briser son rêve. Le rêve, c’est l’emploi.
Au Burundi, le passage en force de Pierre Nkurunziza pour un 3ème mandat a fait des nombreuses victimes. Est-ce que vous ne craignez pas le même scénario dans votre pays ?
Le Burundi, c’est un peu comme le Rwanda où deux ethnies se combattent. Nous ne sommes pas dans la situation du Burundi. Je connais très bien l’Est du Congo. Donc, le problème du Burundi avec des présidents qui sont morts. Le problème de l’Est, ce n’est pas le problème du Congo.
Et quand Barack Obama dit « au bout de deux mandats, je m’en irais » parce que c’est la loi et parce j’aurais fait ce que j’ai à faire. » Qu’est-ce vous répondez ?
C’est déjà entendu de sa bouche, c’est que je suis fils d’un africain, c’est que je n’ai pas de leçon à donner à l’Afrique, c’est que l’Afrique a son destin en main. Voilà.
Le démocrate chrétien, Diomi Dongala en prison depuis deux ans pour une histoire des mœurs très controversée, le bâtonnier Jean-Claude Muyambo et les militants de Filimbi en prison depuis 8 mois pour des raisons apparemment très politiques. Est-ce qu’il n’est pas temps pour que le pouvoir fasse un geste ?
Nous estimons qu’on ne peut pas arrêter indument des gens. Les droits de l’homme doivent être respectés. Je connais très bien toutes ces personnes dont vous parlez. Je connais Jean-Claude Muyambo. C’est même un ami personnel. Muyambo a siégé avec moi au sein de la majorité présidentielle. Et il a rejoint son ami Moïse Katumbi après l’avoir critiqué. Ils étaient opposés. Qu’est-ce qui les a remis ensemble ? Je ne sais pas. Je connais très mal ce dossier. Mais, j’estime que quand il s’agit des droits, de l’homme, c’est important. Les droits de l’homme doivent être respectés.
Donc, vous plaidez pour la libération de Jean-Claude Muyambo ?
Je plaide pour que justice soit faite.
Et Diomi Dongala ?
La même chose. C’est un homme que je connais parfaitement.
Est-ce qu’il s’est rendu coupable pour ce, pourquoi il est accusé ?
Je ne sais pas. Je ne suis pas magistrat. J’estime que justice doit être faite.
Vous êtes pour la révision constitutionnelle afin que le président Kabila puisse rester au pouvoir au-delà de 2016. Dans la majorité présidentielle, on a le sentiment que les avis sont très partagés et que beaucoup préfèrent la stratégie de glissement. C’est-à-dire le report de la présidentielle à 2017 ou au-delà de 2018 ou 2019.
Qu’est voulez-vous que je vous dises ? Nous estimons que les congolais doivent se retrouver lors du dialogue dont le président parle et qu’au cours de ce dialogue un consensus doit être dégagé. Si le consensus est pour la révision de la constitution, il n’y aurait aucun inconvénient.
Vous préférez le scénario révision de la constitution à celui de glissement ?
Je pense qu’il faut être clair avec les congolais. Le glissement, ça ne me dit rien. Je pense qu’une révision serait la chose la plus souhaitable.
Dans le calendrier politique, il est prévu 7 élections d’ici le présidentielle de 2016. Est-ce qu’on arrivera à tenir un calendrier aussi serré ?
Je doute fort. Je suis d’accord avec vous. Je pense qu’on a pas de couteau à la gorge. La CENI a craché ce calendrier qui est totalement difficile. Nous le savons. Et les moyens ne suivent pas. Nous le savons.
Vous pensez que c’est irréaliste ?
Je pense que ce calendrier sera difficilement réalisable.
Et que les locales prévues en octobre n’auront pas lieu à cette date ?
Je vois qu’on est déjà dans le glissement. Et je pense que même l’opposition quand elle demande que des nouveaux majeurs, c’est-à-dire des jeunes qui ont l’âge aujourd’hui de voter, puissent être pris en compte, je pense que l’opposition est pour le glissement.
Mais, si on est dans le glissement, est-ce qu’il n’y a pas risque de vide constitutionnel à partir de décembre 2016 ?
C’est pour ça qu’un accord doit être trouvé avant ce terme.
KHAL/MMC