*« Il y a comme une culture de déni systématique des droits de la part de certains acteurs politiques qui n’acceptent une décision judiciaire que pour autant qu’elle leur est favorable », a rétorqué Lambert Mende, contrairement au G7 qui accuse le Gouvernement de la République d’avoir instrumentalisé la CENI et la Justice. Et ce, avant de se demander : si les décisions prises par la Justice étaient favorables au G7, pouvait-il toujours parler de l’instrumentalisation de la Justice ? Cette accusation ne tient pas débout, parce qu’il y a eu des cas où les candidats de G7 étaient validés et un candidat de la Majorité présidentielle rejeté par la Justice
*Au sujet du dialogue qui serait une condition pour la tenue des élections en Rd Congo, le porte-parole du Gouvernement a indiqué que le dialogue n’est pas une institution créée par la Constitution. Il a été convoqué par le Chef de l’Etat pour permettre que les élections se déroulent dans de bonnes conditions, qu’on aille à la rencontre d’une réclamation faite par un parti politique. Les élections qui sont une obligation constitutionnelle dépendent du dialogue et ne seront fiables que si nous allons au dialogue pour nous donner de bonnes recommandations
Le ministre congolais des Médias, Lambert Mende Omalanga a interpellé le G7, une franche de l’opposition congolaise, sur le respect du jeu démocratique. Ceci après qu’un membre de cette formation ait demandé au Chef de l’Etat de s’exprimer sur sa non candidature à la prochaine présidentielle.
Répondant à cette question hors-jeu, le porte-parole du Gouvernement a précisé qu’il n’y a pas de disposition dans la Constitution obligeant un président de la République à parler d’un problème, parce qu’un groupe de citoyens ou privé exige qu’il en parle. Le porte-parole du gouvernement l’a dit hier, lors d’un point de presse tenu en son cabinet de travail.
« Le président n’est ni à la disposition du G7, ni de l’opposition, ni encore de la Majorité présidentielle (…) Maintenant le G7 a le droit de vouloir que le Président rompe le silence et il a le droit de ne rompre le silence que quand il décidera. Je ne pense pas qu’au plan légal, il y ait une obligation quelconque à ce que quelqu’un qui n’a pas de choses à dire, puisse les dire parce que quelqu’un l’exige à les dire. S’il ne dit pas, il se passerait quoi ? Des procès d’intention ? Je ne pense pas qu’en démocratie, les choses fonctionnent de cette manière-là », a recadré le porte-parole.
S’appuyant sur cette interpellation, Lambert Mende martèle en ces termes : « Respectons la démocratie, le G7 veut la démocratie, il doit aller jusqu’au bout. Donc, respectez le Président de la République dans ses droits aussi. Il a le droit de garder le silence jusqu’à ce qu’il estime que la loi l’oblige à parler, et je ne vois pas quelle disposition de la loi oblige quelqu’un à parler. La loi n’oblige que les candidats Présidents de la République à s’exprimer à une période donnée, qui n’est même pas encore advenue. Alors, on nous dit qu’il faut qu’il se prononce sur sa-non candidature. C’est quelle disposition de la loi ? », s’est exclamé le ministre, visiblement étonné par cette démarche, qui ne rentre pas dans ce qu’il appelle de tous ses vœux, le respect des principes du jeu auquel on a librement adhéré.
« Il est donc plus facile d’ânonner tous les temps sur la loi, la Constitution, mais l’application devient un problème difficile. Il faut respecter les droits des gens ; les gens ont le droit de parler ou de ne pas parler et cette disposition n’existe nulle part dans aucune disposition de notre pays », a-t-il renchéri.
Pas d’instrumentalisation de la Justice et de la Ceni
Pas d’instrumentalisation de la justice, mois encore de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) par le Gouvernement. Cette affirmation du ministre a été faite à la suite d’une question posée par l’assistance, après que le G7 ait accusé le Gouvernement de manœuvrer la Justice au lendemain de l’adhésion de la Cour d’appel de Lubumbashi dans la validation de certains candidats à l’élection des gouverneurs des provinces nouvellement créées.
A cette question, Lambert Mende a décelé une sorte de culture de déni systématique des droits de la part de certains acteurs politiques qui ne reconnaissent la validité d’une décision de Justice que pour autant qu’elle leur est favorable.
« Ce n’est pas ainsi que fonctionne un Etat des droits », s’était-t-il insurgé, avant de hausser de nouveau le ton.« Il faut respecter la décision de la Justice. On peut bien remettre en cause la décision de la Commission électorale nationale indépendante, mais lorsque l’affaire arrive devant le prétoire, c’est-à-dire, lorsqu’une affaire entre dans une cour de justice, la politique en sort. Donc, il faut perdre cette habitude de vouloir toujours s’ériger en juge des juges. C’est tout à fait à mon avis, aberrant », avant de se demander si les décisions prises par la Justice étaient favorables au G7, on dirait que la Justice est instrumentalisée ?
Une accusation qui ne tient pas debout, parce que, comme l’a précisé le ministre, il y a eu des cas où les candidats du G7 étaient validés et un candidat de la Majorité présidentielle rejeté par la Justice. Ce n’est pas pourtant que la Justice soit partiale. C’est de cette manière que fonctionne l’appareil judiciaire, réellement au milieu du village et les acteurs politiques, qui passent pour des leaders d’opinions, devront être de ceux qui maitrisent la lecture de cet appareil ; d’accepter de se soumettre aux décisions prises par les Institutions qui ont seules la qualité de juger. Parce que, fait observer le ministre : « Si on se met tous à juger les juges en fonction de nos propres intérêts, alors à quoi bon constituer des cours et tribunaux ? ».
(Yassa)