Selon E. Shadari: Les élections sont hypothétiques à la fin de l’année

« Nous avons clairement démontré à nos interlocuteurs qu’il n’est pas possible d’organiser les élections en cette année, étant donné que le fichier électoral n’est pas encore révisé, l’enrôlement de nouveaux majeurs n’est pas organisé et que les moyens ne sont pas réunis », a déclaré Emmanuel Shadari, président du Groupe parlementaire PPRD à l’Assemblée nationale, après la réunion que les députés nationaux de la Majorité Présidentielle ont eu avec la délégation du Secrétariat général des Nations Unies qui est venue dans une mission consultative pour évaluer la situation et fournir des conseils stratégiques sur la Rdc.

C’est depuis le 1er mai de cette année qu’une délégation des Nations Unies séjourne en République démocratique du Congo. Conduite par M. Tadjoudine Ali-Diabaté, Directeur adjoint de la Division de l’Assistance électorale du Département des affaires politiques des Nations Unies, sa mission consultative consiste à évaluer la situation et de fournir des conseils stratégiques sur la Rd Congo. En vue d’informer, à travers le prochain rapport du Secrétaire  général, le Conseil de sécurité sur la façon de mettre en œuvre le mandat de la Monusco, de fournir une assistance technique et un soutien logistique pour la révision du fichier électoral, en tenant compte du contexte politique et des contributions d’autres parties prenantes.

C’est dans cette perspective que la délégation a échangé hier avec les députés nationaux de la Majorité Présidentielle. Selon le député national Emmanuel Ramazani Shadari, président du Groupe parlementaire PPRD à l’Assemblée nationale, la délégation de la mission électorale consultative des Nations Unies a été édifiée sur les préalables devant permettre l’organisation effective des élections en Rd Congo.

« Nous avons suffisamment échangé avec la délégation onusienne sur le processus électoral ; nous avons indiqué à la délégation la position des députés de la Majorité Présidentielle. Notre position est claire par rapport aux questions qui nous ont été posées. Nous voulons de bonnes élections, et non des élections pour des élections », dit-il.

Il s’agit de l’urgence d’organiser un dialogue au cours duquel tous les préalables devront être examinés. Au nombre de ces préalables, il a évoqué la révision du fichier électoral, l’enrôlement de nouveaux majeurs et des Congolais de la diaspora, etc. « C’est à l’issue de ce dialogue que le pays pourra être en mesure d’organiser les élections crédibles, apaisées et acceptables par tous », dit-il, avant d’ajouter : « nous avons clairement démontré à nos interlocuteurs qu’il n’est pas possible d’organiser les élections en cette année, étant donné que le fichier électoral n’est pas encore révisé, l’enrôlement de nouveaux majeurs n’est pas organisé et que les moyens ne sont pas réunis ».

Il a, en outre, affirmé que même les cartes d’électeurs de 2011 doivent être revues.

« Les anciennes cartes d’électeurs doivent être changées. Prenons le cas de quelqu’un qui avait sa carte quand il était de la province du Bandundu. Aujourd’hui, il est de la province du Kwilu. C’est pour dire qu’il doit avoir une nouvelle carte d’électeur de sa nouvelle province », a-t-il précisé. A cet effet, il a informé ses interlocuteurs qu’aujourd’hui, nous avons fait la réorganisation administrative et politique de notre pays, nous avons maintenant 26 provinces. L’enrôlement de 2011 a tenu compte de 11 provinces et toutes ces cartes tombent caduques.

Elections en novembre ou décembre par magie ou comment ?

A ceux qui parlent des élections en novembre ou décembre 2016, Emmanuel Shadari répond qu’il n’y aura pas d’élections et il faut que ces préalables soient rencontrés. « Nous sommes un vaste pays. La CENI a donné 16 mois et trois jours. Moi j’ai parlé que ça va aller même au-delà de ça. Parce que, même quand on va faire le test pilote pour l’impression des cartes d’électeur, vous verrez qu’ils ont prévu une semaine ou deux, mais dans une province, ça peut prendre deux à trois mois », explique-t-il, avant de marteler que ce sont des questions essentiellement techniques qui ne sont liées ni à la Majorité ni  à l’Opposition.

Et de renchérir que la mission a dit qu’elle va respecter notre souveraineté et appliquer le principe de la non ingérence, parce que nous leur avons dit qu’il n’y a même pas de calendrier. Pour lui, la CENI a  déjà donné le calendrier deux fois et nos collègues de l’opposition l’ont rejeté. Et on va aller aux élections de 2016 avec quel calendrier ? Il faut qu’il y ait un calendrier publié et accepté par toute la classe politique.  Et pour qu’il y ait ce calendrier, il faut que les gens se regardent dans les yeux et nous avons conclu qu’il faut que les gens se parlent à travers le dialogue qui a été convoqué de manière formelle par le Président de la République, Joseph Kabila Kabange sur base de l’article 69, en tant que Garant du bon fonctionnement des institutions.

« Nous avons demandé à la délégation de dire à une certaine opposition que pour éviter le glissement, il faut qu’on se regarde en face pour décider qu’en telle année, l’on va faire ceci ou cela. Si nous avons les règles du jeu acceptées par tout le monde, les choses seront arrangées très facilement. Mais nous ne voulons pas ce qui s’est passé en Lybie. Ils ont fait la guerre, ils ont tué des gens, aujourd’hui ils réclament le dialogue. Nous ne voulons pas ce qui se passe en Syrie et partout ailleurs. Notre pays s’est toujours organisé sur base de dialogue, de forum politique », dit-il.

(JMNK)