A la suite de la suspension temporaire de l’opposition au dialogue politique national inclusif, le lundi 11 septembre, le Groupe de soutien à la Facilitation a convié toutes les parties prenantes au dialogue. C’était au cours d’une réunion d’urgence convoquée à Pullman Hôtel, en vue de trouver la solution au problème posé. Lequel problème est relatif à la séquence électorale examinée à la commission thématique « Elections ».
Malgré les options soulevées par les experts, tant nationaux qu’internationaux, le problème reste entier. Au sein de l’opposition, les séquences des élections devraient respecter la Constitution. Pour elle, il faut commencer par la présidentielle couplée à la législative nationale pour chuter avec les locales couplées aux provinciales. Argument non soutenu par la Majorité présidentielle, la grande partie de la Société civile et les personnalités politiques. Même au sein de l’opposition, les élus nationaux n’entendent pas de cette oreille. Ils ne veulent pas aller à la troisième sanction au profit du Sénat et des provinciaux.
Cette situation est la résultante de l’opposition qui a estimé fermer partiellement la porte de la Cité de l’Union Africaine, en attendant que la solution soit trouvée, pour la poursuite des travaux. C’est en raison de cette impasse créée pendant le déroulement des travaux en commission, que le Facilitateur entouré des co-modérateurs de la MP et de l’opposition, a convenu d’inviter les parties prenantes au dialogue à surmonter leurs égos. « Nous nous trouvons réuni en cette matinée ici, pour évoquer les événements qui se sont déroulés hier (Ndlr lundi). Nous savons tous qu’une des composantes au dialogue a annoncé sa suspension aux travaux. Nous avons pris, si tôt, des dispositions nécessaires pour entrer en discussion avec toutes les parties et pour essayer de trouver une solution, parce que nous ne devons pas oublier une seule seconde, que tout le peuple congolais qui vous regarde et que dans une certaine mesure, nous n’avons pas le droit à l’erreur, encore moins à l’échec », s’est adressé Edem Kodjo aux dialoguants présents à l’Hôtel Pullman.
Il a lancé, par la suite un appel solennel à tous les participants au dialogue pour que le chemin du compromis soit celui qu’ils décident de parcourir ensemble. Pour le Facilitateur, il n’y a pas de problèmes sans solution. De renchérir que ce qui oppose la Majorité présidentielle et l’opposition n’est autre que sur les séquences des élections. Il ne s’agit pas, poursuit Kodjo, d’un problème qui dépasse la capacité de l’imagination d’un diplomate et des politiques que nous sommes.
« Nous vous souhaitons très vivement que cette journée soit consacrée à des travaux accélérés et des travaux qui prendront en compte tous les points sensibles de notre négociation. Anticiper un certain nombre d’écueils est déjà surmonté de façon que nous puissions tenir au moins en partie le délai que nous sommes impartis nous-même », a dit le Togolais aux Congolais. Dans la même logique, il a rappelé à tous les délégués présents que le temps ne joue pas en leur faveur, et qu’ils n’ont pas le droit de jouer avec le temps.
En outre, ils doivent conclure sur les bases qu’ils ont annoncées au départ, et s’il faut qu’il y ait prolongation sur leurs travaux, ça ne serait que de quelques heures. Soit d’une petite journée afin d’accomplir leurs tâches avec sérieux et avec vigilance, détermination aussi, a-t-il mentionné. C’est avec empressement qu’il a loué les qualités intellectuelles des participants au dialogue, surtout lorsqu’il affirme qu’ils sont capables avec des compétences réunies dans cette salle.
Ces hommes d’expérience très éprouvés, qu’il ne doute pas une seule seconde que l’on ne saurait résoudre le problème qui se pose tout au long de dialogue. Le comité préparatoire a suffisamment évoqué tous les problèmes qui sont susceptibles de naître et que leur imagination soit mise en œuvre pour que ces problèmes soient résolus. C’est dans cette perspective qu’il a rappelé la longue discussion d’hier matin avec les membres du groupe de soutien à la facilitation, en ce qu’ils sont tous d’accord avec les mesures qu’Edem Kodjo a commencé à prendre et les dispositions qui ont été prises le lundi déjà. C’est alors qu’il a encouragé l’action qu’ils entreprennent. « Le travail nous attend, l’appel que je lance est un appel fraternel, un appel pour l’avenir de ce pays qui s’appelle la République démocratique du Congo. C’est un appel pour l’Afrique en action », a-t-il conclu.
Les séquences des élections divisent la MP et l’opposition
A la question posée à Vital Kamerhe en ce qui concerne leur participation au dialogue privilégiant la paix, et que cette dernière semble être ignorée en raison de leur positionnement, le co-modérateur a rappelé que leur présence au dialogue consiste uniquement à résoudre la crise créée par les politiques, notamment la MP qui n’a pas su organiser les élections à temps. Et pour ne pas se retrouver dans l’impasse, il a rappelé que Gouverner c’est prévoir. De poursuivre qu’il y a un certain nombre des principes qu’il faudrait observer à l’issue du dialogue et que la Majorité, l’opposition et la société civile se retrouvent dans un cadre extraconstitutionnel et que le Dialogue n’est pas une institution de la République démocratique du Congo. Et de renchérir que s’ils se retrouvent au dialogue, c’est puisqu’il y a un problème essentiellement électoral, notamment l’élection présidentielle qui ne peut pas être organisée dans le délai constitutionnel.
« C’est une institution emblématique parce que dans ce pays, je n’ai jamais vu des marches, parce qu’on a refusé d’organiser les élections locales, provinciales et même législatives. Nous ne disons pas seulement qu’il faut organiser l’élection présidentielle. Toutes les élections sont importantes mais, nous refusons la séquence qui commence par les élections locales et monter à la présidentielle », a-t-il soutenu.
D’ajouter qu’en organisant l’élection présidentielle avec la cartographie de groupements fictifs qui se chevauchent en conflit et la complexité même de la tâche. Pour Vital Kamerhe, il y a risque de plonger dans un long processus qui ne répond pas aux attentes de la population. Partant, après avoir récusé la séquence électorale par les locales, Vital Kamerhe a affirmé que l’opposition n’a pas dit qu’elle quittait la table de négociation définitivement, mais elle est partie jusqu’à nouvel ordre. C’est-à-dire, il y a une fenêtre d’opportunité qui est ouverte et qu’ils sont là pour trouver des solutions. « Nous sommes là pour la recherche du compromis. Je pense que c’est ça ce qui va nous guider et nous continuons à discuter. Nous allons travailler selon le timing qui sera fixé par le Facilitateur », a-t-il mentionné.
De sa part, le représentant de la Majorité présidentielle, Alexis Thambwe Mwamba a indiqué que sa famille politique a fait beaucoup de concessions depuis le premier jour jusqu’à présent. Il a rappelé par la suite que le dialogue est une initiative du Président de la République et Autorité morale de la Majorité présidentielle. « Il est évident que nous avons, nous, le devoir de tout faire pour que ce dialogue puisse aller à bon port. Ce, en dépit de nos amis de l’opposition qui ont décidé de suspendre leur participation régulière. Nous, au niveau de la Majorité, nous avons travaillé jusqu’aux petites heures pour analyser tout le processus depuis le début des travaux et voir ce qui est faisable pour pouvoir arriver à des conclusions », a-t-il dit.
Il ajoute par ailleurs qu’ils ont signifié à la facilitation que la MP veut reprendre les travaux à l’instant même. D’ajouter qu’au dialogue, on ne peut pas se cramponner sur son point de vue puis l’imposer à tout le monde, comme le fait l’opposition. Le message que la MP a transmis à la facilitation, c’est de les mettre une fois de plus autour de la table, discuter et dialoguer. C’est en dialoguant que la lumière jaillit, a-t-il fait savoir. Ajoutant que la MP est prête à reprendre le dialogue sur le même site car, l’initiative vient du Chef de l’Etat. La MP a tout intérêt de conduire jusqu’au bon port les travaux.
Impossible d’organiser la présidentielle dans le délai prévu
De sa part, Said Djinnit qui représente la communauté internationale, a, par rapport à la non-tenue de l’élection présidentielle dans le délai, dit avant tout qu’il se réjouissait du fait que finalement le dialogue a lieu entre Congolais et que l’esprit qui y règne est un esprit constructif, à la recherche des solutions pour surmonter la situation. « S’agissant de la Résolution des Nations Unies et le délai qui semble être inévitable pour la tenue des élections, les meilleures élections sont celles qui se tiennent en temps voulu et la résolution du Conseil de sécurité envisageait la tenue des élections dans le délai constitutionnel. Mais aujourd’hui, à la lumière de ce que nous avons entendu des différents exposés des experts des Nations Unies, de la Ceni, de l’OIF, il est clair que les élections ne seront pas organisées en temps voulu. C’est précisément l’importance de ce dialogue pour trouver des arrangements aux élections aussi proches que possibles de délai constitutionnel », a-t-il reconnu, avant d’insister que le dialogue appartient aux Congolais selon les cadres défini dans la feuille de route.
(Pius Romain Rolland)