Une délégation du M23 est bel et bien arrivée à Kinshasa en vue d’une réunion avec le Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, accord qui était censé amener la paix dans l’est du pays. L’issue de cette rencontre, la première à se tenir à Kinshasa, a été plus que conviviale.
Côté RDC, les dirigeants du Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et, côté Ouganda, les ex-rebelles du M23, se sont retrouvés à nouveau autour d’une même table à Kinshasa, vendredi 27 mai 2016. Après des mois d’impasse, de communiqués accusateurs, l’ONU se félicite de la reprise de la mise en œuvre des accords de Nairobi qui avaient officiellement mis fin à la guerre.
Venus de Kampala, les trois représentants du M23 ont réclamé la libération de trois de leurs camarades détenus, annoncés comme faisant partie de leur délégation.
Le M23 a hésité à venir, puis à entrer dans la salle de réunion. A chaque étape, la facilitation a temporisé, insisté. En face, la partie gouvernementale n’a cessé de crier à la mauvaise foi, arguant que les rebelles n’avaient qu’à rester en Ouganda et qu’après tout, c’était elle qui avait gagné la guerre.
Mais à l’issue de la réunion : atmosphère plutôt détendue, petites plaisanteries, conférence de presse commune.
François Mwamba, le coordonnateur du mécanisme congolais de suivi des déclarations de Nairobi, est satisfait de la rencontre :
« Nous ne sommes pas seuls dans ce processus. Il y a les garants, mais il y a l’autre partie. Pour la première fois, nos arguments ont pu être, devant témoins, devant des garants, présentés à l’autre partie, qui a développé ses propres arguments. C’est la volonté de tous, de faire en sorte que : un, tout le monde revienne au pays ; deux, nous puissions mettre fin à l’ensemble des engagements convenus à Nairobi ».
Le M23 n’avait cessé de dénoncer le non-respect des engagements de Nairobi et la mauvaise volonté du gouvernement.
Désiré Rwigema est le chef de la délégation des ex-rebelles venue de Kampala :
« Il y a un début à toute chose, dit-il. Aujourd’hui, c’est la relance du processus. On espère que ça va aller de l’avant et nous y croyons fermement »
.
Finalement, pas d’annonce concrète, mais un changement de ton. Et la promesse de faire preuve de bonne volonté pour parvenir à un accord.
Les deux parties ont promis de se mettre au travail dès ce samedi pour une réunion technique. L’an dernier, le groupe d’experts des Nations unies s’était inquiété de la disparition des camps de cantonnement en Ouganda et au Rwanda de centaines d’ex-rebelles du M23.
Saïd Djinnit, envoyé spécial des Nations unies pour la région des Grands Lacs :
« la réunion s’est déroulée dans un esprit constructif. Evidemment, il y avait des divergences de vues, ici et là. Mais, le tout était dans un esprit constructif. Nous avons passé en revue différents points de la déclaration de Nairobi pour prendre acte de ce qui a été fait; chose qui est entrain d’être faite. Il y a aussi des choses qui restent à faire. Aujourd’hui, nous avons fait beaucoup de progrès ».
RFI : Est-ce que sur le point de libération de prisonniers et du rapatriement des ex-éléments du M23, il y a t-il eu des promesses qui ont été faites ?
Saïd Djinnit : Sachez d’abord qu’il y a des informations contradictoires. Aujourd’hui, ils ont pu se parler sur ces questions et en particulier sur celle liée aux prisonniers. Il y a des informations qui ne sont pas connues de part et d’autre, de fois. C’est l’une des questions qui sera discutée lors de la réunion technique. L’idée, évidemment, l’engagement a été pris par le gouvernement de libérer les prisonniers du mouvement. Il s’agit tout simplement de se mettre d’accord sur la liste de réclamants.
RFI : Et pour le rapatriement ?
Saïd Djinnit : C’est un élément sur lequel il y aura des discussions au niveau technique. Donc, c’est la reprise de mise en œuvre qui va continuer.
RFI
(ROL/Yes)