RDC: la société civile du Lubero appelle à neutraliser le chef de guerre Guidon

Après la reddition du chef de guerre Sheka à la Monusco, de plus en plus de voix s’élèvent au sein des communautés du Sud-Lubero pour demander des opérations contre son adjoint Guidon, chef du NDC-Rénové. Sheka est poursuivi par la justice militaire congolaise pour une campagne de viols en 2010 ayant fait au moins 387 victimes, hommes, femmes et enfants. Son adjoint Guidon, un ancien lieutenant des Forces armées de RDC (FARDC) devenu Maï Maï, avait fini par lui ravir ses hommes et le nom de son groupe armé.

Guidon Shimiray Mwissa a été le premier à chasser les FDLR de Buleusa. Cette attaque fin 2015 a marqué le début de la fin des rebelles hutus rwandais dans cette zone frontalière entre le Walikale et le Sud-Lubero. Pourtant, en 2010, avec un officier FDLR Lionso, son chef Sheka commet une campagne de viols pour laquelle l’un comme l’autre devrait être poursuivi. Pendant ce temps, Guidon, lui, prospère. Il a repris les hommes de Sheka, le nom de son mouvement, le NDC, devenu NDC-Rénové en 2014.

Une véritable « success story » que raconte dans son rapport de 2016 le groupe d’experts des Nations unies au Congo (dont deux membres ont été tués au Kasaï en mars dernier). En quelques mois, entre 2015 et 2016, Guidon reprend plus d’une dizaine de positions entre l’est de Walikale et le Sud-Lubero. Selon les experts onusiens, il se serait coordonné avec des officiers locaux des FARDC pour ces opérations et aurait ainsi reçu des munitions.

Guidon en terrain conquis ?

Depuis, Guidon est suspecté d’avoir instrumentalisé les milices d’autodéfense kobos ou nandés, devenus groupes armés (UPDI et plus récemment Maï Maï Mazembe). Poussés par Guidon, avec parfois son aide, ces groupes sont accusés d’avoir multiplié les attaques contre la communauté hutue du Sud-Lubero, des massacres contre des civils accusés d’être complices des FDLR.

Mais depuis que les rebelles hutus rwandais ont été chassés, Guidon se comporterait en terrain conquis, selon la société civile et des politiques locaux nandés, et ce malgré la présence de positions militaires congolaises ou onusiennes.

La société civile du Lubero estime que le NDC-Rénové de Guidon, comme d’autres groupes, devrait être attaqué et désarmé. D’abord, car les rebelles hutus rwandais (FDLR) ont été chassés de leur territoire, mais aussi parce que ces groupes commencent à se battre entre eux et s’en prennent non plus seulement à la communauté hutue, mais aussi aux communautés nandés et kobos. Kinshasa dément tout lien avec ce groupe armé, assurant que l’armée congolaise était déterminée à combattre toute force négative.

RFI