Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon est favorable à la tenue du dialogue inclusif où les Congolais vont dégager un compromis sur le processus électoral en RDC.
Depuis l’invitation adressée officiellement par la RDC, en novembre 2015, au Secrétaire Général de l’ONU afin qu’il désigne un Facilitateur international dans l’accompagnement du dialogue national politique, suivie du refus de l’UDPS d’adhérer à un dialogue convoqué, le 30 novembre dernier, par le Président Kabila, les regards et les oreilles des politiciens sont orientés vers New York. Selon une source onusienne, le SG Ban Ki-moon, après avoir reçu les conclusions des Consultations menées auprès des acteurs politiques congolais par son Envoyé spécial dans la Région des Grands Lacs, tout en encourageant le Président de la République d’avoir choisi la voie du dialogue, a décidé de présenter le rapport sur la situation sociopolitique rd-congolaise devant le Conseil de Sécurité pour dispositions utiles.
Entre autres mesures envisagées par l’ONU, le retrait de 1700 casques bleus de la Monusco en 2016. 2000 sont déjà partis en 2015. Toutefois, la mission onusienne se réserve le droit de déployer ses 21.000 hommes, sur le sol congolais, en cas de besoin. C’est le signe que l’ONU prend très au sérieux la montée des tensions politiques à l’approche des échéances électorales et qui, vraisemblablement, pourraient se solder par des violations généralisées des droits de l’homme et l’augmentation injustifiée d’incidents sécuritaires. D’où, la décision de renforcer la composante police de la Monusco pour assurer la protection des civils.
Le Conseil de Sécurité, à ce que l’on sache, ne s’écartera pas de la Résolution 2211, prise en 2015 lorsqu’il fallait reconduire d’une année, le mandat de la Monusco. Ladite Résolution recommandait au Gouvernement, à l’Opposition ainsi qu’aux partenaires au processus électoral d’organiser un forum pour définir les modalités de constitution du fichier électoral, le budget des élections présidentielle et législatives dans les délais constitutionnels, etc. Il est possible qu’une nouvelle Résolution contraignante soit prise début mars.
Des mesures d’apaisement
Mais, le Président de la République, dans son discours sur l’état de la Nation, le 14 décembre 2015, devant les deux Chambres du Parlement réunies en Congrès, déclarait que la solution aux problèmes de la RDC ne viendra ni de l’ONU, ni de l’Orient, encore moins de l’Occident. Néanmoins, Ban Ki-moon l’encourage à créer les conditions d’un dialogue inclusif. On peut penser à des mesures de décrispation annoncées dans le discours sur l’état de la Nation. Beaucoup reste à faire. La semaine dernière, les adeptes du mouvement politico-religieux Bundu dia Kongo (BDK) ont bénéficié d’une remise en liberté.
Certaines organisations de défense des droits de l’homme ont jugé sélective la grâce présidentielle. Des personnes âgées de moins de 70 ans, dont les peines sont incompressibles, restent en prison. Les condamnés pour viol, crimes contre l’humanité, atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat sont d’office écartés de la grâce présidentielle. Sur le plan politique, le discours reste agressif. Depuis le 14 septembre 2015, date de la publication, par le G7, d’une lettre ouverte au Président de la République, dans laquelle sept partis appartenant, autrefois, à la Majorité Présidentielle ont brûlé la politesse à leur Autorité morale, en lui exigeant le respect absolu de la Constitution, le microcosme politique congolais a été comme frappé par un séisme. Les partis frondeurs ont été minés de l’intérieur comme de l’extérieur. Le phénomène dédoublement des partis politiques bat encore son plein.
Toujours des non-dits
C’est dire que les obstacles pour la tenue d’un dialogue inclusif sincère sont encore à surmonter. Les opposants au Président de la République continuent de répandre la nouvelle selon laquelle une transition politique pourrait être instituée à l’issue du dialogue. Ils sont servis par quelques acteurs de premier plan de la Majorité qui opposent les élections à la paix. Chacun a son interprétation de la stabilité du pays. Pour les uns, la stabilité rime avec la longévité au pouvoir. Pour d’autres, la stabilité réside dans la consolidation de la Constitution et de la démocratie. Il reste que si les uns et les autres campent sur leurs positions, ce sera le chaos. D’où, tous ces appels à l’apaisement et au dialogue. Le Pape François a comparé la situation de la RDC à celle du Burundi et du Sud-Soudan.
Il a recommandé que les différends politiques dans ces trois pays se règlent par le dialogue. En écho, les Evêques de la RDC ont invité toutes les parties prenantes au processus électoral à la table des discussions. Pour revenir à la position du MLC sur l’inutilité du dialogue, Eve Bazaïba ajoute que le financement des élections est une affaire du Gouvernement et, éventuellement, des partenaires. Le calendrier électoral, note-t-elle, est l’apanage de la CENI. Comme on le voit, pour le MLC, les Institutions de la République doivent s’assumer. Pourtant, les Institutions sont, à l’instar des politiques, dans l’attente des recommandations du dialogue.
La Monusco prend des dispositions
Le MLC, membre de la Dynamique de l’Opposition, ne comprend pas, non plus, que pour assurer la sécurité du processus électoral, il faille organiser un dialogue. La sécurité des personnes et de leurs biens, souligne la Secrétaire générale du MLC, est une mission régalienne qui revient au Gouvernement et, dans une certaine mesure, à la Monusco, dans le cadre de sa mission de protection des civils. En 2016, les effectifs de la Monusco seront réduits de 1700 casques bleus. Ce qui n’affecterait pas la capacité de la mission onusienne à mener à bon port, son travail. La composante police de la Monusco sera davantage renforcée pour assurer notamment, la protection des civils à l’approche des élections. Le SG de l’ONU, qui se dit profondément troublé, veut, à sa manière, empêcher que la montée des tensions politiques en RDC, débouche sur des violations généralisées des droits de l’homme.
La Prospérité