A. Minaku : « Tout celui qui sait ce que signifie le serment devra respecter la décision qui sera prise par la Majorité sous le leadership du président J. Kabila »

Dans une interview à RFI, le président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku, décrète que la loyauté au sein de la majorité envers l’autorité morale Joseph Kabila est à respecter de rigueur

 

RFI : Il y a une semaine, plus d’une dizaine de militants congolais des droits de l’homme sont détenus sans avoir été présentés à la justice. Comment ça se fait ?

Aubin Minaku : Les services qui les ont appréhendés ont estimé qu’il y avait des velléités d’organisation insurrectionnelles. Selon les informations que l’on a de ces services, il y a effectivement des indices sérieux de culpabilité en rapport avec la sécurité de la ville de Kinshasa, de la ville de Goma, de Lubumbashi, de Kisangani, de Bukavu et de Kolwezi, si je ne m’abuse. Et la justice congolaise, du moins au niveau des services de sécurité, pousse ces enquêtes.

Que répondez-vous à ceux qui accusent l’ANR de violer les lois de la république et la constitution congolaise qui garantissent à une personne arrêtée d’être présentée devant un juge après 48 heures ; tout comme l’accès à un avocat ? Est-ce que l’ANR est-elle au dessus de la loi ?

Aucune institution, même le président de la république qui est garant de la constitution n’est au dessous de la loi. C’est clair. Maintenant, quant à la détention, il est vrai qu’en droit congolais, après 48 heures, les détenus doivent être déférés devant les magistrats. Mais, il ne faut pas oublier que cette même loi dispose que lorsque les OPJ, au niveau des services des renseignements estiment qu’ils doivent prendre encore un peu plus de temps, ils sollicitent l’autorisation du procureur de la république. J’ai posé clairement la question à nos services de sécurité, ils m’ont certifié qu’ils ont obtenu l’autorisation du procureur de la république pour proroger  la détention.

Donc, vous dites qu’il n’y a pas eu d’irrégularités et la violation de la procédure ?

Si, comme ils l’ont dit, ils ont respecté cette procédure, il n’y a pas eu violation. Mais, dans le cas où il y a eu violation, nous sommes dans un état de droit.

Certains partis de la majorité ont exposé leur inquiétude au chef de l’Etat en parlant notamment  « d’une coupure du contrat de confiance entre le pouvoir et le peuple», notamment après les manifestations violentes du mois de janvier. Qu’en pensez-vous ? Il y a –t-il coupure entre le pouvoir et le peuple ?

Le président de la république est élu sur base d’un projet de société, d’un programme. Nous avons réellement fait quelques pas importants dans divers domaines notamment sur les plans macroéconomiques et des infrastructures. Et à plusieurs égards, l’ouverture du pays vis-à-vis de la communauté internationale. Nous pensons que nous avions fait un pas. C’est au peuple de sanctionner le président de la république et les prochaines élections démontreront à quiconque qu’il n’y a jamais eu rupture entre le président de la république, Joseph Kabila  et le peuple congolais.

On parle démocratie, la majorité présidentielle s’est réunie dimanche. Il a été question de beaucoup de choses. Mais, pas de la candidature de la majorité pour la présidentielle en 2016. Est-ce que  la question de la succession de Joseph Kabila est taboue ?

A Kingakati, nous n’avons pas du tout débattu de cette question parce que nous avons toujours dit et le président de la république lui-même que nous ne sommes qu’à mi-chemin du mandat. Travaillons pour le peuple et organisons-nous avec toute sérénité. C’est là l’essentiel.

Donc, il n’y a pas doute, selon vous,  le fait qu’il reprenne pouvoir en décembre 2016 ?

Je dirais plutôt que c’est l’acharnement de cette question qui m’étonne.

Est-ce que vous pourriez être candidat en 2016 ?

Tout celui qui sait ce que signifie le sens d’un serment devra respecter la décision qui sera prise par cette majorité sous le leadership du président de la république. Donc, je ne vois aucun membre de la majorité respectueux du serment de la charte de la majorité présidentielle de pouvoir se déclarer candidat.

Avez-vous promis aux représentants katangais de la majorité une possibilité de regroupement du Katanga pour ressouder  la majorité ?

La décentralisation territoriale telle que nous sommes entrain de la mettre en œuvre avec 26 provinces, c’est par respect à la constitution. Une décision du peuple congolais par ce que cette constitution est passée par le référendum. La même constitution prévoit, je crois en son article 4 si je ne m’abuse, que plusieurs entités peuvent se regrouper. Demain, si les katangais estiment qu’ils doivent se regrouper pour recomposer le Katanga actuel, si c’est conforme à la procédure de la constitution, pourquoi pas !

Les députés de la majorité ont encore demandé qu’un débat soit organisé sur le calendrier électoral et sa faisabilité. Qu’en pesez-vous ?

Les députés de l’Assemblée nationale,  élus directs du peuple ont le pouvoir de débattre de toutes les questions majeures  de la république sans tabou. Je l’ai dit lors de mon mot d’ouverture de cette session et je n’éviterais pas cette question avec débat.

Est-ce que ce calendrier est-il réaliste ? Est-ce qu’il faut peut-être changer et mettre en priorité sur l’organisation des provinciales, sénatoriales, législatives et la présidentielle plutôt que locales ? 

Le calendrier électoral global est là sur la table. Il faut maintenant tout mettre en œuvre pour qu’il soit exécuté.  Et en même temps, il faut évaluer, pas-à-pas, parce que nous devons réussir les élections locales. Les premières élections que nous allons organiser, nous devons les réussir sur le plan de la transparence et de la crédibilité.

 

RFI