HOMMAGE A UN FRERE, UN COMPAGNON, UN AMI ET UN GUERRIER POUR LA CAUSE NOBLE: MR. DELPHIN PALUKU

C’est avec beaucoup d’émotion que ce mercredi 23 septembre 2015 vers 19h j’ai été informé de l’admission en soins d’urgence de Delphin PALUKU pour un problème de tension connu techniquement comme un infarctus de myocarde. Comme cela se produisait depuis quelques temps, j’ai tout de suite compris que ça va passer. Mais hélas près de 45min plus tard, l’irréparable est arrivé.

Ce vaillant homme, ce frère, ce compagnon de tous les temps, cet ami, ce guerrier pour la cause noble venait de cesser de respirer. Je n’y ai pas cru me trouvant à Kinshasa. C’est maintenant que je me rends compte que finalement, c’est vrai quand je suis en face de ce corps allongé dans son abri inhabituel.

Au jour d’aujourd’hui, la province vient de perdre un homme qui était dévoué à sa cause dans la lutte héroïque menée ensemble depuis près de 20 ans.

Nous avons été dans tous les combats avec cet homme à Beni, à Butembo, à Lubero, à Goma, à Nairobi contre le CNDP, à Kampala dans toutes les tractations, à Kigali dans les réunions de haut risque, sur terrain à Walikale, Masisi, Nyiragongo, Rutshuru pendant tous les moments durs que la province a connus. Nous avons traversé les océans Indiens, Pacifique et Atlantique avec cet homme pour porter plus loin la voix du Nord-Kivu.

Ce résistant de notre ère, nous a accompagné pendant que Goma devait tomber entre les mains du CNDP le 29 octobre 2008. Nous avons décidé de ne pas capituler en acceptant que notre dernière goute de sang soit versée. La longue nuit de ce 29 octobre nous l’avons passée ensemble en attendant la mort qui n’est pas venue alors que nous l’attendions en ces temps-là. Comme dit une sagesse nande « oholutawazire holukasira ». Nous avons combattu ensemble avec ce vaillant homme aux côtés d’autres héros dont Mamadou NDALA et Jean Lucien BAUMA pendant la guerre du M23.
Mr Delphin, tu viens de rejoindre ces héros pour allonger la liste de ceux qui vont manquer à toute notre affection sur terre. Nous sommes incapables de te parler. Mais si tu nous entends, sache que nous continuerons à honorer ta mémoire pour le peu de souffle que Dieu nous accordera encore sur terre.

Tu es parti alors que tu as milité jour et nuit pour que Butembo change, tu es allé même en Afrique du Sud pour vérifier en mon nom que l’Usine d’asphalte est bel et bien là. Tu es revenu et tu m’as confirmé avec sourire que Butembo aura ses premiers mètres asphaltés. Tu pars sans avoir inauguré ton 2e km témoin dans une ville que nous avons dirigée ensemble, toi comme patron de la sécurité et moi comme Maire.

L’histoire retiendra tes efforts inlassablement consentis pour que Butembo ait sa plus belle robe. Tu es mort sur chantier comme un soldat sur la ligne de front est heureux de mourir la balle dans sa poitrine et non dans le dos.

Tu venais de terminer à superviser le travail consistant préparer les bitumes pour l’asphaltage du boulevard jusqu’au croisement TSAKATSAKA, ton ancienne école. Mais tu ne verras plus tout cela avec tes yeux. Tu me disais qu’après le goudron de Butembo quelqu’un peut mourir car nous aurons laissé notre propre histoire dans la ville. J’ai l’impression quand j’ai appris ta mort que tu m’avais averti que tu partiras seulement après avoir assisté à l’asphalte de 240 mètres. Je ne savais pas que c’est toi qui allais commencer. Cette route de Butembo pour laquelle tu t’es battu, je suis convaincu que tu la verras autrement sans que ni moi ni quelqu’un d’autre ne s’en rende compte.

Ton amour envers le pays, la province et la ville de Butembo restera à jamais le maître mot que la postérité enseignera pour le bien des générations futures.

Tu nous quittes seulement à 45 ans avant de voir  et participer à la gestion des grands enjeux politiques qui pointent à l’horizon. Pourtant, tu étais parmi les rares qui pouvais bien se prévaloir l’orgueil de me connaître et savoir quand poser le problème, quand aborder les questions sensibles, quand ne pas poser le problème, quand demander une faveur, quand obtenir une décision, quand jouer avec le temps…Tout cela, cher frère Delphin, tu savais le moment indiqué pour le faire. 

Cher guerrier, tu pars en laissant des petits enfants qui pourtant avaient affectueusement encore et plus besoin de toi. Regarde-nous de là où tu es et tes enfants te verront et te parleront en songe pour témoigner de ce qu’ils sont. Tes bienfaits seront pour eux une garantie de bonne fin. Nous y veillerons avec des milliers d’autres compatriotes et héros dans l’ombre. Tu as aimé ta femme et tes enfants au point de donner à ta première fille la conjonction de ton nom Delphin et de ta femme Guilaine pour avoir ta fille DELGUIL.

Voilà pourquoi cher Delphin je vais m’adresser à tes enfants, à ta femme Guilaine et à la famille.

Chers enfants DELGUIL, DELPHINE, DELSON, DELIANE… Soyez réconfortés par ce témoignage fait envers votre père. Ils sont nombreux à quitter cette terre et ne pas rassembler autant d’hommes et des femmes, autant des jeunes et des vieux, autant des personnes de toutes catégories. Votre père Delphin vivait dans tous ces groupes hétérogènes et homogènes, ami de tous, amusant et pétri à l’humour quand il le fallait. Soyez en fiers, chers enfants car toutes ces mains que votre père a servies vous serviront aussi et sans relâche. Votre Papa Delphin comptait beaucoup sur vous ses enfants et surtout sur vos études. Je vous demande de l’honorer pour qu’il soit toujours heureux en vous regardant à partir de là où il se trouve maintenant. Nous sommes incapables de lui parler mais comme personne d’entre nous n’a été là où il est et revenir sur terre, nous pouvons présumer que lui Delphin continuera à nous regarder de loin et nous observer.

Voilà pourquoi je me tourne vers toi Guilaine que nous avons cherchée pour qu’ait lieu ton mariage le 19 mars 2002. Tu as accepté ce sacrément et en 13 ans Dieu a décidé de faire de toi une veuve. Il sait car ses actions sont insondables. Rappelle-toi que Delphin qui t’a épousée l’a fait par les soins de sa mère veuve de son état. Maman MBONGO PASI notre mère ici présente t’a accueillie. Elle est là. Elle n’est jamais morte du veuvage.

Elle a gardé religieusement ses enfants jusqu’à ce que l’un d’eux vienne t’épouser. C’est Mr. Delphin PALUKU MASUBILI que nous accompagnons ce jour à sa dernière demeure. Je te recommande de prendre soins de tes enfants à l’instar de ta belle-mère et tes filles te ressusciteront Delphin par les époux qui seront les leurs. Et tu auras fait un grand honneur à Delphin qui t’a aimée, qui t’a supportée et que tu as à ton tour aimé et supporté. Craint l’Eternel et très vite commencera la sagesse comme le recommandent les Saintes Écritures. 

A vous la famille, laissez les enfants poursuivre leur cursus scolaire en paix comme l’a toujours souhaité leur père de son vivant. Ses biens il les a acquis à la sueur de son front. Ne venez pas en abuser en laissant ces petits enfants dans la rue. Laissez les enfants continuer à essuyer les larmes en jouissant allègrement des bénéfices que procurent les biens de leur père. Donnez plutôt des conseils à la veuve qui doit à son tour en être perméable. Éviter les discours de division que Delphin n’a jamais développés dans sa vie sur terre. Soyez aimable les uns envers les autres et vous construirez l’avenir radieux de ces orphelins dont nous saluons ce jour la mémoire de leur père. Nous veillerons pour que les valeurs de paix et de concorde règnent au sein de cette famille que Delphin laisse si tôt.

Nous ne tolérerons pas qu’un seul grain de haine, de division et de déstabilisation s’installe dans la famille de notre estimé frère.

Voilà cher Delphin, si tu m’entends, le peu de mots que je prononce en hommage à tout ce que tu as fait. Va là où tu es allé mais n’oublies pas que nous t’avons aimé que nous t’aimons et que nous continuerons à prouver cet amour par la compassion que nous apporterons à ta progéniture.

Pour honorer ta mémoire, nous venons de décider à dater de ce jour de t’élever, à titre posthume, au rang de Ministre Provincial du Nord-Kivu par l’Arrêté Provincial N°01/292/CAB-GP/NK signé ce matin du 26 septembre 2015.

Monsieur le Ministre, que Dieu t’accueille dans son royaume et que la terre de nos ancêtres te soit douce et légère. Les gouttes de larmes qui circulent dans nos yeux traduisent notre étonnement de te voir partir si tôt.
Adieu cher frère, ami et  compagnon Delphin !

Fait à Butembo, le 26 septembre 2015

= : Honorable Julien PALUKU KAHONGYA :=

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