Le dialogue politique incontournable pour une sortie de crise honorable en Rdc

Le dialogue demeure, jusqu’à preuve du contraire, la seule et ultime occasion de dégager un consensus national qui permette de poursuivre, dans la sérénité, la marche en avant de la République.

La République Démocratique du Congo se trouve une nouvelle fois face à ces moments critiques qui lui permettent d’écrire son histoire. Celle d’un vaillant peuple qui a toujours su, grâce aux vertus d’entente, de dialogue et de patriotisme, supplanter ses émotions pour faire valoir l’intérêt supérieur de la Nation. Nous l’avions vu, lors de la table  ronde de Bruxelles, quand nos politiques avaient mis de côté leurs divergences pour parler le même langage en vue d’arracher l’indépendance des mains du colonisateur belge.

Des exemples comme celui-là sont légion, où la « culture de la palabre africaine » a démontré sa force quand la RDC était plongée dans une impasse. Les conclaves de Lovanium, à Kinshasa, la table-ronde de Luluabourg, au Kasaï, La rencontre d’Iyonda, à l’Equateur, la Conférence nationale souveraine (CNS), à Kinshasa, ainsi que les sommets d’Antananarivo, au Madagascar, d’Addis-Abeba, en Ethiopie, de Lusaka, en Zambie, de Dar Es-Salaam, en Tanzanie, et de Sun City, en Afrique du sud, constituent quelques points de repaire parmi tant d’autres de l’histoire de la RDC. Les plus marquants de ces rendez-vous avec le destin sont la CNS, en 1990, à Kinshasa, et le sommet de Sun City, en 2003, en Afrique du Sud.

Le premier a sonné le glas de la dictature de Mobutu Sese Seko, tandis que le second a enfanté un gouvernement de transition unique en son genre, le Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, ayant accepté, pour restaurer l’unité et la cohésion nationale, de codiriger le pays avec 4 vice-présidents jusqu’à l’installation des institutions démocratiquement élues. Que ce soit à l’intérieur comme à l’extérieur de la RDC, que ce soit avec la facilitation des pays amis ou la médiation de hautes personnalités jouissant d’une aura internationale ou de dignes fils du pays, les Congolais ont toujours fait preuve de capacité de transcender leurs clivages pour mettre au premier plan l’intérêt supérieur de la Nation. Et, comme l’histoire a toujours tendance à se répéter, le pays se trouve, de nouveau, à la croisée des chemins. Point n’est besoin de faire un croquis pour que l’opinion comprenne que les institutions du pays sont encore une fois coincées dans un traquenard. Les politiciens n’arrivent pas à s’entendre sur certaines questions préélectorales essentielles, notamment le calendrier, la révision du fichier électoral et la sempiternelle question de financement du processus électoral.

Depuis plus d’une année, la classe politique ne parvient pas à accorder ses violons sur ces questions. Une seule alternative reste susceptible de réconcilier les tendances, c’est un dialogue politique franc, ouvert, libre et inclusif. C’est cette voie que vient de choisir le Chef de l’Etat, en décidant, samedi dernier dans une adresse à la nation, de convoquer le dialogue national. Joseph Kabila qui avait promis, dans son allocution de clôture des Concertations nationales, en fin septembre 2013, « de consulter désormais régulièrement les forces vives pour évaluer la marche des institutions de la République », est en train, ce faisant, de tenir l’une de ses promesses d’être toujours à l’écoute de son peuple dans le cadre d’une gestion participative des affaires nationales.

Le dialogue politique apparait aujourd’hui incontournable pour une sortie de crise honorable en RDC. Il demeure, jusqu’à preuve du contraire, la seule et ultime occasion de dégager un consensus national qui permette de poursuivre, dans la sérénité, la marche en avant de la République. Refuser qu’il se tienne serait renvoyer le pays plusieurs décennies en arrière et prendre le peuple en otage pour des intérêts inavoués.

Bernard Mata-Mokwaka Ngonzi/ACP