L’opposition a beau dénoncer le dialogue inclusif initié par le président Joseph Kabila, celui-ci a rempli les engagements souscrits dans l’accord-cadre d’Addis-Abeba et de la résolution 2098 pour la série des préalables politiques tant du programme électoral, des réformes économiques que du processus de désarmement des groupes armés
S’appuyant effectivement sur l’un et l’autre, le Chef de l’Etat a répondu, au travers des recommandations des Concertations nationales, aux six points définis dans l’engagement de la RDC et traités dans les cinq thématiques que sont, aux termes de l’article 10 de l’ordonnance n°13/078 du 26 juin 2013 portant création, organisation et fonctionnement de ce forum : « Gouvernance, démocratie et réformes institutionnelles », « Economie, secteur productif et finances publiques », « Désarmement, démobilisation, réintégration sociale et/ou rapatriement des groupes armés », « Conflits communautaires, paix et réconciliation nationale » et « Décentralisation et renforcement de l’autorité de l’Etat ».
Au demeurant, toutes les propositions faites par l’Opposition dans le cadre soit de la Cvd (Coalition pour le vrai dialogue), soit des Fpsua (Forces politiques et sociales pour l’unité de l’action) trouvent réponses dans ces recommandations. Sauf évidemment une…
Il s’agit, on s’en doute, de la proposition relative au contentieux électoral du 28 novembre 2011. Normal : elle ne figure ni dans l’Accord-cadre d’Addis-Abeba du 24 février 2013, ni dans la Résolution 2098 du 28 mars de la même année, et même pas dans la Résolution 2211 du 26 mars 2015, ultérieure aux Concertations nationales.
A ce propos, il y a lieu de relever que l’Opposition – qui avait fait dudit contentieux une question prioritaire – s’en éloigne progressivement, laissant l’Udps se battre seule. Et à l’Udps, on est conscient de l’impossible médiation onusienne si ce préalable est maintenu à l’ordre du jour du dialogue amorcé. L’Onu reconnaît les institutions issues des élections de novembre 2011.
Les protagonistes sérieux mettent d’ailleurs ce préalable dans la tactique de la surenchère inhérente à toute négociation politique, l’objectif étant d’obtenir mieux en retour. Ce mieux – reconnaissons-le courageusement – a peu de chance d’être une primature pour Etienne Tshisekedi (dans la perspective du partage du pouvoir), encore moins une présidence de la République en sa faveur (dans la perspective de l’échéance 2016), au motif simple de l’aggravation continue de son état de santé. Autrement, pour tordre le cou aux rumeurs, le directoire national de l’Udps relèverait le défi en organisant, par exemple, une vidéo-conférence du genre Apollinaire Malu-Malu.
Fuite en avant…
Pour revenir aux Concertations nationales, ceux qui soutiennent la thèse de leur échec se caressent en réalité dans le sens du poil. D’autant plus que si l’on joue carte sur table en mettant côte-à-côte les recommandations de ces assises et les propositions de l’Opposition ayant boycotté celles-ci, on se rend vite compte que les premières ont totalement absorbé les secondes. D’où, d’ailleurs, la chronique politique du 5 décembre 2014 intitulée « Dure vérité autour du Dialogue », « Plus de 99 % d’exigences de l’Opposition satisfaites ! ».
Le chapeau est formulé en ces termes : « Au moment où l’actualité politique se focalise, d’un côté, sur le rejet, par l’Unc de Vital Kamerhe, de tout dialogue avec la Majorité et la Société civile et, de l’autre, le contenu du discours sur l’état de la Nation qui sera prononcé par le Président de la République, force est de constater que toutes les revendications de l’Opposition se retrouvent dans les recommandations des Concertations nationales tenues en 2013, à l’exception de celle relative au « contentieux électoral de 2011 ». Mêlés, les cahiers des charges de l’Udps d’Etienne Tshisekedi et de l’Unc de Vital Kamerhe vont de la fin de la guerre à la remise du pays sur la voie de la démocratie… ».
C’est pour dire du dialogue, à placer sous la médiation onusienne, qu’il constatera que les préoccupations de la Communauté internationale exprimées dans l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et la Résolution 2098 qu’elles ont été, toutes alors, rencontrées aux Concertations nationales où elles ont obtenu la caution du Conseil de sécurité de l’Onu, présente à la cérémonie de clôture intervenue le 7 octobre 2013.
En d’autres mots, le Président Joseph Kabila a respecté les prescrits de l’un et de l’autre. Le seul grief qu’on peut lui faire – pour autant qu’il en soit vraiment un – est celui d’avoir amené les Congolais à s’approprier le dialogue.
Or, le Conseil de sécurité ne charge pas le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu et chef de la Monusco de la médiation de ces assises. Au point 14, il est clairement dit que l’organe suprême des Nations Unies « demande au Représentant spécial pour la République Démocratique du Congo de s’acquitter, au moyen de ses bons offices, des tâches suivantes : b) Promouvoir un dialogue politique transparent et sans exclusive entre toutes les parties prenantes congolaises en vue de favoriser la réconciliation et la démocratisation et encourager l’organisation des élections provinciales et locales crédibles et transparentes ». Il n’y est pas question de médiation genre Masire ou Niasse. Bien plus, si l’on doit s’en tenir strictement à la formulation de la phrase, le processus électoral visé concerne exclusivement les provinciales et les locales, et non la présidentielle et les législatives.
L’Opposition le sait
Dans cette logique, on peut déduire du rejet du dialogue par l’Opposition pro-Kamerhe (celle-là même qui réclamait autrefois à cor et à cri le « vrai dialogue ») qu’il s’agit ni plus ni moins que d’une fuite en avant.
Des ennemis partout
Le retour à la case départ étant inéluctable, la situation inter Udps se corsant en raison de l’état de santé de son président, et l’Udps ne voulant pas avoir à ses côtés l’Opposition institutionnelle, les premiers indices laissent croire que l’on s’achemine lentement, mais sûrement vers la recomposition de l’espace politique congolais, résultant d’une sélection naturelle à la Darwin. Avec la dynamique qui se crée, malheur à ceux qui se font des ennemis partout, notamment en s’auto-excluant d’un dialogue préconisé non pas par Joseph Kabila, mais par la Communauté internationale, consciente désormais de savoir qui est déterminée à la tourner en dérision dans l’opinion.
Les apparences sont parfois trompeuses…
Omer Nsongo die Lema/Forum des As