Tout en refusant l’ingérence extérieure : Joseph Kabila réaffirme le caractère irréversible du processus électoral en RDC

Du haut de la Tribune des Nations unies ce vendredi, le Président de la République démocratique du Congo a réaffirmé la volonté de son pays à organiser des scrutins crédibles, transparents et apaisés et appelle à un soutien « sincère des amis » de la RDC.
C’est sur le coup de 15h00, heure de Kinshasa, que le Chef de l’Etat a pris la parole sur la tribune de la 72ème session de l’Assemblée générale des Nations unies à New York.

Le président congolais a survolé les différentes questions de préoccupation mondiale. Mais aussi les questions relatives notamment à la sécurité et au processus électoral en République démocratique du Congo, à la lutte contre les violences sexuelles et à la mission onusienne en RDC.

Au sujet du processus électoral, Joseph Kabila a réaffirmé que le cap vers la tenue des élections est définitivement fixé. Sans oublier de prévenir, une nouvelle fois, contre toute ingérence extérieure dans un dossier qu’il a toujours classé dans le registre de la souveraineté de chaque pays.

« J’affirme que le cap vers les élections crédibles, transparentes et apaisées est définitivement fixé et que notre marche dans cette direction est irréversible. Le tout, sans ingérence extérieure ni diktat quelconque », a déclaré le Chef de l’Etat congolais.

Il reste, tout de même, ouvert aux soutiens au processus électoral, mais qui soient sincères. « Aux vrais amis de mon pays, je demande de soutenir sincèrement le processus électoral en cours », a-t-il précisé. Lui qui reconnait que « les défis en vue de l’organisation des élections dans le pays demeurent énormes, tant au plan logistique, financier, sécuritaire que normatif ».

Le Président de la République a loué le fait que plus de 42 millions d’électeurs, sur les 45 millions projetés, ont d’ores et déjà été enrôlés et laisse le soin à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de publier prochainement le calendrier électoral, après évaluation du processus avec le Conseil national de suivi de l’Accord et le gouvernement, conformément à l’Accord du 31 décembre 2016.

« La série d’évaluations du processus électoral entamée depuis une dizaine de jours par le Conseil National de Suivi, conjointement avec le Gouvernement et la Commission Electorale Nationale Indépendante, devrait permettre la publication prochaine par celle-ci, qui en est la seule institution compétente, du calendrier électoral », a précisé le Raïs. Ci-après l’intégralité de l’allocution du Chef de l’Etat.

Discours du Président de la République Joseph Kabila Kabange devant la tribune de l’ONU

Monsieur le Président de la Soixante-douzième session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies ;

Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies ;

Mesdames et messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernements ;

Mesdames et Messieurs ;

Monsieur le Président ;

Mes très vives et chaleureuses félicitations pour votre élection qui est une grande reconnaissance de votre brillante carrière de diplomate et un hommage à votre pays, la Slovaquie. Et je rends également hommage à Monsieur le Secrétaire général, Antonio Guterres, pour son leadership et ses efforts en faveur de renforcement et du rôle de notre Organisation durant cette première année de son mandat.

Le thème de la présente Session, « Priorité à l’être humain, paix et vie décente pour tous sur une planète préservée » répond aux préoccupations du moment dans la plupart des Etats membres de notre organisation. Je m’en réjouis car il s’inscrit dans la logique du développement durable. Et pour mon pays, la paix, la stabilité et l’amélioration des conditions de vie de nos populations constituent les priorités du Gouvernement.

Monsieur le Président, il y a 72 ans notre Organisation est née de l’ambition de refonder l’Etat sur la base du principe de l’égalité souveraine et de la volonté de garantir la paix et la prospérité pour tous. Cette ambition demeure pertinente et quotidiennement portée par l’engagement des femmes déterminées à la faire triompher par fois au périr de leur vie.

Face à la montée du terrorisme sous formes diverses, il est incontestable que le monde auquel nous aspirons ainsi dépend du traitement des questions de paix et de l’insécurité. Depuis une année, mon pays est victime d’attaques terroristes menées par certains groupes armés, notamment dans les provinces du Kasaï, voire la capitale, et dont l’objectif vise à anéantir la paix si chèrement acquise et contrarier la dynamique des solutions contractuelles obtenues au niveau national et de mener nos efforts au développement.

Dans le Kasaï, une milice mystico-tribale se servant de la population civile, dont les enfants comme boucliers humains, et s’attaquant aux personnes et édifices publics qui symbolisent l’autorité de l’Etat, a ainsi semé la terreur, procédant notamment à la décapitation d’agents de l’ordre, d’agents de la Commission électorale ainsi que des autorités administratives et coutumiers.

Et c’est dans ces circonstances que je déplore la barbarie dont les deux experts de notre Organisation ont été victimes en mars 2017. Notre détermination est de faire en sorte que la lumière sur les circonstances de ce crime soit clarifiée afin que cet acte ignoble ainsi que ceux commis par nos compatriotes ne restent pas impunis. C’est le sens des procès publics ouverts depuis plusieurs semaines après l’arrestation de la plupart des suspects, présumés coupables. C’est aussi le sens de la conférence sur la paix, la réconciliation et le développement, qui vient de se tenir en ayant pour objectif d’établir la vérité sur ce qui s’est réellement passé dans ces provinces du centre du pays, de promouvoir la réconciliation entre les fils et filles desdites provinces et d’affirmer notre conviction que toute réconciliation passe nécessairement par la justice et qu’il n’y a pas de paix véritable et durable sans justice. Mon pays reste ouvert à toute forme de collaboration à ce sujet.

Monsieur le Président, grâce à cette approche qui combine le rétablissement de l’autorité de l’Etat, le dialogue et la justice réparatrice, nous avons inversé la tendance dangereuse de la situation sécuritaire au centre du pays avec comme résultat, une amélioration très significative de la situation.

Dans la partie orientale du pays, les efforts méritoires fournis par les forces nationales de défense et de sécurité ont permis quant à eux de contenir les attaques terroristes du groupe ADF qui endeuillait quotidiennement nos populations. Nous sommes convaincus que l’initiative de coopération sous régionale entre mon pays, le Soudan du Sud et la République Centrafricaine, permettra tout autant d’endiguer la menace terroriste LRA.

Il faut considérer notre participation à ce dynamique comme la preuve de notre détermination dans le combat mené par la coalition contre cette menace.

S’agissant de la lutte contre les violences sexuelles, je me félicite des progrès remarquables manifestes enregistrés par le justice, qui a prononcé des centaines des décisions de condamnation au viol, n’épargnant aucun auteur de ce crime en vertu de sa position sociale ou dans la hiérarchie militaire, preuve de la fin de l’impunité dans ce domaine.

Monsieur le Président, deux ans après l’adoption de l’agenda 2030 des Nations Unies, il n’est pas trop tôt d’en évaluer la mise en œuvre.

En exécution de ces engagements, mon pays a tenu a prioriser dans l’élaboration comme dans la mise en œuvre, de son plan national de développement de dimensions environnementales, sociales et économiques du développement durable, plus spécifiquement en soutien au Programme d’action mondiale pour l’éducation, mon pays met l’accent sur l’élargissement de l’accès, l’équité, l’amélioration de la qualité et l’apprentissage et l’amélioration de la gouvernance dans le secteur.

D’ores et déjà, nous nous félicitons de l’accès à l’école pour la jeune fille dont le taux brut pour la scolarisation et passé en l’espace de dix ans, de 70% à près de 105 % et de la mise en œuvre du plan de construction des milliers d’écoles, sans omettre des profondes réformes engagées dans ce secteur.

Quant au changement climatique, il nous préoccupe au plus haut point, étant une menace pour l’homme et ses droits fondamentaux. Contribuer à en limiter l’impact est la traduction même du sens de responsabilité qui repose sur chacun de nos Etats.

Mon pays avec les autres pays du Bassin du Congo, qui constituent ensemble les deuxièmes réserves forestières mondiales sont outillés, à travers la Commission des forêts d’Afrique centrale, pour contribuer à l’amélioration de la qualité des vies sur notre planète.

Pour sa part, mon pays entend tenir tous ces engagements à commencer par la ratification en cours de l’Accord de Paris.

Monsieur le Président, à l’instar de la paix, la stabilité politique constitue pour nous un objectif constant de politique intégrée. Dans cette optique, depuis près d’une année, nous avons recouru au dialogue qui pour nous est un mode permanent de règlement des différends politiques. Que l’Union Africaine et nos organisations régionales auxquelles je rends hommage, trouve ici l’expression de notre reconnaissance pour leur accompagnement dans ce processus. Je salue également les efforts de toute la classe politique de mon pays qui dans la recherche d’un consensus global sur le processus électoral ont débouché sur l’Accord du 31 décembre 2016 ayant pour objectif ultime, l’organisation des élections.

L’exigence par toutes les parties prenantes d’un nouveau fichier électoral a donné lieu depuis plus d’une année à l’enrôlement des électeurs dont la dernière phase vient de commencer dans les deux dernières provinces au centre du pays.

Il y lieu de se féliciter Monsieur le Président du fait que tous les 42 millions d’électeurs sur 45 millions projetés, ont d’ores et déjà été enrôlés.

Aussi la série d’évaluation du processus électoral entamé depuis une dizaine des jours par le Conseil national de suivi conjointement avec le gouvernement et la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) devrait permettre la publication prochaine par celle-ci qui en est la seule institution compétente du calendrier électoral.

En dépit de ces avancées, les défis en vue de l’organisation des élections dans mon pays demeurent énormes, tant au plan logistique, financier et normatif. Nous y faisons donc face avec humilité mais aussi avec une indéniable ténacité.

Vu toutes ces avancées, j’affirme que le cap vers des élections crédibles transparentes et apaisées est définitivement fixé. Et que notre marche dans cette direction est irréversible. Le tout sans ingérence extérieure ni diktat quelconque.

Aux vrais amis de mon pays, je demande de soutenir sincèrement le processus électoral en cours.

Monsieur le Président, la charte des Nations Unies nous impose les obligations dont le respect conditionne l’émergence d’un monde meilleur. C’est la raison pour laquelle, la République démocratique du Congo maintient le dialogue stratégique avec les Nations Unies sur l’avenir de la Monusco.

Conformément à la résolution pertinente du Conseil de sécurité des Nations Unies. Cette revue stratégique devra déterminer le rythme de réduction des forces de la Monusco jusqu’à son retrait total.

Il est clair qu’après 20 ans, après son déploiement, la force onusienne ne peut nourrir l’ambition de rester indéfiniment dans mon pays, ni y exercer son mandat avec le même format et sans tirer les leçons de faiblesse constaté. Ce qui nous importe et qui devait être important aux yeux de tous c’est la crédibilité de notre organisation et l’efficacité effective de la force des troupes onusiennes sur le terrain.

Voilà pourquoi depuis plusieurs années, nous exigeons le redimensionnement de la force de la Monusco au regard des missions devenues dynamiques et la réorientation du pays est ainsi dégagée vers la satisfaction de nos besoins de développement.

En ce domaine comme en d’autres, nous n’entendons pas transiger avec le respect dû à la souveraineté de la République démocratique du Congo telle que garantie par la charte de notre organisation.

Monsieur le Président, pour terminer, je voulais croire que tous ceux qui placent leurs espoirs dans les Nations Unies et mon pays en fait partie, aurons à cœur de s’investir pleinement dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable ainsi que dans la réforme tant attendue de notre organisation.

Je souhaite plein succès à nos travaux et vous remercie pour votre attention.

C. Lutete/S. Nsimba et R. Okeseleke/MMC