Une vingtaine de membres du « Baraza baba badirika » (les Pères appelés au changement ndlr) du quartier Mugunga, dans la commune de Goma, expérimentent la gestion collégiale du foyer avec leurs femmes dans les perspectives d’intégrer cette nouvelle manière de gestion financière au sein de leurs foyers pour la réalisation de grands projets.
« Comme bénéfice du fait d’être membre de ce groupe, c’est la nouvelle maison en matériaux durable que je viens de construire », se réjouit Muhindo Abdoul, membre du Baraza Baba badirika. Un groupe d’hommes engagé, créé à l’issue d’une série de formations sur la paternité positive assurée par l’organisation Congo men’s network (Comen) dans le quartier Mugunga, un des quartiers périphériques de la ville de Goma.
Chaque mercredi matin, cette vingtaine d’hommes sensibilisés se rencontrent pour échanger les expériences pour qu’ils restent et demeurent des pères exemplaires et modèles non seulement pour leurs foyers mais surtout pour leur environnement. Ce groupe s’est assigné pour objectif la formation d’autres hommes surtout dans les villages. « Là-bas, la plupart des hommes continuent à faire souffrir leurs femmes et leurs enfants », s’est inquiétée Mme Zawadi auprès de l’organisation Congo men’s network (Comen) et d’autres organisations travaillant sur la thématique « paternité positive ».
Pour elle le changement de son mari a aidé d’autres maris aussi à changer leur manière de faire en constatant les biens nouvellement acquis en famille.
Mbuzakongila Moussa, pygmée de son état, un autre membre du groupe a insisté sur le maintien de cette structure car chacun doit avoir une expérience de son changement à partager. « Ma femme était vraiment mon panier de boxe. Mes amis pygmées savaient que j’étais le maitre et que je ne résolvais mes problèmes qu’avec les coups. Maintenant avec les formations, je ne pense même plus à taper ma femme. Avec le recul, j’ai compris que souvent, je la bâtais pour mes fautes à moi et non pour les siennes. Je ne saurai jamais m’excuser assez pour le mal que je lui ai fait à elle et aux enfants suite à mon irresponsabilité »
Le groupe Baba badirika se réunit chaque mercredi entre 06h et 8h pour évaluer le progrès et le changement individuel explique Ruhiza Innocent un autre membre du groupe. « Nous nous réunissons pour des mutuels. Essayer de capitaliser les acquis de notre appartenance à ce groupe et le changement. Nous exposons aussi nos difficultés par rapport à certains comportements à adopter et les autres qui ont déjà réussi et nous donne des astuces pour bien évoluer », a-t-il soutenu avant d’indiquer que l’évolution a largement contribué à un changement positif. Pour lui, il s’agit aussi d’une occasion pour échanger autour des comportements anodins anciennement adoptés sans savoir qu’il s’agissait des violences.
Pour Hubert Masirika, chargé du projet conjoint de prévention et réponses coordonnées de lutte contre les violences sexuelles en République démocratique du Congo chez Comen, ce groupe constitue un moyen pour les pères de famille et autres hommes de s’engager dans la lutte contre ce fléau et aussi sur les violences conjugales que la plupart ignorait. Il ajoute que sa structure a créé plus de quatre-vingt-dix groupes des pères responsables à travers la province du Nord-Kivu.
Après des séances de sensibilisation et d’encadrement d’hommes engagés dans la lutte contre les violences sexuelles et celles basées sur le genre, certains pères de famille disent avoir changé positivement.
Il sied de rappeler que Comen a formé ces pères de familles de même que des garçons dans le cadre du projet conjoint de prévention et réponses coordonnées de lutte contre les violences sexuelles en République démocratique du Congo avec un financement de Onu/femmes et ses partenaires.
ACP/Luyelo/kms