Fin de la visite officielle du Président Tshisekedi en Belgique (Synthèse)

Le Président de la République Démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a quitté Bruxelles le week-end, au terme d’une visite officielle et du travail en Belgique, du 16 au19 septembre. Il s’est rendu à New York pour participer à la 74ème Assemblée générale des Nations unies ainsi  qu’au sommet mondial sur le climat.

La visite du Président Tshisekedi en Belgique est la première qu’il a consacrée à l’Europe depuis son accession au pouvoir en janvier dernier, et aussi la première d’un Chef d’Etat congolais  dans ce pays depuis douze ans.

La curiosité et l’intérêt qu’a suscités ce déplacement ont été d’autant plus grands qu’il a permis de renouer des liens distendus depuis quelques années entre la RDC et la Belgique. Le nouveau Chef de l’Etat congolais est un Belgicain, terme qui désigne les Congolais résidant ou ayant vécu dans ce pays.

La visite du Président Tshisekedi avait deux objectifs à savoir politico-diplomatique et économique et sceller la normalisation des relations entre les deux pays, rassurer les opérateurs économiques belges quant à la disponibilité de la RDC de les accueillir.

Sceller la normalisation des relations bilatérales

Sur le plan politique et diplomatique, le Président congolais a eu des entretiens avec le Premier ministre belge  Charles Michel et d’autres membres du gouvernement fédéral. En compagnie de son épouse, Mme Denise Nyakeru, il a été également reçu au Palais royal par le Roi Philippe et la Reine Mathilde.

La visite de M. Tshisekedi a surtout été marquée par la signature, le 17 septembre, de  trois mémorandums, d’entente  par la ministre congolaise des Affaires étrangères, Mme Marie Tumba Nzeza, son homologue belge, M. Didier Reynders (libéral francophone) et le ministre belge des Finances et de la Coopération au développement, Alexander De Croo (libéral flamand).

Le premier mémorandum porte sur la tenue régulière des  consultations politiques bilatérales. Outre la remise en place d’ambassadeurs dans les deux pays, le document porte notamment sur la réouverture des consulats généraux belges à Lubumbashi et congolais à Anvers. Il prévoit aussi un appui à l’Ecole nationale de l’administration (ENA) de Kinshasa ainsi que la formation des diplomates congolais.

Le deuxième document concerne la poursuite de la coopération au développement belge en RDC et la consolidation des programmes en cours d’exécution, accompagnés d’un programme de transition. Le troisième mémorandum porte sur la relance de la coopération financière ainsi que sur la reprise de la coopération entre les Banques centrales des deux pays.

Au cours de sa visite officielle, le Président Tshisekedi  a déposé, le mardi 17 septembre, une gerbe de fleurs au tombeau du Soldat inconnu à Bruxelles et ravivé la flamme brûlant devant la colonne du Congrès, rendant ainsi hommage aux victimes des deux guerres mondiales et aux militaires décédés en mission de maintien de la paix.

Le Chef de l’Etat a également rencontré plusieurs leaders politiques belges, dont MM. Elio di Rupo, président du Parti socialiste et ministre-président de la Wallonie, Bart De Wever, bourgmestre d’Anvers et président de la Nouvelle alliance flamande (NVA), Wouter Beke, président de  Sociaux-démocrates flamands. Sur le plan européen, outre le Premier ministre belge Charles Michel, prochain président du Conseil européen, le Président Tshisekedi s’est entretenu avec M. Jean-Claude Juncker, actuel président de la Commission européenne.

Rassurer les opérateurs économiques

Affichant sa volonté d’entamer une « ère nouvelle de développement » de la RDC, le Chef de l’Etat a appelé les entrepreneurs belges à accompagner l’émergence du Congo.

Lors d’un discours devant plus de 150 hommes d’affaires belges et congolais réunis à l’invitation de la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB), il a énuméré les actions envisagées : combler le déficit en infrastructures, développer les énergies renouvelables (solaire et hydro-électrique) et l’agriculture en sortant du « tout aux mines », favoriser les secteurs de la santé, de l’enseignement et de la formation professionnelle.

  1. Tshisekedi a également annoncé la création prochaine d’une agence de lutte contre la corruption disposant de « pouvoirs beaucoup plus larges » que ceux de son actuel conseiller spécial en la matière, « afin d’endiguer toutes les fraudes qui font que 80% des recettes échappent au Trésor» public.

« Nous sommes entrés dans une ère nouvelle de développement, qui passe par la paix et la sécurité. Le Congo d’aujourd’hui est un Congo qui se veut émergent, performant », a-t-il expliqué, en sollicitant  l’accompagnement de la Belgique.

« Dites-vous bien qu’en restant de côté, vous ratez aussi des opportunités », a lancé le Président aux opérateurs économiques belges, qui souhaitent pour leur part davantage de sécurité juridique, comme l’a rappelé le président de la FEB, M. Bernard Gilliot.

Par ailleurs, l’intérêt porté à l’agriculture a conduit le Président de la République à visiter le Centre Terra de l’Université de Liège à Gembloux. TERRA Teaching and Research Center est un centre unique en Belgique dédié à l’agriculture de demain, aux innovations et aux produits qui en résultent. Intégré à la Faculté de Gembloux Agro-Bio Tech de l’ULiège, TERRA est une unité de recherche et d’enseignement qui étudie et développe l’ingénierie biologique dans les domaines de l’agroalimentaire, de l’agriculture, de la biotechnologie, de l’environnement et de la foresterie.

Le Chef de l’Etat s’est aussi rendu à Anvers, à l’invitation des  responsables du port d’Anvers et du secteur diamantaire. Mercredi 18 septembre, il a rencontré à Bruxelles près de quatre mille membres de la communauté congolaise qui lui ont réservé un accueil délirant. ACP/Kayu/Mpk