Nord-Kivu : Quarante militaires et policiers outillés sur protocole de Maputo par l’ONG Ipas.

Le commandant la 34ème Région militaire, le général de brigade Gislain Tshinkobo a clôturé ce vendredi 13 aout, à l’hôtel Serena de Goma, les travaux de l’atelier de formation portant sur la vulgarisation du protocole de Maputo, organisé par l’ONG Ipas à l’intention de quarante militaires et policiers en l’occurrence des éléments des Forces armées de la RDC et ceux de la Police nationale congolaise.

Dans son allocution de clôture, cet Officier supérieur a souhaité voire dans l’avenir le service d’avortement sécurisé de la femme être exécuté avec soins dans les structures médicales tenues par la PNC et celles de militaires à Goma et sur l’ensemble de la zone sous son commandant. 

« Vous avez planté et vous allez un jour récolter, ce que vous venez de semer », a conclu le général de brigade Gislain Tshinkobo qui a salué la tenue à Goma de travaux de cet atelier, en état de siège, moment crucial où les droits de l’homme doivent être scrupuleusement respectés. Il rappelé l’état de siège n’est pas venu faire table rase du passé mais plutôt restaurer et renforcer l’autorité de l’Etat à tous les niveaux.

Selon Dr Mike Mpoyi, ces assises organisées par l’ONG Ipas, grâce à l’appui financier de l’Ambassade de la Suède à Kinshasa, visaient le renforcement des connaissances des policiers et militaires autour de la santé de la reproduction et l’accès à l’avortement sécurisé pour la femme. C’était non seulement une occasion d’apporter une clarification des valeurs et transformation des attitudes face à l’avortement mais aussi montrer l’ampleur d’une grossesse non désirée dans la RDC, des avortements avec leurs complications sur la santé de la femme et de la jeune fille.

Tout sur le protocole de Maputo

Le protocole de Maputo, au Mozambique à son article 14, 2C, autorise l’accès à l’avortement sécurisé pour la femme dans les circonstances de viol, d’agression sexuelle, inceste, quand la grossesse met en danger la santé de la femme et de la jeune fille, et quand le fœtus n’est pas viable ou présentant une malformation, dans ces conditions, la femme peut bénéficier de l’avortement sécurisé dans une structure sanitaire, a ajouté la source.

La mortalité étant trop élevée en RDC, soit 846 décès maternels sur 100.000 naissances ; de ces décès, l’avortement représente seul, 17%.  C’est pourquoi, il est impératif à la RDC pour réduire la mortalité de recourir à l’avortement sécurisé, a souligné Dr Mpoyi.

Dans les pays africains dont la RDC, avait-il poursuivi, 95% d’avortements sont à risque. Six grossesses sur dix sont de surcroit non désirées. Par rapport à cette évidence, la RDC a pris des engagements vis-à-vis des objectifs du développement durable, de ramener si pas rabattre ces décès maternels à 70% pour 100.000 naissances.

Il ressort que l’avortement, définit comme l’interruption du processus de gestation avant l’âge de viabilité, est une question de santé publique mais également de droit de la femme, a fait savoir, Dr Mpoyi.

La République Démocratique du Congo était jadis considérée comme la capitale mondiale du viol. Beaucoup de violences sont documentées dans les zones des conflits récurrents, conduisant à des grossesses non désirées et pour s’en débarrasser, la plupart de victimes de cette barbarie humaine, optèrent pour un avortement non sécurisé, a révélé la source. 

La RDC est un pays qui avait un cadre légal restrictif par rapport à l’avortement. Quoi que cela, le pays est accusé d’un taux d’avortement parmi les plus élevés de l’Afrique. Une étude comparative faite entre les pays où l’avortement est autorisé sous demande de la femme et des pays criminalisé, il ressort qu’il y a beaucoup d’avortements élevés dans les pays criminalisant l’avortement, de même que pour la mortalité maternelle, a souligné la source.

Le protocole de Maputo, ratifié par la RDC en 2008 sous le régime du Président Joseph Kabila Kabange, et avec sa publication au journal officiel, une frange des besoins de la femme pour un avortement sécurisé, trouve réponse. Dans cette optique, le ministère de la santé a publié des normes directives sur les soins complets de l’avortement centré sur la femme, qui au jour d’aujourd’hui donne les capacités techniques pour les prestataires des soins pour l’offre de service de l’avortement, a conclu Dr Mpoyi.

Au cours de ces assises, les participants ont suivi aussi des exposés sur la violence sexuelle et sur le trouble mental, Dr le lieutenant José Nganga Mutinga, l’un des mentors de l’Ipas.

Ils ont également su à travers les diapositives le fonctionnement du centre de santé militaire « Matadi Mayo », une œuvre de l’Ipas et un aperçu sur Makoki ya Mwasi, qui est un focus sur les droits de la femme et son environnement en vue d’inciter les autorités à prendre des décisions en faveur de la femme et son environnement, pour une société égalitaire, a dit Dr Jean Claude de l’ONG Ipas. ACP/NK/BABUNGA/KMS